[Tribune] La Ve République : une démocratie malade

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Depuis quelques mois, la République, cinquième du nom, donne des signes de faiblesse qui finissent par devenir inquiétants. Soixante-cinq ans, c’est plus que l’âge de la retraite, même après la réforme Macron. Ce n’est pourtant pas si vieux. Son aïeule, la Troisième, avait duré 69 ans avant de s’effondrer dans le chaos d’une défaite sans précédent. Néanmoins, l’usure est inquiétante.

Voilà des semaines que les comptes rendus des débats de l’Assemblée nationale pourraient répondre à la définition de Shakespeare : « Un récit conté par un idiot, plein de bruit et de fureur et qui ne signifie rien. » Vociférations, cris et hurlements semblent être devenus la règle. LFI s’illustre dans les provocations, l’agitation et l’excitation. Mais lorsque le député Thomas Portes s’exhibe avec le pied sur un ballon figurant la tête du ministre du Travail Olivier Dussopt, nous sommes proches de l’abjection. D’autant plus que chacun connaît la vénération des « Insoumis » pour Robespierre, grand guillotineur et chantre de la terreur comme mode de gouvernement. Aurélien Saintoul en rajoutera en traitant le ministre en question d’assassin, créant à nouveau scandale et polémique. Louis Boyard, révolutionnaire de salon et d’amphi, n’est pas en reste. Avec de faux airs de Cohn-Bendit, en son temps grand admirateur du dictateur Castro, il n’hésite pas à affirmer devant la représentation nationale que « la police tue ». L’immaturité le dispute à l’irresponsabilité. L’indécence à la malfaisance. Mais sous leurs airs goguenards, sans doute rêvent-ils au « Grand Soir » qui toujours, depuis deux siècles, s’est traduit par des fleuves de sang et de déchaînement totalitaire. Ce grand-guignol révolutionnaire n’a rien de drôle. Il est même tragique. Et dénote la décadence du débat politique. Lorsque les arguments cèdent à la violence des mots et des attitudes, c’est la faillite de la démocratie.

Bien évidemment, les excès entraînent les excès, les débats tournent au pugilat, aux indignations de commande, au hourvari. Sans que personne, apparemment, ne se soucie de l’image envoyée aux Français déjà peu indulgents pour le monde politique. Dans le brouhaha généralisé, le groupe RN, lui, fait preuve de tenue et de retenue, même lorsqu’il est l’objet d’attaques de mauvaise foi.

Pire encore que le manque de dignité, la désinvolture d’un ancien Premier ministre qui, devant une commission parlementaire, avoue en riant à demi que la décision d’abaisser la production d’électricité d’origine nucléaire à 50 % de la production totale n’avait fait l’objet d’aucune étude d’impact ni d’analyse de besoins ! Les Français qui doivent supporter des hausses de prix faramineuses de l’électricité, particuliers et industriels, apprécieront. Plus consternant, encore, l’explication donnée : « L’objectif était politique. » En réalité politicien : obtenir le soutien des Verts. En clair, cela signifie que M. Hollande a bradé le bien commun pour ses intérêts électoraux. Ainsi, donc, une politique de long terme initiée par le général de Gaulle, qui visait à assurer l’indépendance énergétique de la France et un avantage comparatif dans la compétition économique, a été démantelée pour de vulgaires motifs électoralistes. Tout cela sur fond de capitulation du pouvoir politique français devant la volonté de la Commission européenne, qui s’évertue depuis 1996 à imposer une concurrence artificielle sur le marché de l’électricité dont nous pouvons mesurer aujourd’hui les effets, ou les méfaits. Et dont l’un des objets était de priver EDF de sa « rente nucléaire » ! Que reste-t-il à nos gouvernants comme marge de manœuvre ? Nous conseiller d’enfiler des chandails à col roulé et d’éteindre la lumière en quittant une pièce ! Tout cela est dérisoire et nous n’avons nul besoin de ces hauts fonctionnaires distingués pour nous apprendre ce que nos mères nous disaient lorsque nous étions enfants : couvrez-vous pour ne pas attraper un rhume et fermez la lumière en sortant de votre chambre.

