L’hommage bizarre de France 2 aux morts du Bataclan

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Michel Field, le directeur de la culture et du spectacle vivant de France Télévisions, voulait « une belle émission de divertissement, avec des chansons, des artistes, des textes, et qu’il y ait du sens et du contenu » car, bien sûr, la liberté fait partie intégrante de la République française. Pour l'anniversaire du drame du Bataclan, France télévisions a donc mis à l'antenne, hier 23 novembre, « sa » fête de la liberté, en prime time, à 21 h 10 sur France 2. Pour le contenu, la chaîne a marqué immédiatement son originalité.

La présentatrice Daphné Bürki n'a qu'une simple "pensée" pour les victimes de l'attentat, elle enchaîne avec le programme. L'émission vante « les valeurs de la République » sous toutes leurs formes : défense des femmes, promotion de la liberté, de la tolérance et même du vivre ensemble, en parfaite cohérence avec le projet initial imaginé par un professeur de musique et compositeur. Sébastien Boudria est, par ailleurs, fondateur de l’album Jours de gloire, interprété par des artistes francophones comme Camélia Jordana, Abd al Malik, Muriel Robin ou encore Sophie Marceau.

À l'heure dite, la télé publique frappe dur sur les symboles : Liberté, Égalité et Fraternité, encadrant la scène meurtrie du Bataclan. Le décor est posé. Un chœur d’enfants représentant la diversité entonne la chanson « Résiste », de France Gall. Dans la foulée, avant et après les chansons mièvres, chacun exprime ses opinions, ses combats, dénonce et fustige les injustices. Le tout sur fond de lutte contre les opprimés et de promotion des minorités. Courageux, très courageux. Et décisif. Tant qu'à oser, osons ! La chanteuse Camélia Jordana, qui affirme qu'elle se sent en insécurité face à la police, s’illustre par son hypocrisie en reprenant le « Chant des partisans ». Porter le combat pour la liberté en chantant une chanson de résistants et ne pas soutenir nos forces de l’ordre est insultant pour toute une profession. Mais la guimauve ambiante étouffe toute réflexion. Les responsabilités des politiques, des penseurs, des artistes, de tous ceux qui ont sciemment ou pas favorisé le terrorisme, leur arrivée en France, leurs idées, leurs réseaux, tout cela est bien loin de ces plateaux consensuels.

JoeyStarr l’ancien rappeur du groupe NTM, connu pour ses frasques et son fort tempérament, vient réciter le poème du grand Léopold Sédar Senghor, l'ancien président du Sénégal et académicien français, Lettre à mon frère blanc. Dire qu'il en fait des tonnes serait au-dessous de la réalité : Senghor aurait eu honte.

On défend une certaine liberté, on revendique surtout certains combats. Les artistes retrouvent le monopole de la parole. Aucune condamnation, rien sur le terrorisme islamiste... L'émission parait bâclée, faite d'interventions disparates qui s'enchaînent rapidement. C'est aussi la "fête de la promotion" :  théâtre et spectacle pour les uns, album et tournée pour les autres. On est si bien entre soi pour entonner cet hymne à la bien-pensance et à la cancel culture, le tout aux frais du contribuable. Il reste encore une heure d'émission. La soumission plate au politiquement correct en compagnie des nantis pour fêter la liberté sur un lieu de massacre tragique, conséquence directe des politiques délétères appliquées en France, il fallait y penser. Merci, France 2 ! Les morts du Bataclan méritaient mieux que ce spectacle affligeant.

Valentin Chery
Valentin Chery
Etudiant à l'Institut libre de Journalisme

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