« En Italie, le gouvernement accusé de favoriser l’évasion fiscale », tel est le titre d’une chronique de France Info. La prochaine fois, ce sera : « Giorgia Meloni main dans la main avec la mafia » ?

Soyons sérieux ! Dans la loi de finances 2023, le gouvernement Meloni a présenté une mesure qui autorise les commerçants à refuser le paiement par carte bancaire pour un montant inférieur à 60 euros : il s’agit d’une mesure destinée à alléger les frais et commissions bancaires des artisans et commerçants lors de transactions payées électroniquement. Accuser pour autant le gouvernement d’incitation à la haine fiscale est donc un peu caricatural : les commerçants devront évidemment donner un ticket de caisse pour ces paiements, mais ne seront plus sanctionnés par des amendes, comme c’était le cas depuis le gouvernement Draghi s’ils refusaient le paiement par carte. C’est donc un étau qui se desserre et une mesure évidemment libératoire pour les commerçants. L’autre mesure est celle du relèvement du montant maximal pour payer en liquide un artisan ou un commerçant à 5.000 euros : le plafond était de 2.000 euros actuellement, le gouvernement Draghi avait prévu qu’il soit rabaissé à 1.000 euros en 2023. Conformément à ses promesses électorales et à la philosophie générale de son action politique, le gouvernement se réoriente vers plus de liberté.

Bruxelles n’a évidemment pas tardé à réagir, c’est le genre de mesure qui freine la mise sous contrôle général de chaque geste de notre vie quotidienne que la Commission entend imposer à chaque pays membre de l’Union européenne, singulièrement depuis l’épisode du Covid. Il suffit, pour s’en convaincre, de voir les pouvoirs que la Commission européenne, non élue, s’est arrogé en matière de défense, de politique sanitaire et de politique fiscale, par exemple.

En effet, si Bruxelles a globalement accordé son satisfecit au budget italien, qui doit encore retourner au Parlement pour approbation, ces deux mesures ont été vivement critiquées. Sous prétexte de ne pas respecter les objectifs de lutte contre l’évasion fiscale, ce sont en réalité deux philosophies politiques qui s’affrontent : tandis que la Commission européenne, soutenue par tous les gouvernements de centre gauche, œuvre à plus de traçabilité numérique et, donc, plus de contrôle de tous les aspects de la vie quotidienne, notamment les transactions commerciales, on peut se demander s’il ne s’agit pas, en réalité, d’accélérer vers une monnaie entièrement dématérialisée, ce qui n’est pas sans poser de sérieuses questions en matière de liberté de circuler, de consommer - de vivre, en somme. Après le passe sanitaire, le passe monétaire ? Dans les conditions d’attribution des fonds du Plan de relance européen aux Italiens, il y avait cette obligation de renforcer considérablement les paiements électroniques sous prétexte de lutte contre l’évasion fiscale.

En Italie, les paiements en liquide sont très répandus, surtout pour les petites dépenses du quotidien : les mesures prises sous le gouvernement Draghi visaient à uniformiser une société qui, sous certains aspects, est encore très traditionnelle. Le gouvernement Meloni, pas à pas, trace une autre voie, celle d’une réconciliation du citoyen avec l’État.

Depuis cette proposition gouvernementale, la gauche italienne est vent debout, criant à la main tendue à la mafia, à une facilitation de la fraude, etc. Sur les réseaux sociaux, ridiculement, la gauche des centre villes se répand en anecdotes : « J’ai payé mon café ce matin avec ma carte bleue », etc., s’accordant à peu de frais un brevet de moralité supplémentaire.

Sauf que… les scandales de corruption qui viennent d’éclater à Bruxelles, qui ne semblent être que la pointe émergée d’un iceberg aux profondeurs abyssales, impliquent majoritairement la gauche européenne. Il semble qu’une partie de la gauche italienne soit concernée.

