Plus rien ne sera comme avant, qu’ils disaient. Pour sûr : ce sera pire. Sous la classe dirigeante qui tire déjà les ficelles, ce sera le pouvoir aux crétins dans un monde transformé en un gigantesque supermarché de surconsommation.

C’est un petit papier bien titré dans Le HuffPost de ce mercredi matin : « Nabilla se fait remarquer avec son “masque de riche inutile”. » Comme moi, peut-être, vous n’avez que faire de ladite Nabilla dont le nom n’évoque que de loin les âneries de la télé-réalité. Le Huff, toutefois, la qualifie de « star ». On est star à peu de frais, aujourd’hui. Il suffit, en effet, d’avoir montré ses appas siliconés (que la nouvelle réforme de l’orthographe conseille d’écrire, désormais, « appâts ») et débité des niaiseries devant les caméras pour attirer des millions de followers à ses basques.

Nabilla, donc, qui fait l’actualité parce qu’elle se met en scène avec un masque des Mille et une nuits : une résille de strass. Mauvais goût et inefficacité garantis. « Même si ces photos ne permettent pas d’affirmer que Nabilla était en public, une vidéo d’elle, partagée en story sur Snapchat et Instagram le même soir, indique qu’elle a bien porté ce masque esthétique dans un restaurant, faisant fi des gestes barrières », écrit Le Huff. Que Nabilla soit « virussée » est le cadet de mes soucis. Son cerveau d’influenceuse ne manquera pas à ma planète. Ce qui me chagrine davantage est ce que cette anecdote révèle de notre monde actuel.

Comme d’autres vedettes de la télé-réalité dont les noms, je l’avoue humblement, m’étaient totalement inconnus jusqu’à la lecture récente d’un article les concernant (Nabilla et Thomas Vergara, Caroline Receveur et Hugo Philip, Jessica Thivenin et Thibault Garcia, Julien et Manon Tanti), Nabilla vit à Dubaï. C’est Le HuffPost, encore, qui nous l’apprend : « Ces derniers mois ou même semaines, tous ont choisi de s’expatrier à Dubaï d’où ils exposent à l’envi à leurs millions d’abonnés leur nouveau quotidien sous le soleil. »

Leur métier : influenceurs. Je traduis : prescripteurs de dépenses inutiles pour adolescents en mal de notoriété et djeuns abonnés au RSA. Et pourquoi sont-elles parties vivre à Dubaï, ces gloires de la frime ? Pour « la sécurité », « la multi-culturalité » ou encore la météo, disent « les agences qui gèrent leur carrière ». Eh oui, parce qu’il y a des agences d’influenceurs !

La première raison, donc, mise en avant par tous ces tartuffes est la sécurité. Ben oui, faut les comprendre, tous ces montreurs de derrière patentés qui passent leurs jours et leurs nuits à se mettre en scène : « Ce sont des personnalités connues dont les visages sont très familiers en France. Étant donné qu’ils partagent leur vie au quotidien à la télé ou sur les réseaux, les gens en France [qui, quoi, où ça ? NDLR] ont parfois du mal à établir des limites à respecter leur vie privée. » Pauvres chéris ! Se donner tant de mal pour être connu et se plaindre d’être reconnu… Avouez, la vie des bêtes est injuste.

Fin limier, Le Huff suppute une autre explication : « D’autres facteurs pourraient bien les avoir poussés à choisir cette ville des Émirats arabes unis. » Ah bon ? Lesquels ?

« Il y a certes une fiscalité plus avantageuse mais il faut avant tout savoir que détenir un passeport occidental permet d’obtenir beaucoup d’avantages à Dubaï », dit une certaine Amélie Le Renard, « sociologue et autrice de l’ouvrage Le Privilège occidental. Travail, intimité et hiérarchies postcoloniales à Dubaï » (Presses de Sciences Po, 2019).

Le post-colonialisme est très friqué. Depuis que les Émiratis sont descendus de leurs chameaux pour plonger dans les puits de pétrole, le strass coule à flots dans le désert. Hélas, l’or noir pâlit, il faut songer au grand remplacement. La crétinerie consumériste s’avère alors être une manne à la hauteur…

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16 décembre 2020 à 11:11

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