Venezuela : le piège de Nicolás Maduro s’est refermé sur l’opposition
Ce que les plus pessimistes opposants prévoyaient est arrivé dans la nuit de dimanche à lundi : l’infernal piège de Nicolás Maduro, piètre dirigeant mais fin manœuvrier, s’est refermé sur l’opposition, largement défaite lors des élections régionales.
Alors que des pseudo-négociations entre le gouvernement et des représentants de la MUD, la coalition de l’opposition, s’enlisaient en République dominicaine, la date des élections régionales, initialement prévues à l’automne 2016, était d’abord reportée sine die par le Conseil national électoral (CNE) présidé par la cháviste Tibisay Lucena pour finalement être reportée au 10 décembre. Mais la nouvelle Assemblée constituante la fixait définitivement au 15 octobre !
Dès l’annonce de cette nouvelle date, le CNE décidait, "compte tenu du nouveau calendrier et du manque de temps pour l’organisation de ces élections", que seuls les gouverneurs des différents États seraient renouvelés en octobre. L’élection des députés des Parlements régionaux serait, elle, organisée plus tard… Une nouvelle manipulation de Maduro car, même grand vainqueur de ces élections régionales, l’opposition aurait été confrontée à des majorités hostiles (20 des 23 États sont aux mains du PSUV, le parti de Maduro). D’autant qu’un des proches du président vénézuélien, Diosdado Cabello, membre de l’Assemblée constituante, annonçait que les candidats aux élections régionales devraient présenter "une charte de bonne conduite émise par la Constituante" ! Un nouveau piège pour la MUD qui, dans un premier temps, a hésité sur sa volonté ou non à participer à ces élections et qui ensuite, faute d’accords sur le nom de ses candidats aux postes de gouverneur, a organisé dans la précipitation des primaires...
La suite fait partie des arrangements de la démocratie à la mode cháviste : bureaux de vote déplacés à la dernière minute, mobilisation musclée des fonctionnaires et des membres du PSUV, maintien sur les bulletins de vote des noms des candidats d’opposition éliminés lors des primaires, refus d’un contrôle électoral par des observateurs indépendants... Ce que dénonçait en vain, dès la semaine dernière, le député Tomás Guanipa, secrétaire général de Primero Justicia, un des partis membres de la coalition du MUD.
La faible participation (61,14 %) d’une population désabusée et en proie à des problèmes quotidiens a fait le reste. Le pouvoir aurait donc gagné 17 des 23 États du Venezuela et l’opposition seulement 5, alors qu’elle espérait, selon les sondages, en obtenir une quinzaine !
C’est une désillusion énorme qui démontre la fragilité de cette coalition qui, ces dernières semaines, a trop hésité sur la conduite à tenir, entre négociations à l’issue incertaine et manifestations violentes. Faut-il redouter une nouvelle flambée de violence alors que l’opposition conteste le résultat de ces élections ?
Nicolás Maduro sort grand vainqueur de cet épisode électoral. Quant au peuple vénézuélien, les prévisions du FMI pour 2017 (inflation à 650 %, contraction notable du PIB) lui laissent peu d’espoirs d’amélioration...
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