Les « belles histoires » de Marlène Schiappa…

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Marlène Schiappa pratique la « positive attitude ». Elle voudrait bien que la télévision du service public en fasse un peu de même. Prenez les émissions de cette scie d’Élise Lucet, « Cash investigation » et « Envoyé spécial » : toujours à voir le mauvais côté des choses. En vrac, les dérapages des marchés publics, le grand détournement de la formation professionnelle, le bilan de la fusion des régions, les erreurs de la Justice, etc. Stop, n'en jetez plus !

C’est pénible, à la fin. Déprimant, a l’air de dire la secrétaire d’État dans une interview à Télé Loisirs. "Je trouve que quand on montre sans cesse, sur le service public de surcroît, aux gens des exemples de politiciens corrompus, d’hommes et de femmes politiques véreux, de gens qui détournent de l’argent […] Quand on ne montre que ça, je crois qu’on installe dans l’esprit des gens “Wouah, ils sont tous comme ça”." Là, on a envie de dire à Marlène Schiappa, qui semble découvrir la lune, que c’est un peu le principe de la presse depuis toujours, non ? C’est bien connu, il est plus intéressant de parler des trains qui déraillent que de ceux qui arrivent à l’heure. Quoique, aujourd’hui… On aime, on n’aime pas, mais le fond de commerce d’Élise Lucet et de ce type d’émissions, c’est justement de dénoncer, pas de tresser des couronnes. Marlène Schiappa, elle, voudrait qu’"on alterne et que de temps en temps il y ait de belles histoires… Que l’on parle des responsables politiques, qui s’engagent, souvent pour pas grand-chose…" Certes.

Intéressant, tout de même, ce "sur le service public de surcroît" dans la bouche du ministre. Qu’est-ce à dire ? Marlène Schiappa rêve-t-elle d’une télé d’État comme au bon vieux temps de l’ORTF lorsque Nounours et le marchand de sable souhaitaient une bonne nuit aux petits enfants et à leurs parents par la même occasion ? À présenter toutes ces vilenies, finalement, on alimenterait le populisme. Si, si, c’est Marlène Schiappa qui le dit : "C’est un peu une forme de populisme de dire qu’ils sont tous pourris." Et qui dit populisme, par extension, vous voyez ce que je veux dire... Le peuple, faut pas qu’il en sache trop. Vous comprenez, après, il descend dans la rue, investit ces fameux ronds-points, gouffres financiers et néanmoins fiertés municipales de notre douce France.

Il est vrai qu’il y a tellement de choses, de "belles histoires", comme dit Marlène Schiappa, à offrir aux Français au lieu d’aller chercher la petite bête. Prenez, par exemple, l’affaire Benalla : voilà un gars qui ne comptait pas ses heures à l’Élysée, qui, à un moment donné, a eu besoin de s’oxygéner un peu, de se défouler, vous comprenez, qui a voulu rendre service en donnant un coup de main aux policiers. Et voyez ce que les médias ont fait de cette belle histoire : du carburant pour la machine populiste…

En revanche, il faut bien reconnaître que, de temps en temps, on sait aussi nous présenter de "belles histoires". Par exemple, la venue d’Emmanuel Macron à Angers, jeudi 28 mars, pour faire la leçon aux rejetons des gilets jaunes. De bien belles et émouvantes images de notre Président entouré des petits enfants de France sur toutes les chaînes de télévision. Ça, c’était bien. « Positive attitude ». Bon, la réalité à Angers a peut-être été un peu différente, comme le laissait entendre Le Courrier de l’Ouest, le journal local, qui titrait, ce vendredi matin : "Angers. Visite de Macron : une ville morte, les commerçants râlent", avec des photos de rues désertes, façon peur sur la ville, ou encore d’autres barricadées pour faciliter le passage de la reine de Saba, de sa cour et de ses lévriers. Ça, c’est pas bon. C’est pas « positive attitude ».

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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