Quelle vision de la guerre en Ukraine pour les deux candidats finalistes ?

Poutine Macron

À l’heure où la guerre en Ukraine ne semble pas trouver d’issue, la question de la position de la France va-t-elle être mise sur la table pendant la campagne d’entre-deux-tours ? Après plus d’un mois et demi de sanctions, les effets commencent à se faire sentir sur l’économie russe (baisse du pouvoir d’achat, défauts bancaires, hausse de l’inflation), mais moins sur la population russe : alors que nos élites politico-médiatiques semblent penser que les sanctions pourraient, par leur dureté, retourner le peuple russe contre ses dirigeants, certains de nos confrères étrangers semblent analyser la situation avec un peu plus de lucidité. Ainsi, à titre d’exemple, le quotidien suisse Le Courrier évoquait, cette semaine, les Russes qui, ressentant l’injustice d’une punition collective de la part des Occidentaux, se mettent à soutenir leur chef d’État même lorsqu’ils n'étaient pas initialement pro-Poutine. En outre, les dirigeants russes n’ont toujours pas fléchi leur position dans leur attaque contre l’Ukraine. Grande efficacité des sanctions ! Nous l’avions déjà évoqué ici il y a peu.

Devant cette situation bien plus complexe qu’en apparence, les deux candidats sauront-ils montrer une réelle compréhension des enjeux ?

Marine Le Pen, lors de sa conférence de presse du 13 mars, a montré une vision de la France comme celle d’une nation ancrée dans une Histoire millénaire, vision se caractérisant par un refus de l’utopie d’une hégémonie mondiale et d’une idéologie droit-de-l’hommiste, comme évoqué ici.

Cette vision s’accompagne d’une approche pragmatique du conflit russo-ukrainien. Si elle s’est montrée favorable à un accueil de réfugiés ukrainiens, la candidate du Rassemblement national a toujours affiché du scepticisme au sujet des sanctions contre la Russie en raison des conséquences sur le pouvoir d’achat des Français. Se doutant probablement que le conflit ne devrait pas durer longtemps, elle préconise un rapprochement avec la Russie dès la fin de la guerre.

Emmanuel Macron, dans une interview accordée au Point (12/4/2022), a longuement évoqué le conflit russo-ukrainien. Il n’a pas perdu de vue la perspective d’une fin de conflit suivie d’une restauration des relations avec le régime de Poutine : « Il faudra bien réfléchir à la façon dont nous reconstruirons demain nos relations avec la Russie, qui a vocation à être arrimée à l’Europe. » Il évoque même, dans cet entretien, un monde qui n’est pas « un duopole avec une part de non-alignés » mais un « monde multipolaire ». En lisant cet entretien, on a l’impression d’être revenu en 2017 : lorsque, le 29 mai, le Président récemment entré en fonction recevait son homologue russe au château de Versailles, même ses opposants avaient loué sa vision géopolitique qui, d’emblée, contrastait avec le bilan diplomatique calamiteux de son prédécesseur. En outre, de nombreux gestes avaient été posés, notamment l’invitation au fort de Brégançon en août 2019, une semaine avant le sommet du G7 dont la Russie était exclue.

Mais en politique extérieure, le « en même temps » ne mène qu’à des impasses. De simples mots (volonté de réintégrer la Russie dans le Conseil de l’Europe, déclaration sur la compréhension de ce que sont l’âme française et l’âme russe) non suivis d’effets ne suffisent évidemment pas à garantir une relation forte avec un pays tel que la Russie.

De plus, Emmanuel Macron montre, dans son entretien avec Le Point, que, malgré une volonté assumée de poursuivre un dialogue avec Vladimir Poutine, il ne semble pas avoir pleinement compris les enjeux de la guerre en Ukraine. Son analyse sur le « pays qui craint son déclassement » doublée d’une paranoïa acquise par le président russe au cours de son confinement à Sotchi n’est guère convaincante…

Les candidats ont-ils en tête l’idée que le président russe peut voir d’abord dans cette guerre un coup de pression sur l’Ukraine dans le but de faire renoncer ce pays à l’entrée dans l’Union européenne et surtout dans l’OTAN ? Nous verrons comment ils aborderont cette question dans les prochains jours.

Vos commentaires

23 commentaires

  1. M.Macron n’est pas un fin diplomate, ce ne sont pas les tapes sur les épaules et dans le dos qui font la diplomatie. Il parle mais peu l’écoutent. Toutes ses initiatives, Afrique, Liban Europe , Asie( quid des relations avec la RPC) ont été brouillonnes non suivies d’effet. Il n’est qu’un petit télégraphiste gribouille et vaniteux qui commence tout et finit rien.

