Les gilets jaunes… et ensuite ?
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L’automobile représente 9,2 % des dépenses de consommation des ménages selon l’INSEE. Pour les plus modestes et éloignés des centres urbains, pour qui elle représente une part supérieure, mais une dépense indispensable à toute vie sociale et professionnelle, la forte hausse du prix des carburants est un coup de poignard.
En un an, les prix du diesel et de l’essence ont respectivement augmenté de 23 % et 14 %. Face à la grogne généralisée, le gouvernement joue le double discours, alternant la mise en cause de la hausse du prix du baril et l’assumation d’une volonté de taxer le carburant au nom de la transition énergétique.
Le baril est à 67 dollars aujourd’hui, contre 147 en 2008. Si la parité euro-dollar a évolué, le baril, actuellement à 59 euros, reste loin des 80 euros qu’il coûtait entre 2011 et 2014. La taxation est donc en bonne partie responsable de l’explosion du prix, mais le gouvernement prévoit de nouvelles taxes en 2019.
Une goutte d’eau qui fait déborder le vase d’expansion d’automobilistes déjà harcelés par un gouvernement ayant imposé la hausse du prix de la carte grise et du contrôle technique et l’injustifiable limitation à 80.
Un ras-le-bol qui, dans la ruralité, s’ajoute à un sentiment de relégation. La population voit fermer les postes, gendarmerie et petites gares mais constate que l’État verse deux fois plus d’argent par habitant aux collectivités en zone urbaine que rurale. Tous les ingrédients d’une jacquerie sont réunis.
Une jacquerie soutenue par 73 % des Français, alors que 85 % d’entre eux pensent que la transition énergétique est une urgence !
N’en reste pas moins que, sur le fond comme sur la forme, le modèle des gilets jaunes, tout légitime soit-il, ne peut durer.
Sur le fond, la croissance démographique et économique mondiale préfigure une hausse continue de la demande d’un pétrole aux réserves limitées. Avec la parité euro-dollar actuelle, un baril dépassant à nouveau les 100 dollars ferait exploser le prix à la pompe. Considérations qui s’ajoutent à la nécessité indiscutable de transition énergétique. Gilets jaunes ou non, nous ne roulerons probablement plus au diesel dans vingt ans, et mieux vaut s’y préparer.
Sur la forme, le mouvement dénonce, pêle-mêle, le prix du carburant, la hausse de la CSG ou le gel des retraites. Le constat est juste, mais accompagné d’aucune proposition.
Après avoir menacé les participants de sanctions multiples, le système politico-médiatique fera tout pour minorer les chiffres de la mobilisation, stigmatiser les manifestants et caricaturer leurs revendications.
Les gilets jaunes clament qu’ils ne veulent pas de récupération politique. Pourtant, sans structure, sans leaders ni porte-parole, sans revendications claires, sans modèle alternatif à proposer, la récupération politique est probablement ce dont ils ont le plus besoin.
Dans le bras de fer engagé entre le gouvernement et une France périphérique méprisée, le 17 novembre est une étape, les gilets jaunes un moyen, mais certainement pas une fin.
Thématiques :
France périphérique
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