Privatisation d’ADP : le million franchi, et si la mobilisation du 5 relançait la dynamique ?
On l'aurait presque oublié : les 4,7 millions de signatures requises, d'ici mars, pour déclencher un référendum d'initiative partagée contre la privatisation du groupe Aéroports de Paris (ADP) continuent d'être récoltées. Mais le moins qu'on puisse dire, c'est que les Français ne se pressent pas et que les partis d'opposition, à l'origine de cette initiative, ne semblent pas faire preuve d'une grande détermination. Pourtant, le Conseil constitutionnel vient d'annoncer que la barre symbolique de 1.000.000 de signatures a été franchie, ce 4 décembre, veille de la journée de contestation de la réforme des retraites. De quoi redonner de l'espoir aux partisans d'un référendum.
À Figeac, dans le Lot, on a même prévu un point signature où les manifestants, munis d'une pièce d'identité et de leur carte d'électeur, pourront apporter leur soutien à l'organisation du référendum. Mais ce sont des initiatives locales : on est encore loin des 4,7 millions de signatures ! Les parlementaires de l'opposition espèrent fléchir le président de la République qui, après la crise des gilets jaunes, avait annoncé vouloir réformer le RIP pour qu'un million de citoyens puissent le déclencher.
Il n'empêche que les oppositions n'y mettent pas beaucoup d'ardeur, comme si leur demande de consultation du peuple n'avait été qu'un coup politique. On peut présumer que, si l'occasion se présente, le gouvernement et les députés de la majorité le leur rappelleront. Mais, pour le moment, tous, opposition et majorité, se préparent aux actions qui doivent débuter, ce jeudi, contre la réforme des retraites. Selon un sondage IFOP, trois Français sur quatre estiment qu'il faut réformer les retraites, mais 64 % ne font pas confiance à Macron pour le faire. C'est dire le discrédit dans lequel notre Président est tombé !
À y regarder de près, la privatisation d'ADP et la réforme des retraites projetée participent d'une même approche. Le gouvernement veut se débarrasser des aéroports comme il s'est débarrassé des autoroutes, pour un bénéfice à court terme. Quant à la réforme projetée, sous prétexte de supprimer les régimes spéciaux, elle donne la priorité – on ne l'a pas assez souligné – à la rentabilité pécuniaire d'une activité, salariée ou indépendante : travailler dans le seul objectif d'accumuler de l'argent pour avoir une pension correcte, voilà qui relève d'une philosophie contestable, dont la finance est le principe premier.
Les Français, qui ne sont pas dupes, sont plus préoccupés actuellement par ce bouleversement du système des retraites que par la privatisation des aéroports de Paris. Mais ils n'oublient pas qui sont les responsables de cette situation : Macron et sa majorité.
Le référendum d'initiative partagée ne sera peut-être pas mis en œuvre, les grèves du 5 décembre et des jours suivants ne déboucheront sans doute pas sur un retrait de la réforme et finiront par exaspérer une partie des Français. Le gouvernement va faire le choix d'incarner le parti de l'ordre face aux débordements éventuels et aux blocages. Mais cela ne suffira pas à restaurer la confiance. De plus en plus nombreux sont ceux qui pensent que seul un changement de politique, qui passe sans doute par un changement de majorité, pourrait la rétablir. Comme l'écrivait le regretté Antoine Blondin, « il ne faudrait quand même pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages ! »
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