  2. « les sanctions pourraient, par leur dureté, retourner le peuple russe contre ses dirigeants, » Et ça fait 80 ans que ça dure. Les bombardements massifs et meurtriers des grandes villes étaient systématiques en 39-45, sous le même prétexte et pour le même résultat, au prix de centaines de milliers d’assassinats. Comme nos dirigeants ne sont pas idiots (simplement dénués de la moindre honnêteté) et qu’ils le savent, il faut croire que leur but réel n’est pas le but annoncé.

  3. défauts bancaires de la Russie?

    Cher Monsieur, lorsque votre banque fermera vos comptes et volera (gèlera, confisquera) tous vos avoirs , et que, de fait,vous serez en « défaut bancaire » car vous ne pourrez même plus acheter votre pain et votre salaire sera gelé par la banque, vous ne pensez pas que vous verrez la chose autrement?

    J’ en ai assez de lire ce genre de choses!
    Des voleurs (occidentaux) qui volent les avoirs d’un autre pays et le déclarent en défaut bancaire ça ne vous gêne pas?

  4. Zelenski étant un bouffon à la solde de Biden et de ses sbires, dont Ursula machin-truc, sera vite mis au placard en cas d’insuccès économique et militaire. Il est nécessaire de faire campagne contre Zelenski pour démontrer aux Ukrainiens, dont les liens avec la Russie sont historiques, qu’ils ont intérêt à se placer sous protection russe.

  5. Macron est comme la majorité des français, un rien selon ses termes, mais un rien friqué à la solde de l’oligarchie financière mondiale à la botte des USA.

  6. Ce qui est formidable lorsqu’on est journaliste c’est qu’on peut faire du roman sur tout à partir de tout. Un journaliste, c’est un chef d’Etat qui s’ignore et même un général en campagne qui s’y croit. Ainsi on peut tout dire sur une campagne d’Ukraine sans même y avoir mis les pieds, tout en ignorant les huit années de guerre qui s’y sont produites. Le bourbier du Dombass c’est l’Ukraine qui s’y traine depuis huit ans, et l’armée russe qui en quelques semaines a rectifié la position.

  7. Marine a raison , en effet que serions nous aujourd’hui si nous ne étions pas reconciliés avec les Allemand ?

  8. Les européens ne réfléchissent pas en russe. La Russie se fout des sanctions. Les apparatchiks itou. En pleine guerre froide,pour construire le sr71 les usa ont acheté du titane aux russes. Alors les sanctions n’enrichiront que la chine

  9. Sur cette photo ..un grand président aimant son pays et un petit tout petit personnage dont la seule ambition est la démolition de notre France ,,,et d’Em…..r le bon peuple .

  10. La Russie ne reviendra plus vers l’Europe et l’occident. Elle aura bien raison. Elle a compris que ces derniers ne souhaitent que son affaiblissement. L’Ukraine est instrumentalisée par les USA à cet effet. Les USA et les vassaux européens ne se soucient nullement du peuple ukrainien car ils attisent la guerre et ne cherche surtout pas une solution de paix. Les ukrainiens s’en rendront compte et rentrerons d’eux-mêmes au bercail russe.

  11. Si la politique étrangère est un pré carré du président, comment peut-on voter pour EM qui mènera la France à une guerre directe voulue par les Anglo-saxons? (comme d’habitude…)
    Une fois de plus, où est l’extrémisme?

  12. Foutriquet n’a aucune vision il ne veut pas en avoir ! Il fait là ou lui disent de faire les yankees.
    Tout autre considération est nulle et non avenue .

  13. EM était garant des accords de Minsk : amoureux de Merkel (qui, dépendante des deux, ne voulait fâcher ni Poutine ni la CIA) il a failli à faire appliquer ces accords. Il aurait fallu qu’il soit un vrai homme d’état, bien plus intelligent et moins blablateur.

    • N’y a-t-il pas un journaliste intelligent qui pourrait nous faire un topo sur le fonctionnement du E7 (concurrent du G7) Les media classiques nous laissent penser que le monde occidental (Amérique du Nord et Europe) est omnipotent et que ses décisions ont un retentissement planétaire alors que les pays du E7 (Inde, Russie, Chine, Brésil, Turquie,+……) comptent 4 fois plus d’habitants que l’Occident !

  14. La réposne à la question est facile : Marine : on revient vers Poutine et la France s’en sort, Macron : léche bottes des US à l’OTAN et ruine de la France

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