Mélenchon et le grand pardon des médias : tout est bon pour sauver la gauche

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C’était la sortie des bobos, l’occasion de flâner au soleil après le brunch du dimanche matin. C’est Libération qui l’écrit : « Les terrasses sont pleines, les vélos de sortie, les poussettes aussi : ne manque plus qu’un peu de musique pour meubler l’après-midi. Ça tombe bien, place de la République, une grande scène a été dressée. » C’est celle qui attend Jean-Luc Mélenchon pour son grand meeting. Il a appelé les Français à manifester pour la VIe République.

Il y a là des curieux qui viennent « regarder deux minutes » avant de s’en aller flâner sur les bords de Seine ; des macroniens de la première heure déçus par leur poulain, beaucoup de socialos de la dernière heure, aussi… Ils rêvent d’un vote « efficace ». Leur gauche est dans une telle déconfiture qu’ils ne savent plus où donner du bulletin, alors Mélenchon, pourquoi pas. Parce que chez ces gens-là, Monsieur, on ne peut être que de gauche !

Mélenchon arrive, se prend pour Louis XIV, rejoue le passage de l’ombre à la lumière comme autrefois Jack Lang à l’élection de Mitterrand. Son meeting tombe à l’heure de l’équinoxe, « à l’heure où le soleil a vaincu et où il surpassera demain l’obscurité », qu’il dit (Libération, 20/3/2022).

Mélenchon démiurge. La preuve : sur la photo que David Guiraud, l’Insoumis qui défend LFI sur les plateaux télé, a publiée pour illustrer la fête, les arbres de la place de la République sont couverts de feuilles (tweet supprimé depuis). Dans la réalité ils n’en ont pas, alors il a mis la photo du meeting de 2017. C’est pas une « fake news », c’est pour la couleur. Des arbres au houpier fourni, ça rend mieux. Du coup, on s’interroge aussi sur le nombre des participants : combien étaient-ils ? LFI en revendique 100.000. Invérifiable, la préfecture de police refusant de communiquer les chiffres.

Mélenchon réclame l’instauration d’une VIe République, histoire de « reprendre le contrôle de nos vies », comme dit la légende sous la photo bidon. « La Constitution, c'est l'occasion pour le peuple français de se refonder lui-même », dit-il (Europe 1, 21/3/2022). Cela avec deux objectifs essentiels : « la stabilité des institutions sans lesquelles on ne peut vivre et la possibilité permanente pour le peuple d'intervenir à tout moment grâce au référendum d'initiative citoyenne ». Personnellement, je ne vois guère comment l’on garantit la stabilité dans un système où tout est constamment remis en question et où l’on prévoit, à tout moment, « la révocation des élus par le peuple ».

On retrouve là, bien sûr, les revendications instillées par le même Mélenchon dans le mouvement des gilets jaunes. Gilets jaunes auxquels il promet, d’ailleurs, l’amnistie pour tous les condamnés qui, par définition, ont été victimes de violences policières et de tribunaux injustes. Il faut croire qu’à LFI, on ne distingue pas entre les Black Blocs et les autres, les casseurs et le bon peuple. Quant à la police, Mélenchon veut tout bonnement la désarmer, ce qui laisserait le champ libre aux « révolutionnaires » qu’il chérit.

Curieusement, on ne voit guère, dans la grande presse, de critiques à l’égard du patron de La France insoumise. Pourtant, alors qu’il tenait meeting le jour où l’on commémorait, à Toulouse, les attentats perpétrés par Mohammed Merah, on aurait pu rappeler sa sortie du 6 juin dernier, au micro de France Info : « Vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre. Ça a été Merah en 2012, ça a été l'attentat la dernière semaine sur les Champs-Élysées [en 2017...]. Tout ça, c'est écrit d'avance. »

Paris Match relève plutôt que, ce dimanche, « l’odeur de merguez se mélange parfois à celle du cannabis. Les drapeaux français se comptent sur les doigts d’une main, laissant place à ceux de l’Union populaire, des LGBT, de la Palestine. » Et quand Mélenchon énumère les lois scélérates du gouvernement Macron, figure en bonne place celle sur le séparatisme, attirant les huées d’une partie de la foule.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

54 commentaires

  1. Quand les élections reviennent, « on » se lâche! bon, chacun sa fixette pour l’avenir, mais Mélenchon est un homme politique, contrairement à d’autres, honnête. Alors on l’attaque politiquement, mais pas, s’il vous plaît, en dessous de la ceinture: vous vous caricaturez là!

  2. Une seule phrase discrédite à jamais ce mauvais clown à la diarrhée verbale c’est quand il promet la «creolisation » de la France….Et son public est constitué des acidifiés de la vie et quelques naïfs séduits par ses saillies d’insoumis !!
    Et il en vie grassement le fourbe!!

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