Que cache la Biden-mania de la presse française ?

bureau biden

D'après le journal Le Monde, la presse française serait atteinte d'un nouveau virus, la « Biden mania ». En effet, le président américain ferait l'objet de 7.400 gros titres de presse par mois, presque autant que Macron, qui plafonne à 9.100 : incroyable, pour un chef d'État étranger, d'être à ce point cité. Et les contenus sont généralement très favorables, voire dithyrambiques.

Entre la campagne de vaccination réussie, le plan de relance de l'économie et sa fermeté supposée face à Pékin et Moscou, les éloges pleuvent sur le nouvel hôte de la Maison-Blanche. En France, surtout. Aux États-Unis, c'est déjà plus mitigé et les milieux de la presse en viennent même à regretter Trump, plus porteur en termes d'audience, plus vendeur... Mais en France, la presse cède à une Biden-mania qui n'a rien à envier à l'Obamania d'il y a quelques années.

Pourtant, Biden mérite-t-il une telle pluie de louanges, trois mois seulement après son entrée en fonction ? Concernant le plan de vaccination, tout le monde le félicite, sans jamais rappeler que la campagne s'est ouverte le 14 décembre 2020, et que c'est bel et bien Trump qui a posé les bases d'une organisation qui se révèle particulièrement performante. Sans compter que la précédente administration s'est montrée audacieuse au niveau du vaccin, ne s'est laissée devancer par personne (suivez mon regard) : c'est grâce à Trump que le vaccin a été développé si vite, et c'est grâce à lui si les États-Unis ont été si bien servis. Et également grâce à lui que l'organisation, encadrée par l'armée, n'a montré aucune faille. Biden profite donc de la politique de Trump, mais qui donc le souligne, en France ?

Concernant le plan de relance, évalué à 1.900 milliards de dollars, la presse française tombe en pamoison, certains surnommant même Biden « Joe Roosevelt », allusion au New Deal qui avait provisoirement relevé l'économie américaine des années trente. Un plan financé par une hausse de l'endettement, rien de bien nouveau sous le soleil : ce n'est, ni plus ni moins, qu'une énième resucée de la politique keynésienne, qui montre ses limites et ses dangers depuis des décennies. Mais voilà, la presse française est esbaudie, éberluée, enthousiasmée : effectivement, Biden est plus à gauche que Macron, en économie, et le démontre. L'économiste Grégoire Sentilhes a même annoncé, sur BFM Business, le retour des Trente Glorieuses : s'il suffisait de s'endetter et de distribuer de l'argent pour relancer l'économie durablement, cela se saurait...

Quant à la fermeté de Biden sur le front international, elle se limite à une seule personne, la tête de Turc favorite des démocrates américains : Poutine, qui s'est vu traiter d'une façon particulièrement offensante et vulgaire. Sans que nos journalistes ne s'en offusquent : que n'auraient-ils dit si c'était Trump qui avait traité un chef d'État de tueur. Boutefeu, apprenti sorcier, va-t-en-guerre, le président républicain aurait essuyé un torrent d'insultes. Là, rien, tout est normal. Quant à la fermeté supposée de Biden face à la Chine, qualité qui avait fini par être reconnue du bout des lèvres à Trump, on se demande encore où la presse française la trouve : Pékin multiplie, depuis janvier, les provocations face à Taïwan, le survol de l'île par ses avions, la répression à Hong Kong, sans que ne vienne une réaction sérieuse de Washington...

En revanche, le maintien inédit dans l'opinion américaine de la popularité de Trump est, aux yeux de la presse, une très désagréable surprise. Comme l'avait été son score très élevé de la dernière présidentielle. Trump n'est pas l'épiphénomène annoncé, il s'enracine dans l'opinion. L'élection douteuse de Biden pourrait, à tout moment, faire revenir à la une Trump si le nouveau président venait à faillir dans sa mission. Alors, il faut à tout prix alimenter la propagande pro-Biden, le rendre plus beau, plus ferme, plus dynamique qu'il ne l'est vraiment. Il faut montrer qu'il reprend à son compte les points positifs de la politique de Trump, mais de façon apaisée. Bref, il faut faire oublier que la menace Trump est toujours là, et tant pis s'il faut pour cela embellir grossièrement le tableau...

Olivier Piacentini
Olivier Piacentini
Ecrivain, politologue

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