Dans ces conditions, comment espérer que le peuple français puisse encore accorder du crédit à la classe politique ? Les visions politiques de long terme fondées sur la capacité à se projeter dans l’avenir ont fait place aux filouteries politiciennes de court terme dont l’horizon est borné par la future échéance électorale. Les amples réflexions géopolitiques ont été remplacées par l’émotion de l’immédiat et la tyrannie de la com' politique. Pendant ce temps, l’État le plus coûteux du monde s’effondre sur lui-même. Comme au casino, « rien ne va plus ». Si la Ve République est en phase terminale, c’est parce que notre démocratie est malade. Les Diafoirus politiques s’acharnent sur elle. Il est grand temps de les congédier avant qu’ils ne l’achèvent !

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

20 commentaires

  1. A-t-on seulement un président de la République???? Il existe vraiment? Est-ce un visionnaire? Si oui il a besoin d’une sacré paire de lunette!!!

  2. Mais c’est bien sûr que l’Assemblée Nationale ne peut être qu’à l’image qu’a donné, donne encore, les 2 derniers occupants de l’Elysée, et l’actuel encore plus que le précédent, tous 2 aux ordres de l’extérieur pour abaisser la France….tous 2 de Gauche qui a le plus fait de Dettes au cours de ces 40 dernières années, pour la soumettre et remplit l’Idéal de leurs Pairs répartis dans le Monde

  3. « Dans ces conditions, comment espérer que le peuple français puisse encore accorder du crédit à la classe politique ? »
    La partie du peuple français qui s’est exprimée majoritairement aux dernières presidentielles a confirmé le candidat sortant dans ses fonctions. Donc, ils ont voulu que ça continue. Ceux qui ne se sont pas déplacés, n’ont, de fait, pas considéré qu’il était leur impossible de continuer à vivre sous la gouvernance des démolisseurs qui ont fait de la France le pays dévasté qu’il est aujourd’hui. Donc, ils ont implicitement accepté que le désastre se poursuive.

  4. La V° république a eu un début, elle aura donc une fin. Mais à observer les Insoumis, on tremble à imaginer la VI° que le « leader minimo » Melanchon rêve d’instaurer…

  5. Notre problème ne réside pas dans les institutions de la Ve mais dans la qualité du personnel politique qui n’en finit pas de décroître. La bonne question est : pourquoi y-a-t-il de moins en moins d’hommes et de femmes politiques de haut niveau ?

  6. Durant la Renaissance (historique) le sang avait déjà pas mal coulé entre adeptes de religions se référant à l’Evangile porteur de paix et d’amour de l’ennemi . Alors quand on a comme seule référence un autre Livre qui ne promet que décapitations et égorgements rituels, l’homme, qui est capable de tout empirer, seule la guerre est envisageable .

  7. Tous ces LFI, révolutionnaires en peau de lapin, devraient se souvenir de la manière dont ont fini leurs maîtres à penser, Danton, Robespierre, St Jut, Fouquier-Tinville, tous conduits à l’échafaud par leurs anciens copains… ils finiront tous de la même manière, dévorés par la machine infernale qu’ils auront mise en route et qu’il ne maîtriseront plus. Ils se mangeront entre entre eux et la mise à l’écart de certains cadres historiques de LFI par Emmanuel Bompard, n’est que le début.
    « Si quelqu’un t’a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer le corps de ton ennemi ». Lao-Tseu

  8. N’oublions pas les premiers responsables: les français eux-mêmes… si les trois derniers présidents étaient des guignols, ils ont quand même été élus « à la régulière » sauf preuve du contraire… Hollande a été élu par facilité, sur la promesse de « mon ennemi c’est la finance » et bon nombre de simplets qui habitent ce pays se sont dit: « chouette! De l’argent facile! »… Macron a été mis en cause dans les affaires McKinsey et Alstom, pour le coup amplement relayées par les médias, et pourtant il a été réélu! Là encore la promesse de l’argent facile et du moindre effort, sans compter le frisson artificiel du « danger RN »… y compris à l’Assemblée: les pitoyables députés Nupes et consort ne sont pas arrivés là par l’opération du Saint Esprit… enfin bref, on peut blâmer qui on veut: les allemands, les américains ou les chinois… le premier coupable, c’est bien ce peuple dont la majorité vote encore et toujours pour la facilité et le confort de l’argent magique, et pour ses propres intérêts… tant que les français ne feront pas leur propre autocritique, ce pays est condamné à sombrer moralement, intellectuellement, économiquement et culturellement…

