Tribune dans Le Monde au sujet des enfants nés par GPA à l’étranger : mensonges et manipulations

C’est aujourd’hui que s’ouvrent les États généraux de la bioéthique, sorte de grande consultation citoyenne destinée à recueillir l’avis des Français sur des sujets tels que l’ouverture de la PMA pour les femmes seules ou en couple de femmes, la fin de vie et le don d’organes. À la clé, la fameuse révision de la loi bioéthique qui sera débattue par le Parlement à la fin de l’année.

Belle occasion, pour les partisans du « droit à l’enfant pour tous à n’importe quel prix », de se faire entendre pour accélérer le mouvement de décomposition de la famille traditionnelle.

Quitte à utiliser les plus gros des mensonges, comme ce fut le cas hier avec cette tribune dans Le Monde destinée à attirer l’attention sur la gestation pour autrui, soi-disant grande absente des débats.

La première de ces manipulations consiste à nous laisser penser que la question de la GPA est abandonnée ; qui peut être assez idiot pour croire qu’après avoir accordé aux femmes seules ou vivant entre elles le droit de se faire fabriquer un enfant en se passant d’un homme (PMA), le législateur refusera le même « privilège » à des hommes sans femmes ?

Deuxième mensonge : une vieille ficelle, celle-là, qui consiste à nous faire croire que les enfants nés par GPA à l’étranger sont ignorés par le droit français. Ou comment faire ressurgir les « petits fantômes de la République » chers au cœur de madame Taubira.

Pas plus fantômes que les autres, ces enfants ont bel et bien une existence juridique en France grâce à leur acte de naissance établi à l’étranger comme n’importe quel enfant né de parents français à l’étranger. N’en déplaise aux partisans de la GPA, je suis d’accord avec eux pour dire que ces enfants n’ont pas tout à fait les mêmes droits que les autres. Fabriqués sur commande par des parents dits d’intention, ils ont été séparés à la naissance de celle qui les a portés pendant neuf mois et n’auront jamais de mère lorsque « vendus » à un couple d’hommes. À qui la faute ?

La résistance de certains de nos juges qui refusent encore de transférer à l’état civil leur acte de naissance a des conséquences, certes, mais qui se résument uniquement à quelques tracasseries administratives pour les adultes qui veulent les élever.
C’est le moindre des inconvénients pour ces clients de GPA qui ont violé la loi française, et pourtant ils s’en plaignent ; voudraient-ils les félicitations de la République, par-dessus le marché ?

Mais les signataires de la tribune ne s’en tiennent pas là ; profitant de cette très belle occasion, ils réclament "des protocoles de GPA pensés et aménagés de façon parfaitement éthique". Trop angoissés à l’idée de se voir qualifiés d’exploiteurs des pays pauvres, les partisans de la GPA éthique veulent des mères porteuses propres ! C’est oublier que, quelle que soit la couleur de peau de la femme qui accepte de porter l’enfant pour le compte de ceux qui ont les moyens, quelle que soit la rémunération ou la compensation, la GPA sera toujours un trafic de chair humaine et ce sont les enfants qui en paieront le prix.

Pas encore nés, en voie de fabrication ou encore trop petits pour s’exprimer, un jour viendra où ils demanderont des comptes à cette société qui n’aura pas su défendre leurs intérêts.

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Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

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