Valérie Pécresse, de la France d’en haut, refuse de débattre avec les candidats de celle d’en bas n’ayant pas encore leurs 500 signatures…
Valérie Pécresse se cherche, mais peine à se trouver. Cherche à se démarquer d’Éric Zemmour tout en tentant de capter les voix ayant permis à Éric Ciotti de sortir vainqueur du premier tour de la primaire des Républicains. Bref, cherche à exister.
Le polémiste se rend en Arménie ? Elle s’y rend à son tour, se vantant même d’être reçue par ceux qui avaient justement refusé, lui, de le recevoir : le président arménien et son ministre des Affaires étrangères. Amour soudain des chrétiens d’Orient ? Peut-être. Mais, tel que noté par le journaliste Julien Neny, qui l’accompagnait pour France Télévisions : « L’idée est d’envoyer un message aux 400.000 électeurs français d’origine arménienne et aux électeurs catholiques de France, juste avant les fêtes de Noël. »
Il est vrai que François Fillon s’intéressait de longue date à ces mêmes chrétiens ; mais, disons que ce qui semblait chez lui naturel paraît un peu forcé pour la candidate LR, aujourd’hui plus qu’empressée de faire assaut d’ostentation religieuse, comme s’il ne s’agissait que d’une pénible formalité à expédier au plus vite. D’où cette tribune publiée dans Le Figaro, ce 22 décembre, dans laquelle elle exalte « les racines chrétiennes de l’Europe » ; racines que, par ailleurs, Jacques Chirac avait officiellement refusé de reconnaître, ce qui n’avait alors pas troublé cette chiraquienne revendiquée. Mieux : elle entend redonner au « peuple de France son droit à s’aimer ». C’est bien aimable de sa part, mais nombreux sont les Français qui ne l’ont pas attendue pour ça.
Puis, les trompettes, les flonflons, l’encens et le vin de messe : « L’Europe est d’abord une civilisation avant d’être une construction, une culture commune avant d’être un marché commun. » Si souvent berné, l’électorat catholique se laissera-t-il flouer une fois encore ? À croire qu’il aime ça.
En attendant, des « valeurs chrétiennes » par Valérie Pécresse soudainement mises au pinacle à la plus élémentaire des charités chrétiennes, il y a un pas que cette dernière refuse manifestement de franchir, n’acceptant pas de débattre avec les candidats n’ayant pas encore les cinq cents signatures nécessaires : Marine Le Pen, Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon. Et son entourage, cité par Valeurs actuelles le 22 décembre, de confesser : « Nous n’avons pas vocation à servir de marchepied aux candidats en recherche d’un souffle, ni à intervenir dans la primaire sauvage actuelle entre Marine Le Pen et Éric Zemmour. »
Si l’on résume, il y aurait donc les candidats de la haute société et les représentants des gueux. Mais dans son insubmersible mépris, cette dame oublie deux petits détails : en 2017, Marine Le Pen a disputé un second tour face à Emmanuel Macron, tandis qu’il s’en est fallu de peu pour qu’un Jean-Luc Mélenchon ne fasse de même. Pendant ce temps, Valérie Pécresse avait lâché son champion, l’infortuné François Fillon. Pis, elle en néglige même un troisième : ceux de ses militants qui ont voté pour Éric Ciotti pourraient bien ne pas goûter cette arrogance de classe, eux qui ne se battent pas forcément pour les objectifs que poursuit Valérie Pécresse. Devenir le prochain Premier ministre d’Emmanuel Macron, par exemple…
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