  9. La gauche au parlement me fait penser au dictons, « Tout ce qui est excessif est insignifiant. » citation de Charles-Maurice de TALLEYRAND , Oh comme il avait raison, certains qui lisent doivent se reconnaitre.

  10. Les députés sont à l’image de la population, des individus sans culture et sans intelligence incapables de clarifier leurs idées et les exprimer sans invectives et insultes. Nous élisons ceux qui nous ressemblent et notre gouvernement en est la représentation. Le président élu est certes brillant mais son intelligence ne suit pas , il est incapable d’empathie et la France est trop petite pour ses ambitions, ne sachant pas s’entourer il donne l’exemple d’une cacophonie dans ses choix qui se répercute jusqu’à la Chambre des Députés,
    .

  11. La Veme a été mise en place par De Gaulle. Beaucoup de pouvoir entre les mains d’un homme qui conduit l’attelage. Prêt à se mettre sur la sellette referendaire en cas de besoin et de démissionner. Le dernier référendum a été non respecté. Cette organisation était basée sur une certaine honnêteté de la part du président élu. Maintenant, c’est vous qui voyez.

  12. La gestion autoritaire de la « crise Covid » nous a dévoilé ce qu’était devenue notre belle démocratie, et montré qu’en la matière, la France n’avait de leçon à donner à personne.
    Nos concitoyens s’en sont-ils seulement rendu compte?

  13. La constitution de la Vème République a été taillée pour le général de Gaulle qui n’aurait jamais imaginé que viendraient au pouvoir les guignols qui lui ont succédé.

    • Oui et non, la constitution est faite par Debre, sous l’impulsion de de Gaulle, mais pas pour lui.
      Charles de Gaulle pensait à une monarchie constitutionnelle.

  14. Ce n’est plus une démocratie , le peuple n’a en effet plus aucune confiance en ces arrivistes qui ne sont là que pour se remplir les poches . Quand au chef , lui c’est le pire , non seulement il dilapide notre argent mais en plus brade notre savoir et détruit tout ce qu’il touche . Il n’est que le larbin de l’UE , l’Allemagne et les états unis . Et les français en grande majorité valident votre conclusion : les virer et vite .

    • Désolé de vous contredire, mais les français ont voté dans leur majorité pour ces guignols… « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes »… Hollande et Macron n’ont jamais caché leurs délires écolo (sur le nucléaire), le second a même été mouillé dans le scandale Alstom et pourtant réélu… donc la faute est bien celle du peuple français, qui vote pour des dirigeants à son image… les allemands, les américains et les chinois profitent amplement de la situation, mais n’en sont pas à l’origine

    • Oui, mais les Français l’ont élu, et même RÉ-ÉLU, ils n’ont que ce qu’ils méritent. Ça part du même principe que ces syndicats qui sont « vent debout » contre la réforme des retraites, et qui avaient appelé à voter pour Macron, en sachant que cette réforme etait inscrite dans son programme… Pour ne pas voter pour le RN qui, lui, était, comme eux, contre cette réforme…
      « Il y a le feu dans la maison, mais je refuse l’intervention des pompiers parce qu’ils sont membres du RN… », ou mieux : l’hopital est en déshérence, on manque de soignants mais j’interdis à des milliers d’entre-eux de travailler parce qu’ils refusent de se soumettre à mes caprices »…
      On ne peut pas être plus intelligent…

      • À quand la réintégration des soignants exclus? Où et quand parlons-nous encore de ce sujet? Trop de gens qui réalisent qu’ils se sont fait avoir s’opposent à cette réintégration. Honteux et jaloux. Ben voyons!

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