C’est donc fort opportunément que les médias français, par de misérables contre-feux, tentent de lier l’actuel gouvernement italien à un quelconque objectif de favoriser l’évasion fiscale. N’est-ce pas pourtant chez Éva Kaïlí, membre éminente du Parti socialiste grec, le PASOK, que l’on a retrouvé plusieurs centaines de milliers d’euros d’argent… liquide ?

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14 décembre 2022 à 18:55

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54 commentaires

  1. Tout semble une opportunité pour que la bien pensance tape sur notre voisin italien !
    Tout ce petit monde (minable) ferait mieux se se pencher sur les problématiques générées par nos zélites…

  2. Bonjour . Alors que pour éradiquer la corruption , principal fléau de la Démocratie , avec les moyens numériques modernes dont nous disposons quasiment tous , nous pourrions très bien nous passer totalement du paiement en espèces . Je comprends que ça ne puisse pas plaire à tout le monde , il faudrait se poser la question de pourquoi !!!
    A titre d’exemple , j’ai vu récemment un reportage enregistré au fin fond de l’ Afrique , au Kenya , où l’on voit des Ménagères faire leur Marché et régler leurs achats de salades ou autres légumes avec leur Téléphone portable sans aucun échange d’espèces , ça ne semblait déranger personne , pas plus la cliente que le maraicher . J’ai 80 ans et ne suis pas un exemple type du , vous ne pouvez pas non plus me taxer de jeune , alors que je le fais moi même de notre Président Français actuel , simplement mon souci de hiérarchiser les priorités , m’amène à penser qu’il ne faut pas TOUT rejeter , à priori , ou pour de fausses questions de principes , des évolutions naturelles de notre société . Là , à mon sens Méloni , non seulement ne marque pas des points par rapport à Draghi , mais elle va à contresens de ce qu’elle est censée défendre politiquement par rapport à son électorat . Bon , j’espère m’être bien fait comprendre .

  3. J’ai pris l’habitude de payer tout ce qui est inférieur à 100€ en liquide (y compris l’essence). Les fanas du »sancontac » m’agacent au plus haut point. Il convient de défendre notre liberté de dépenser l’argent qu’on a honnêtement gagné comme on le souhaite (sans accord de l’état ou d’un quelconque autre dirigeant auto-proclamé). Quant à l’évasion fiscale, si les impôts n’étaient pas aussi conséquents pour alimenter un état obèse, tout le monde serait content d’en payer.

  4. L’utilisation de la carte bancaire est soumise à chaque transaction à un prélèvement par la société Visa.
    Il serait de 2 % du montant de la dite transaction.
    Et donc pour le destinataire, le commerçant ou l’artisan, une diminution de rémunération.
    Sûrement compensé à même hauteur lors de l’établissement du prix de vente ou du devis.
    Donc aucun avantage pour le consommateur, à payer en CB, si ce n’est son côté pratique et sécurisant.
    Et pour Visa, une source d’information inestimable.
    A chacun de nous de voir où se trouve notre intérêt, transparence ou liberté ?

  5. Quand va t’on une bonne fois pour toute remettre à sa place cette grosse commission qui s’infiltre partout , sa présidente en tête alors qu’elle n’a aucune légitimité car non élue .

  6. Il est tellement rare qu’un politique tienne ses promesses, que ce qui se passe en l’Italie aujourd’hui avec le gouvernement de Madame Méloni mérite de le souligner. Si en France, nous avions des politiques aussi respectueux de leur promesses, peut être que l’abstention deviendrait nulle. Aussi quand on sait que cette dernière profite le plus à l’oligarchie en place, on peut toujours se mettre à rêver.

  7. C’est assez curieux.

    J’avais cru comprendre que tous les paiements effectués par carte bancaire finissaient quelque part sur des serveurs aux Etats Unis.

