Virginie Calmels et Laurent Wauquiez : le clash. Déjà… et enfin !
Est-ce LA clarification ? La décisive, celle qui fera enfin exploser ce parti LR qui, depuis des décennies, maintient artificiellement des lignes, des valeurs et des personnalités que tout oppose ? Sur l'Europe, la nation, l'immigration, l'islamisation, les valeurs, la modernité, la mondialisation, l'Europe. Il faudrait le souhaiter, pour les deux, en fait. Et pour la clarification du débat politique en France.
Après le tract de la discorde, un tract à coloration identitaire qui aurait pu être celui du RN ou de DLF, Virginie Calmels a donc décidé de mettre les pieds dans le plat, dans une interview au Parisien. La numéro 2 du parti étrille, sur le fond et sur la forme, son président :
Depuis son élection, il démontre au fur et à mesure des jours qui passent qu'il semble être uniquement là pour défendre sa propre ligne. [...] La page 2 [du fameux tract], sur le risque terroriste, les immigrés, la délinquance... C'est exactement la rhétorique de ceux qui jouent sur les peurs pour se faire élire. [...] On ne peut pas réduire les problèmes de la France à ces seules questions.
Bien sûr, Virginie Calmels doit avoir ses arrière-pensées. Ce n'est pas par conviction que l'on quitte son mentor Alain Juppé, à l'automne 2017, pour devenir la seconde du très droitier Laurent Wauquiez, qui avait affiché la couleur et n'avait pas pris la dame en traître. Cette fois-ci, la valeur Wauquiez se démonétisant dans les sondages, elle doit viser encore mieux pour sa carrière. On dit que Mme Calmels n'aurait pas apprécié de ne pas être choisie comme tête de liste pour les élections européennes. Au moins, avec ce nouveau tango, elle met ses ambitions en accord avec ses convictions : c'est toujours mieux, pour garder l'équilibre. Et un peu de crédibilité. Il ne lui restera plus qu'à intégrer, avec les derniers centristes du parti, l'un des groupuscules de centre droit ralliés à Emmanuel Macron. Elle a l'embarras du choix : UDI, Agir, Les Constructifs, etc. En fait, je la verrais bien entrer directement dans un nouveau gouvernement Macron.
Mais désormais, on attend la réaction de Laurent Wauquiez. C'est, pour lui aussi, l'occasion de clarifier. Et de rebondir car, à 8 %, c'est la seule perspective qui lui reste. S'il revient dans le petit jeu des replâtrages en allant chercher une énième NKM ou Calmels bobo-centriste, il poursuivra, peut-être plus lentement, mais toujours aussi sûrement, sa descente aux enfers et celle de son parti. Mais l'occasion lui est donnée de frapper un grand coup, de larguer vraiment les amarres centristes et de gagner lui aussi en cohérence. Avec, peut-être, une traversée du désert et un parti réduit à la clef. Mais aussi le soutien net d'une base militante et d'un noyau dur de jeunes élus, ceux-là mêmes sur qui Mme Calmels déverse aujourd'hui son dédain. Or, c'est dans ces circonstances que l'on juge les tempéraments et la force des convictions. Au moment où les choses bougent à droite, Laurent Wauquiez aurait tort de ne pas bouger lui aussi. Surtout sur l'affaire d'un tract intitulé "Pour que la France reste la France". Il y a eu plus dérisoire comme casus belli.
PS : Nous avons appris dans la soirée de dimanche, quelques heures après la publication de notre texte, l'éviction de Virginie Calmels, remplacée par Jean Leonetti. Visiblement, Laurent Wauquiez a réagi. Et clarifié.
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