[Point de vue] Quand Macron se prend un vent par l’ancienne chanteuse des Rita Mitsouko

catherine ringer

Tout était en place. Tout était nickel. Ça promettait d’être une bien belle cérémonie comme la République sait les organiser, c’est-à-dire une parodie grotesque de la pompe de l’Ancien Régime, avec de petits accents phrygiens (rapport au bonnet, bien sûr, pas au mode musical dit « mode de mi »). On a vu Éric Dupond-Moretti tourner la presse destinée à sceller la loi constitutionnelle, on a vu un parterre de quinquagénaires acariâtres poussant de petits gloussements joviaux à la vue de ce merveilleux progrès sociétal. Il y avait une estrade, un auvent, des drapeaux partout. Bref, il n’y avait pas un fil qui dépassait. C’était réglé comme du papier musique, pour reprendre les mots de Michel Taupin (Christian Clavier) dans Papy fait de la résistance.

Pour clore la cérémonie, on avait tout prévu aussi. Entouré de ses ministres, tous plus heureux les uns que les autres, Emmanuel Macron devait quitter la zone juste après une interprétation de La Marseillaise par Catherine Ringer. La chanteuse des Rita Mitsouko a pris sur elle d’adapter le refrain de l’hymne national : « Aux armes citoyens et citoyennes […] Marchons et chantons/Cette loi pure/Dans la Constitution. » Commentaire sobre et drôle de Philippe de Villiers sur CNews : « C’est la Mi-Carême. » On fait n’importe quoi, on parodie, on défait, on décale.

Bref, Catherine Ringer a chanté. Et puis, elle est partie. Emmanuel Macron l’a rattrapée, évidemment, parce qu’il ne comprend pas qu’on puisse ne pas être fasciné par sa présence. Il lui a fait le baisemain, avec cette galanterie surannée qui lui vaut les faveurs des vieilles dames, mais aussi avec cette obséquiosité malaisante qui lui vaut la détestation du reste du monde. Et puis, il a tenté de la prendre dans ses bras, ou de lui faire une accolade, on ne sait pas. Ce que l’on sait, c’est que la chanteuse s’est dégagée avec assez peu de discrétion, avant de partir avec une démarche libre et outrancière, très MLF années 70.


Tout était nickel. Ça, c’était sur le papier. Tout était prévu mais rien n’était solennel, rien n’était cadré, rien n’était beau. Ce n’est d’ailleurs pas tellement surprenant, parce qu’il n’y avait pas grand-chose de beau à fêter. Cerise sur le gâteau, donc, ce râteau infligé par une chanteuse à un Macron qui se comporte comme un « forceur » - pour reprendre les mots des plus jeunes d’entre nous.

Comment est-on passés de De Gaulle (puisque c’est la référence esthétique de notre bon maître), faisant le baisemain, en habit, à la reine d’Angleterre en diadème, à Macron exécutant un ridicule bisou sur la main, dans un lieu public, à une star en robe des champs - comme les pommes de terre du même nom. À deux doigts du dépôt de main courante, sauvé par les circonstances officielles et par son statut.

Catherine Ringer a été manipulée, lorsqu’elle était mineure, par un homme qui l’a fait basculer dans l’industrie pornographique. Elle communique sans fausse pudeur sur cette période de sa vie au cours de laquelle elle a tourné dans une vingtaine de films, et a su rembarrer avec pugnacité, dans les années 80, un Gainsbourg décati - et mal placé pour la leçon de morale qu’il tenta de lui administrer en la traitant de « pute ». Autant dire qu’elle en a vu d’autres. Son féminisme à elle, en ce 8 mars 2024, pour vulgaire et mal à propos qu’il ait pu paraître, vaut cent fois les mascarades d’un enfant capricieux comme Macron. Finalement, c’était peut-être elle la plus digne - ce que sa réaction suffit à prouver. Et ce qui en dit long.

Illustration : capture d'écran

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

59 commentaires

  1. Un homme bien élevé ne se comporte pas ainsi .Mais l’outrecuidance conduit aux gestes déplacés .

  2. Meurtre des enfants à naître (auquel nous participons tous par nos cotisations de Sécu), élimination des vieillards, pornographie, tout ça va bien ensemble. Ce sont les symptômes d’une société malade dirigée par un pauvre type croyant honorer ceux qu’il rencontre par sa seule présence et ses mains collantes !

  3. J’ai pris le temps de regarder la vidéo. Dans un premier temps elle lui serre la main et s’incline, puis voyant la caméra elle se dit « tiens je vais faire ma rebelle » foutaise que tout ça !! Pitoyable l’un comme l’autre.

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