L’insécurité augmente et, avec elle, le nombre d’élus agressés. Pour la seule année 2022, 2.265 plaintes et signalements pour violence verbale ou physique envers des édiles ont été recensés, soit une augmentation de 32 % par rapport à 2021, d’après les chiffres du ministère de l’Intérieur révélés par le ministre des Collectivités Dominique Faure. Interrogée par Paris Match, cette dernière a annoncé la création d’« une cellule d'analyse et de lutte spécifiquement dédiée à la lutte contre les atteintes aux élus » d’ici les prochains jours pour éradiquer le phénomène. Cette « cellule de lutte » aura pour mission « de recenser ces phénomènes, d'analyser chaque fait, pour les prévenir et y répondre en complète coordination avec les préfectures, la police, la gendarmerie et les parquets », a-t-elle ajouté. Dominique Faure veut aussi « renforcer les sanctions pour ceux qui portent atteintes aux élus » de façon à ce que les peines encourues soient similaires à celles commises pour atteinte aux pompiers, policiers et gendarmes.

Lyon, Nancy, Bobigny, Bray-Dunes…

Il est temps de réagir. Partout en France, les menaces à l’encontre d’élus se répètent. À Lyon, à l’occasion de la dernière Journée internationale des droits des femmes, Renaud Payre, vice-président de la Métropole de Lyon et ancien directeur de Sciences Po Lyon, était visé par un tag entouré de signes anarchistes : « Payre = sexiste raciste. » Le même jour à Nancy, c’est le maire PS Mathieu Klein qui était ciblé par un « affichage sauvage de propos diffamant, discriminant ». Bien que l’élu ne se sente pas « menacé au quotidien ».

Dans le nord de la France, à Bray-Dunes, deux élus en charge des travaux et de la sécurité ont été menacés de mort par un riverain. Là-bas, l’opposition municipale est également accusée d’avoir distribué des tracts diffamants. « Nous ne pouvons plus rester insensibles ni passifs face à l’obscurantisme, le mensonge et la calomnie dont nous sommes les victimes », tranche Christine Giloots, maire de cette petite ville de moins de 4.500 habitants. Enfin, le 3 mars, c’est à Bobigny que le maire PCF Abdel Sadi a eu la joie de découvrir des inscriptions sans équivoque après la réhabilitation de logements et la construction d’une mosquée dans le quartier de l’Étoile : « Vous êtes mort. » Pour chacune de ces affaires, les élus ont décidé de ne pas en rester aux simples constats et de porter plainte.

Une hausse des violences déjà dénoncée par l’Association des maires de France (AMF)

Inquiète du nombre toujours plus important de violences envers les élus, l’Association des maires de France annonçait, en février dernier, une hausse de 15 % des outrages, menaces et violences physiques à l’encontre des maires et conseillers municipaux. Allant dans le sens de l’annonce de Dominique Faure, une loi avait été promulguée, le 24 janvier dernier, permettant aux associations d'élus, mais aussi à l'Assemblée nationale, au Sénat, au Parlement européen et à la collectivité territoriale concernée, de se constituer parties civiles en cas d'agression d'un élu ou de sa famille. Un droit auparavant réservé aux seules associations départementales de maires.

La hausse des agressions inquiète sérieusement les gouvernements successifs. Après la crise des gilets jaunes et les mouvements anti-politique sanitaire, le nombre de menaces a explosé. De son côté, le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti avait publié, en 2020, une circulaire pour mieux défendre les édiles victimes d’« outrages », estimant indispensable une « réponse pénale systématique et rapide ». Sans grand résultat. C'est toute une société qui bascule dans la décivilisation, mais c'est sans doute la faute de... l'extrême droite !

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16 mars 2023 à 18:40

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24 commentaires

  1. Les maires sont à la remorque de la « bien-pensance », faut-il s’étonner qu’ils en subissent les conséquences ?
    Lorsqu’un maire donne des gages à des associations, qui ouvertement, oeuvrent contre la France, ne doit-il pas s’attendre à répondre de ses actes ?

  2. Tous les «  ministres «  de l’intérieur de ces dernières décennies évoquent un sentiment ( injustifié ? ) d’insécurité
    Moi je pense qu’ils ont raison …

  3. J’ai arrêté de lire à « violences verbales ».
    Arrêtons avec ça, c’est juste une figure de style et il faut vraiment avoir une vie extrêmement privilégiée pour comparer une insulte et une attaque physique.
    Arrêtons d’être des chochottes par ce que ça discrédite tout le reste.

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