Viol antisémite à Courbevoie : « résiduel », l’antisémitisme ?

Mélenchon

Un viol sordide, barbare et à caractère antisémite qui implique de très jeunes mineurs. Ce 15 juin, dans l’après-midi, une fillette de 12 ans a vécu un enfer. Alors qu’elle se promenait dans un square de son quartier avec un ami, la petite fille a été interpellée par trois adolescents, dont son ex-petit ami, qui l’auraient entrainée vers un hangar désaffecté. Là, ses agresseurs lui auraient porté des coups et l’auraient insultée en raison de sa religion. La fillette aurait ensuite subi plusieurs pénétrations. Avant de la lâcher, les trois agresseurs présumés l’aurait à nouveau menacée et tenté de lui extorquer 200 euros. De retour chez ses parents, la fillette s’est rendue au commissariat pour porter plainte. Rapidement, les trois adolescents présumés, âgés de 12 et 13 ans, ont été retrouvés, auditionnés et présentés à un juge, ce 18 juin. L’un des auteurs présumés aurait confié, rapporte Le Parisien, avoir frappé la fillette au prétexte qu’elle aurait eu de mauvaises paroles contre la Palestine.

Deux d’entre eux ont été mis en examen pour « viol aggravé (en réunion, sur mineur de 15 ans et en présence de mineurs), agression sexuelle en réunion, tentative d’extorsion, violences commises en réunion, sur mineur de 15 ans et à raison de la religion, atteinte à l’intimité de la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l’image d’une personne présentant un caractère sexuel, menace de mort réitérée, injure à raison de la religion ». Le dernier est mis en examen pour les mêmes infractions, à l’exception du viol auquel il n’aurait pas participé. Il a été placé sous le statut de témoin assisté pour les faits de viols. Les deux mineurs, âgés de 13 ans, ont été placés en détention provisoire. Celui de 12 ans fait l’objet d’une mesure éducative. Le caractère antisémite du viol a, par ailleurs, été retenu par le parquet.

 

Explosion de l'antisémitisme

 

Ce terrible viol est malheureusement une énième illustration de l’explosion de l’antisémitisme en France, notamment depuis le 7 octobre. Du Rassemblement national à La France insoumise, les responsables politiques ont tous condamné cette horrible agression. Jean-Luc Mélenchon s’est ainsi dit « horrifié » par ce viol et « tout ce qu'il met en lumière concernant le conditionnement des comportements masculins criminels dès le jeune âge, et du racisme antisémite ». Le leader de La France insoumise termine son message en adressant « sa solidarité » et ses « pensées émues » à la victime. À sa suite, de nombreux élus insoumis ont alors à leur tour apporté leur soutien à la fillette. « Absolument horrifiée par le calvaire imposé à cette jeune fille violée à Courbevoie, commente Mathilde Panot, un viol punitif avec motif antisémite est un crime d'une rare gravité. » Et Rachel Keke, députée insoumise sortante du Val-de-Marne qui a récemment brandi le drapeau palestinien dans l’Hémicycle, ajoute : « J’ai le cœur brisé face à cette horreur absolue. Ce viol exprime une violence et un antisémitisme qu’il nous faut combattre sans relâche. » Sous ces publications, de nombreux internautes ne manquent alors pas de souligner le décalage entre ces déclarations et les prises de position récentes de certains des membres de La France insoumise. D'autres membres du parti de Jean-Luc Mélenchon ont, à ce jour, préféré garder le silence, tels Rima Hassan ou David Guiraud.

Quoi qu'il en soit, on peut s'interroger sur le rôle que La France insoumise a pu jouer dans l’installation d’un « antisémitisme d’atmosphère », pour reprendre la formule de Gilles Kepel. « La stigmatisation des juifs depuis des mois par l’extrême gauche à travers l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien est une véritable menace pour la paix civile. Chacun devra en avoir pleinement conscience les 30 juin et 7 juillet », commente ainsi Marine Le Pen. Un sentiment partagé par Éric Ciotti selon qui « la montée de l’antisémitisme dans notre pays [est] alimentée par l’alliance de l’extrême gauche ». Et maître Gilles-William Goldnadel d’ajouter, à propos de la déclaration de Jean-Luc Mélenchon : « Tartuffe qui expliquait, il y a trois jours, que l’antisémitisme était "résiduel". »

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Clémence de Longraye
Journaliste à BV

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