La question de l'obligation vaccinale anti-Covid fait rage en France. Chacun est face à l’obligation de choisir d'aller se faire vacciner maintenant ou de décider de ne pas le faire. Ne pas choisir, en pratique, c’est soit ignorer la réalité, la maladie et son vaccin, soit prendre une pièce de monnaie et tirer à pile ou face. Plutôt choisir, donc. Mais, quoi ?

Les personnels hospitaliers se sont vus proposer le vaccin en priorité et certains hésitent donc désormais depuis des mois à se faire vacciner. Une majorité des soignants a été piquée et même une très grande majorité parmi les docteurs. Ces derniers sont censés être les plus experts pour juger du pari qu’est la vaccination et faire le choix le moins risqué. Les Français seraient donc avisés de suivre leur exemple et de se faire vacciner en masse.

Au contraire, on peut considérer que ces médecins manquent de recul et ont eu tort d’avoir fait ce choix. Ce ne serait qu’une nouvelle illustration du fait que « les médecins sont les patients les plus mal soignés ». Ce paradoxe est réel car beaucoup n’ont pas de « médecin traitant » et ne bénéficient donc pas d'un regard extérieur bienveillant. Pour leur santé, ils sont en même temps au premier rang et sans recul. Dans ce cas, si les toubibs ont fait le choix de se vacciner, il serait plus prudent pour les autres de faire le choix inverse.

Il y a encore incertitude. Les injonctions contradictoires pleuvent. En résulte une grande tension. La tragédie est palpable dans les débats, par exemple Éric Zemmour sur le plateau de CNews s’énervant en disant qu’il ne faut pas s’énerver. Il a deux fois raison : de s’énerver et de dire qu’il ne faut pas le faire.

Les politiciens sont les acteurs du drame de l’obligation vaccinale mais aussi ceux de la prochaine élection présidentielle. Dans cette optique, la position des anti-vaccins me paraît bien plus confortable. Si une forte vague s’abat, fin 2021, ils pourront dire « Vous voyez bien, c'était pas la peine de se faire vacciner, le vaccin ne change rien ». A contrario, si l'épidémie est minime, il sera aisé d’objecter « Vous voyez, il ne fallait pas se faire vacciner, le virus est bien moins nocif qu'on nous le racontait ». Obliger à la vaccination est, au contraire, politiquement très risqué car l’électeur ne pardonnerait pas un échec, personnel ou collectif, de la vaccination.

Bon tacticien comme Emmanuel Macron, Éric Zemmour ne veut pas obliger ouvertement à la vaccination. Il a montré, le 6 juillet, qu'il pouvait se faire chantre de la liberté individuelle et sortir de son discours habituellement moins libéral.

Sa démonstration était ostensiblement anti-obligation vaccinale. Cependant, il n'exclut pas une incitation vaccinale, précisant : « On peut favoriser la vaccination en rendant le pass (vaccinal) plus obligatoire. » Il n’a pas voulu voir le paradoxe. Contraindre les activités sociales des non-vaccinés, par exemple en les obligeant à montrer un test PCR négatif récent et payé de leur seule poche, est de fait une obligation vaccinale pour tous ceux qui ne veulent pas rester isolés et sont pauvres ou n’aiment pas avoir un écouvillon au fond des narines. Ce serait donc une obligation quasi générale à laquelle, en même temps, il dit s’opposer.

Bien moins fin que lui, je nommais obligation vaccinale ce qu’il appelle « incitation à la vaccination », suscitant des réactions indignées.

Qui inciter, aujourd’hui ? Il admet que « le vaccin limite la transmission » mais rejette l’incitation aux jeunes. Il semble oublier que le vaccin est loin de prémunir tous les vaccinés, particulièrement chez les vieux et avec certains variants. Même si tous les vieux sont vaccinés, il est utile de vacciner les jeunes. Le problème est là. Il importe de limiter la transmission, donc inciter les jeunes à se vacciner n’est pas insensé et serait une promotion de leur responsabilité sociale.

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08 juillet 2021 à 15:48

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