Les nouveaux tarifs médicaux ne sont pas la solution miracle !
À partir du 1er novembre, les tarifs des consultations chez les médecins vont augmenter. La consultation de base reste à 25 €, mais deux nouvelles consultations médicales sont créées : l'une "complexe" à 46 €, l'autre dite "très complexe" à 60 euros. Depuis le début des conventions entre médecins et Sécurité sociale, le tarif Sécu est censé représenter la valeur forfaitaire de l'acte moyen, au risque de créer une frustration chez les deux parties. Chez le patient, quand on lui demande 25 € pour un rapide renouvellement d'ordonnance ; chez le médecin, lorsqu'il a mis trois quarts d'heure à débrouiller une situation complexe. Certaines majorations en fonction du profil des patients existaient déjà, ainsi qu'une "prime" si le praticien répond aux objectifs de santé publique. Mais en 2016, Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, jugea le système de l'époque illisible et souhaita une "remise à plat" du mille-feuille des rémunérations forfaitaires des médecins.
Si une augmentation est toujours bonne à prendre, il est douteux que cet ajout de feuilles au gâteau atteigne son but de simplification. Sera "complexe", par exemple, la consultation pour une "jeune fille de 15 à 18 ans souhaitant obtenir une contraception ou une consultation de prévention contre les maladies sexuellement transmissibles". Mais si elle a 14 ans et demi, n'est-ce pas encore plus complexe ? De même pour le "risque avéré d'obésité chez l'enfant de 3 à 12 ans". Mais à partir de quand un risque est-il "avéré" ? On le voit, ce n'est pas aujourd'hui que l'usine à gaz qui pousse de nombreux confrères en fin de carrière à dévisser leurs plaques s'effondrera. Quand à l'idée avancée par le ministère que revaloriser le salaire des médecins pourrait enrayer la crise des vocations… même pas en rêve, diraient les jeunes.
Derrière chaque acte codé effectué par un médecin et envoyé par carte Vitale, les ordinateurs de la Sécu moulinent. Ils en vérifient la pertinence par rapport à la spécialité du praticien, les classent par fréquence, les comparent avec les confrères du même "bassin de vie", etc., et idem pour les prescriptions médicamenteuses.
Les "anomalies" sortent alors de l'ordinateur comme les tartines d'un grille-pain, motivant des contrôles personnalisés plus poussés aboutissant à courriers simples, puis recommandés, puis convocations en commissions consultatives paritaires, jusqu'aux sanctions par le directeur de la CPAM locale. Mais ce sont souvent de curieux filets, qui attrapent les petits poissons et laissent passer les gros, notamment en matière d'arrêts de travail… Enfin, périodiquement, ces données statistiques sont envoyées aux médecins (et au fisc). Ce qui donne de belles occasions de rigolade dans les dîners confraternels : le généraliste se voit gratifié d'actes de radiologie, l'ORL apprend qu'il a fait des accouchements et le pédiatre que 5 % de sa clientèle a plus de 65 ans ! Tels sont les miracles de l'informatique des administrations…
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