Vieillissement de la France : comment faire face ?

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La pandémie a tué 100.000 personnes, en France. En outre, les naissances ont diminué de 7 % en décembre 2020, de 13 % en janvier 2021 et de 5 % en février 2021, conséquence de l’insécurité économique engendrée par le premier confinement. En effet, pour faire des enfants, il faut avoir un minimum de confiance en l’avenir.

Une telle chute de natalité ne s’était pas vue depuis le choc pétrolier de 1974. Cette baisse des naissances n’est peut-être pas destinée à durer, le taux de fécondité a des chances de se maintenir autour de 2, chiffre exceptionnel en Europe, et peut-être même y aura-t-il un rattrapage, mais il n’en sera pas de même pour les retraités.

En 1945, on comptait 11 % de personnes âgées de plus de 60 ans, contre 20 % en 2020. D’autre part, la crise sanitaire a accentué le poids des retraites dans l’économie : 14 % du PIB en 2019, contre 15,2 % en 2021. 14 % était considéré comme un maximum difficilement supportable, un des plus hauts de l’OCDE ; or, il a été dépassé du fait de l’effondrement de 8,2 % du PIB tandis que le montant des pensions était maintenu. Le besoin de financement des retraites explose : le déficit était de 1,9 milliard en 2019 (guère inquiétant), contre 25,4 milliards en 2020 (un trou énorme). En étant cynique, que le Covid-19 ait tué 50.000 retraités et supprimé leurs pensions n’a eu qu’un faible effet sur les comptes.

Bien sûr, le PIB va en théorie rebondir, mais ce qui est perdu restera en grande partie perdu. Le PIB de 2030 sera, en moyenne, de 2 % moins élevé de ce qu’il aurait été sans Covid-19, d’où une persistance du déficit. Selon des projections tenant compte de l’espérance de vie, on va passer d’un retraité pour 1,7 actif, en 2020, à un retraité pour 1,3 actif en 2070, rendant le poids des retraites difficilement supportable. Monsieur Le Maire, le ministre de l'Économie, milite pour une réforme des retraites qui majorerait le poids du travail et repousserait la retraite à 65 ans.

Il s’appuie sur une statistique de l’OCDE : sur un cycle de vie, un Français travaille 634,8 heures par an, contre 715,8 heures pour un autre Européen et 1.048 pour un Coréen. Outre l’âge de la retraite effective qui est un des plus bas de l’OCDE, les jeunes Français de 15 à 24 ans ont un taux d’emploi de 30,5 %, contre 42 % dans l’OCDE, et la qualification professionnelle de nos compatriotes est plus faible qu’à l’étranger, conséquence sans doute de notre système éducatif, un des pires de l’OCDE, et de l’agitation permanente dans nos collèges et lycées.

Il convient donc de mener de profondes réformes : d’abord rétablir l’ordre dans l’éducation, ensuite reconstituer le tissu industriel qui fait tant défaut à la France. Cela fait dix ans que notre balance commerciale est déficitaire d’une soixantaine de milliards, une singularité en Europe. Nous importons plus que nous n’exportons.

Un pays comme le Japon, où la population diminue, est plus impacté que nous par la crise démographique. Mais il maîtrise les problèmes économiques qui en découlent d’une manière assez dure : on attend parfois jusqu’à 75 ans pour prendre sa retraite ! Les pensions sont faibles. Mais, surtout, le tissu industriel du Japon est dense avec un haut niveau de qualification et sa balance commerciale connaît des excédents record qui nous font tant défaut.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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