Macron étale son bilan de rêve sur TF1 : une France Potemkine bien loin de la réalité

emmanuel-macron-ou-va-la-france-tf1-e6b46b-0@1x

Quatre-vingt-dix minutes tranquilles durant lesquelles Monsieur est servi. Ses succès, ses défis, ses états d’âme, ses bonnes décisions, ses opposants crasseux et butés, le tout sur la première chaîne de France, TF1. Le Président présente une France Potemkine, comparable à ces villages russes qui n'étaient que des décors en carton. De Pécresse à Zemmour, on s’est ému de l’organisation de cet exercice d’autosatisfaction sans frein, en pleine campagne électorale, sans que la question du temps de parole du futur candidat ne soit soulevée. Le pays si prompt à donner des leçons de démocratie à la Terre entière a ses petits côtés de république bananière. « Nous ferons le tri », assure en substance le Conseil supérieur de l’audiovisuel, le tri entre les propos du candidat Président et ceux du Président candidat. Bon courage ! L’émission « Où va la France ? », animée par Audrey Crespo-Mara et Darius Rochebin, est garantie sans spontanéité. Tournée plusieurs jours avant sa diffusion, elle a aussi été montée, donc coupée. On ne saura jamais quelles parties de l’entretien ont été ainsi évacuées, ni pourquoi, ni comment. Ce sont précisément ces parties coupées au montage qui auraient intéressé les Français.

Macron s’offre ainsi une vaste fresque peinte de sa main, le coup de pinceau masquant habilement et opportunément les détails dérangeants. Personne ne pose la question qui brûle les lèvres des Français. Qu’a-t-il fait du prestige de la France, de l’image de notre pays auprès des Français eux-mêmes (on les oublie si souvent) ? Une image terrible, marquée par les assauts du terrorisme islamiste, les égorgements et assassinats parmi lesquels celui d’un professeur de Conflans-Sainte-Honorine, la ville de Michel Rocard. Une image marquée par les voitures brûlées, les attaques incessantes et de plus en plus violentes de policiers et de gendarmes ou même de pompiers dans des zones de non-droit qui continuent tranquillement à vivre du trafic de drogue. Une image plombée par les attaques aux libertés, liberté de la presse comprise.

Qu'a-t-il fait du prestige de la France à l’extérieur ? La France de Macron présente le visage d’un pays en déclin, dont l’endettement a explosé (il atteint 120 % du PIB), dont le commerce extérieur s’effondre, dont les frontières sont devenues des passoires de plus en plus perméables à une immigration devenue folle. Un pays dont les quartiers brûlent, où des bandes pillent, amassent des fortunes sur la drogue et la prostitution et enflamment les villes au mortier sous les caméras du monde en toute impunité, tandis que l’automobiliste de province, assommé d’amendes, de taxes et de contraintes (le 80 km/h, entre autres) tente de survivre dans la légalité. L'image est moins abîmée que le pays lui-même. Au terme de cinq ans de macronisme, la France n’a pas réglé le problème des retraites, courageusement mis sous le tapis, ni son chômage endémique, ni son taux de prélèvement de 45 % - le plus fort de l’OCDE avec le Danemark.

À l’heure de présenter un tel bilan, il vaut mieux, en effet, ne pas avoir trop de contradicteurs. Et avoir affaire à des journalistes bien plus coulants qu’une Léa Salamé face à Zemmour. Ce mercredi soir, les Français comparent deux tons, deux révérences, deux questionnements, deux agressivités. Le spectacle d’une démocratie modèle, bien sûr…

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois