Quand l’Allemagne finance les ONG pro-migrants pour agir… en Italie

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Le torchon brûle, encore une fois, entre l’Allemagne et l’Italie. Alors que les chancelleries européennes ne bruissent que de promesses de « soutien à l’Italie » et autres assurances de « solidarité » pour la gestion de la crise migratoire, dans les faits, il apparaît que, comme toujours, les pays membres de l’Union européenne agissent sur la question en ordre dispersé.

L'Italie exige des explications

Cette semaine, c’est l’Allemagne qui annonçait un financement supplémentaire de 400 à 800 millions d’euros à deux ONG qui œuvrent en Italie pour le secours en mer des clandestins et l’installation des migrants en Italie. On l’imagine, les réactions du gouvernement italien ne se sont pas fait attendre. « J’ai appris avec étonnement, écrit Meloni à Olaf Scholz, que votre gouvernement - de manière non coordonnée avec le gouvernement italien - aurait décidé de soutenir par des fonds d’importantes organisations non gouvernementales engagées dans l’accueil des migrants en situation irrégulière sur le territoire italien et dans des sauvetages en mer Méditerranée. Ces deux possibilités soulèvent des questions. » Elle n’hésite pas, d’ailleurs, à rappeler que « le financement aux bateaux des ONG a un effet direct de multiplication des départs d’embarcations précaires » et « augmente le risque de nouvelles tragédies en mer ». Une triste lapalissade : que les ONG dont les bateaux sont postés au large de la Tunisie ou de la Libye soient un pull factor [facteur d'attractivité, NDLR] pour les clandestins pris en main par les mafias de passeurs est connu de tous. Matteo Salvini, qui dénonçait depuis des années le rôle financier à matrice idéologique de l’Allemagne dans le soutien au ONG pro-migrants, renchérit : « C’est une honte, un outrage et un acte hostile que des pays étrangers financent des associations privées étrangères pour amener des immigrés clandestins en Italie. »

Même le très modéré Antonio Tajani, ancien président du Parlement européen et ministre des Affaires étrangères du gouvernement Meloni, s’est insurgé sur ce qui ressemble furieusement à une ingérence étrangère : « Jeudi à Berlin, je demanderai à ma collègue Baerbock [Anna Baerbock, ministre des Affaires étrangères d’Allemagne] quelle est la raison du financement d’ONG qui doivent amener des migrants en Italie. Peut-être était-il juste de financer des ONG qui amènent les migrants en Allemagne. J’espère avoir des explications du gouvernement allemand. »

De l'argent pour quelles ONG ?

Qui sont les ONG qui bénéficieront de cette manne supplémentaire ? Il s’agit de l’ONG allemande SOS Humanity, qui recevra 790.000 euros pour continuer ses campagnes en mer, ce qui a irrité au plus haut point Guido Crosetto, le ministre de la Défense italien, qui rappelle que c’est le rôle dévolu aux autorités civiles italiennes. Pour sa part, la Communauté Sant’Egidio, très proche du pape François et qui assume depuis longtemps une sorte d’activité diplomatique parallèle du Saint-Siège, recevra 420.000 euros destinés à l’intégration des migrants arrivés régulièrement en Italie. Marco Impagliazzo, président de la Communauté Sant’Egidio, explique d’ailleurs que l’Allemagne travaille avec eux depuis la présidence de Helmut Khol.

En pleine crise migratoire, alors que l’Italie ne bénéficie pour l’instant que de belles paroles de solidarité, ce financement, qui en réalité n’est pas un scoop - beaucoup d’ONG patrouillant en Méditerranée battent pavillon allemand -, apparaît bien comme la traduction de l’ingérence d’un pays tiers dans des affaires relevant de la souveraineté nationale.

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

70 commentaires

  1. Comment se sortir de ce piège ? sinon de sortir soit de l’UE soit dans la rue pour que la masse de Français montre son désaccord. Merci BV.

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