« Je peux vous aider ? » C’est justement lorsqu’on n’a pas besoin d’aide qu’on nous pose cette question. Au rayon charcuterie, dans les allées lingerie féminine ou encore à l’espace bricolage de la grande surface, vous flânez tranquillement sans idée préconçue et le vendeur ou la vendeuse vous tombe dessus. En revanche, c’est quand vous cherchez un renseignement sur la correspondance des tailles ou le type de chevilles à utiliser pour la brique ou le placo qu’il n’y a personne en patrouille dans les allées du magasin. « Je peux vous aider ? » est délibérément commercial. La voix bien posée, le sourire en sus doivent, en principe, éviter au vendeur de se voir répondre : « Non, vous ne pouvez pas m’aider. »

« Je peux vous aider ? » est surtout à ne pas confondre avec « Si je peux aider », suivi obligatoirement de points de suspension. « Si je peux aider » a un côté bénévolat, dévouement - osons le mot –, altruiste, voire sacrificiel. Un côté, seulement. On va dire côté jardin. L’autre côté, côté cour, du coup, ressemble un peu à celle de la Boisserie où les limousines noires faisaient crisser leurs pneus en déposant nuitamment ceux qui venaient quémander de l’aide à l’homme providentiel. « Si je peux aider » se veut « en réserve de la République ». C’est une offre de service en demi-teinte, l’air de ne pas le dire tout en le disant. « Si je peux aider » laisse entendre que, bien évidemment, on peut aider, mais surtout qu’on attend que ça en rongeant son frein, les yeux rivés sur le téléphone. « Si je peux aider » est aussi une prise de risque. Celle de se voir répondre : « Écoute, coco, c’est sympa, mais on devrait pouvoir y arriver sans toi. Profite bien de ta retraite, de ta famille, éclate-toi dans ton nouveau boulot et toutes ces sortes de choses. On se rappelle quand tu veux… » C’est-à-dire jamais.

« Si je peux aider » est, justement, la dernière phrase historique de Sibeth Ndiaye qui nous a été rapportée par Paris Match. L’ancienne porte-parole du gouvernement est devenue secrétaire générale, en janvier dernier, d’Adecco, première boîte au monde du travail par intérim. Son nouveau job ? Une sorte de « continuité « entre son rôle d’avant et celui d’aujourd’hui ». Faut-il traduire que le projet de son boss d’avant est de transformer tous ces gens pas fichus de traverser la rue en intérimaires à vie ? Pas du tout. Sibeth Ndiaye explique : « réduire le chômage ». C'est en bonne voie, puisqu'elle a trouvé du boulot à sa sortie du gouvernement.

Et la politique ? L’ancienne secrétaire d’État est en quelque sorte en réserve de La République en marche. La République en marche qui sera, selon elle, « un pilier important dans la campagne d’Emmanuel Macron ». Faut dire que c'était un peu le but, au départ. Mais déjà, on a un scoop : Il sera candidat. Certes, la priorité aujourd'hui, pour Sibeth Ndiaye, c’est son travail à Adecco, mais « si je peux aider, je le fais avec plaisir ». Avec plaisir et non pour le plaisir, comme chantait Herbert Léonard. Ce n'est pas du de Gaulle dans le texte. Pas question de se tenir prête à assumer les pouvoirs de La République en marche, mais c'est gentil quand même. Au moins, c'est pas prétentieux.

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05 mars 2021 à 19:16

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