    C’est un flux d’information construit patiemment depuis 30 ans (Action de monopole sur les cartes à puces, Chambres de compensation, Guerre des normes, Luttes contre la terrorisme après 2001, … etc …). En contre partie on a le droit au hit parade par pays pour le Black Friday. C’est comme le foot et ses histoires … cela distrait les consommateurs.

    Donc faut-il comprendre que Radio France favorise le transfert de nos infos aux states dont les moins pessimistes s’interrogent quant à l’utilisation réelle qu’ils en font ou plus habilement radio France est-il en train de noyer les states sous une dhiarrées d’informations inutiles qu’ils ont peine à décoder.

    Méloni protège-t-elle les states d’une dhiarrée d’informations !!!! Car j’avais cru comprendre qu’elle qui n’est pas une « young leader » mais une « aspen member » était copine avec Condolica Rice, … rappelez vous « Ignorer la Russie, Pardonner à l’Allemagne, Punir la France » en 2003.

    Ceci n’excuse pas Macron, qui snobe, Méloni la défenseuse de la famille traditionnelle.

    Comme disait Sempé, « rien n’est simple ».

  8. Le contrôle des opérations financières passe évidemment par les banques. A l’inverse les transactions « cash » y échappent. Supprimer les paiements « cash » prive donc de liberté le citoyen sur ses opérations financières. Mais c’est bien sûr présenté au nom de « sa » sécurité… La monnaie électronique n’est autre qu’un bout de papier sans autre valeur que celle qu’on veut bien lui donner. Et quand on sait que cette valeur n’est plus adossée à l’or on comprend qu’elle ne repose que sur la confiance de « celles-zé-ceux » qui veulent bien lui faire confiance. Le citoyen lambda n’aura donc d’autre choix que de faire confiance en ce bout de papier. Le système ainsi établi compte sur la confiance « forcée » du citoyen… et par là de son acceptation à son contrôle. Sauf évidemment si le citoyen ne veut plus faire confiance en ce système et revenir au troc d’antan… et ce n’est pas envisageable. Quoique !

  9. Toujours le même refrain , ces membres éminents de l’UE dont cette vice-présidente grecque qui nous donnent des lignes de conduite , comment va t-on payer ses courses au marché du coin ? avec une CB ou une puce électronique implantée , ou mieux encore avec notre smartphone (désolé mais pour grand nombre de personnes âgées ces appareils sont à l’image des petits hommes verts de l’espace)!!!
    Bravo Mme Meloni de prendre en considération l’opinion de votre peuple .

  10. Les incompétents de Bruxelles n’ont pas la parole. Ils sont juste bon pour nous ruiner. La décision de Madame Meloni est bien et j’espère que la France va suivre cette exemple.

  11. Règlementer et contrôler, voilà les obsessions de l’UE. Et cela est complètement idéologique et contre-productif. Les principales victimes étant la liberté et les peuples qu’il faut brimer par tous les moyens. Les principaux bénéficiaires étant nos concurrents. L’ADN de l’UE est totalitaire et le totalitarisme est toujours une stupidité.

  12. Comment feront les clients des dealers sans liquide ? Ce serait dramatique pour une économie qui fait vivre des centaines de milliers de famille. Qui dès lors devraient trouver d’autres moyens de vivre, sans doute aux dépens de ceux qui ne se droguent pas…

  13. Bruxelles veut un contrôle total sur nos paiements et autres opérations, supprimer le liquide, le remplacer par une monnaie électronique. La liberté que nous procure le liquide nous serait enlevée. Après les caméras dans la ville, les caméras dans nos portefeuilles !
    Dorénavant, si vous achetez un steak, on déduira l’empreinte carbone de votre « pass carbone ». Sous prétexte d’écologie, on va surveiller vos moindres achats.
    Pass carbone, pass sanitaire et vaccinal, pass électricité, pass financier, etc (tout cela groupé dans une petite puce, bientôt). Nous allons vers une société de « Total Control ». Manquera plus que le pass pipi au cas où vous déverserez trop d’acide urique dans la nature !

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