Les nouvelles drogues : de quoi être très inquiet !
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Le drame des toxicomanies progresse en France*, sans susciter des « pouvoirs publics » des réactions à sa mesure.
Quel desperado de la politique aurait le front de militer pour l’interdiction du tabac aux treize millions de fumeurs - alors qu’il tue 75.000 personnes par an (une ville comme La Rochelle) et qu’il altère la qualité de vie de ceux qui en mourront ou qui y survivront, par diverses pathologies (artérite, angine de poitrine, infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux, cancers, etc.) ? Le paysage de l’alcool est assez semblable, avec ses 45.000 décès annuels (une ville comme Boulogne-sur-Mer).
Aux drames de ces drogues licites s’ajoutent ceux des drogues illicites, même si leur prohibition diminue la fréquence de leurs dégâts. Le cannabis, beaucoup plus toxique que le tabac, compte 1.500.000 usagers réguliers, dont 900.000 consommateurs quotidiens. Les morphiniques (morphine, codéine, tramadol, héroïne et ses produits de substitution) ont rendu dépendants plus de 300.000 de nos concitoyens, avec 400 décès par surdose ; certes, très loin de « la crise des opioïdes » aux USA, avec 60.000 décès.
Évoquons les autres drogues, qu’on qualifiera de « nouvelles », soit du fait de l’expansion récente de la consommation de molécules anciennes, soit de par l’originalité de leur conception.
Le protoxyde d’azote (le « proto » ou gaz hilarant de Davy ; N2O pour les chimistes). Ce gaz est en vente libre, en obus métalliques comme recharges pour les appareils domestiques de fabrication de la crème chantilly. Son inhalation déclenche des « rires bêtes », une désinhibition avec des comportements dangereux, une anxiolyse, des céphalées, une ivresse, parfois des hallucinations, un certain degré d’amnésie, des spasmes, des nausées, des vomissements, des troubles du rythme cardiaque. Il est responsable de lésions de la moelle épinière. Son association (non exceptionnelle) à l’alcool et aux stupéfiants peut conduire à des accidents graves, par inhibition respiratoire. Son usage répété peut installer une addiction. Ce protoxyde d’azote devient utilisé à des fins toxicomaniaques.
Le gamma OH (γ OH ; gamma-hydroxybutyrate ; Oxybat) est hypnotique, anesthésique général. C’est un des médicaments utilisés dans le syndrome de Gélineau (accès subits de sommeil, avec chute du tonus musculaire). C’est un liquide incolore, inodore, insipide qui, versé dans un verre, lors d’une soirée « en boîte », crée un état de soumission dont abusera l’auteur de ce forfait.
Le « Buddha Blue » appartient à la famille des cannabinoïdes de synthèse. Il est beaucoup plus puissant que le cannabis ; il est consommé, comme lui, dans des « joints ». Apparu en France en 2013, il est acheté sur le Net, sous forme de liquide ; il est consommé avec des vapoteurs ou en poudre mélangée à un végétal sec pour être fumé. Il peut aussi être ingéré, mélangé à des aliments riches en graisses. Ses effets s’apparentent qualitativement à ceux de la résine de cannabis, mais en beaucoup plus intenses : euphorie, rires accompagnés d’hallucinations. Ses effets indésirables comportent une hyperthermie, des troubles neurologiques, psychiatriques, cardio-vasculaires, mais aussi pulmonaires, digestifs ou encore rénaux. On note, également, des épisodes psychotiques parfois violents ainsi que des crises convulsives. Dès juillet 2017, l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies recensait une centaine de décès impliquant les cannabinoïdes de synthèse. Des intoxications ont été signalées récemment en Bretagne et en Normandie (17 intoxications au « Buddha Blue » ont été recensées dans l’Académie de Caen, entre septembre et octobre 2019). À l’instar du buddha, de nouveaux cannabinoïdes de synthèse sont proposés presque chaque mois sur le Net.
L’ecstasy (N-Méthyl Dioxy Méth Amphétamine/MDMA/Taz) fit florès avec l’essor du mouvement techno, puis sa consommation a diminué. Elle réapparaît maintenant à des doses beaucoup plus élevées. Les comprimés, qui étaient dosés à 45 mg, sont désormais à 300 mg ; ses effets vont très au-delà des états empathogènes, entactogènes attendus ; elle est hallucinogène et peut être létale. Dix décès lui sont imputés depuis le début de l’année, seulement pour Paris.
Non, ne dormez pas tranquilles, braves gens ! Le drame des toxicomanies s’intensifie ; notre nation est très particulièrement touchée, en raison de son absence de prévention (dénoncée par l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies). Nous abordons cette compétition rigoureuse qu’est la mondialisation avec des chaussures aux semelles de plomb.
* Le Désastre des toxicomanies en France J. Costentin, 2017, Éd. Docis (8 rue de la Rosière, Paris VIIIe)
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