Le temps des bouffées délirantes

Le 4 avril 2017, Sarah Halimi, une vieille dame de confession israélite est assassinée. Aux cris de « Allah Akbar », le meurtrier la massacre en récitant le Coran, puis la jette par-dessus le balcon. L’expertise conclut à son irresponsabilité au motif d’une « bouffée délirante » (sic) due à son imprégnation de cannabis dont il était consommateur régulier. Avis suivi par la Cour de cassation dans son arrêt du 14 avril 2021.

Ce n’est donc pas sa faute.

D’ailleurs, le condamner eût été scandaleusement islamophobe ! Un bon avocat pourrait même lui obtenir des dommages et intérêts car la société aurait dû le protéger en l’empêchant de se droguer. Sans oublier que tant que ce n’est pas dépénalisé, il ne peut bénéficier d’aucune aide sociale pour l’achat de ses joints. Finalement, qui est la victime ?

« Bouffée délirante ». Ce concept psycho-judiciaire n’est pas neuf, mais pourquoi ne pas profiter de la sagesse de la Cour de cassation pour le généraliser ? Voilà qui serait la preuve d’une approche audacieuse authentiquement sociale et enfin exonérée de toute islamophobie.

Ainsi le meurtre, ce 23 avril, de Stéphanie, policière à Rambouillet : simple bouffée délirante ? Consécutivement, pour ces policiers qui n’ont pas hésité à abattre l’auteur des coups de couteau, il est urgent de les mettre en examen pour violence policière et homicide volontaire sur personne en état de faiblesse.

Bouffée délirante : celle d’Éric zemmour lorsque, dans son émission, il ose dire des chose dérangeantes sur les mineurs étrangers, ce qui vaut à CNews d’être ipso facto condamnée à une amende de 200.000 euros pour le faire taire. Zemmour doit se défendre : ce n’est pas sa faute ! Il devait être sûrement sous l’empire du cannabis ou de toute autre drogue...

Bouffée délirante, celle de Robert Ménard à Béziers qui ose interdire l’exhibition de drapeaux étrangers lors des cérémonies de mariage. Bouffée délirante, encore, lorsqu’il a le culot de proposer une « charte de bonne conduite » aux cinq mosquées de sa ville pour exiger des prêches en français et le respect des valeurs républicaines. Deux acceptent de signer, trois refusent, heureusement soutenues par le préfet. Lui avait tout de suite compris que le maire était victime de cette redoutable « bouffée délirante ». C’est pour ça qu’il est préfet.

Bouffée délirante, celle de notre Président qui prétendait, en février, par la signature d’une charte, obtenir des fédérations musulmanes l’acceptation des principes républicains dont l’égalité homme-femme. Trois d’entre elles ont refusé ces propositions islamophobes ou, à tout le moins, prématurées. Les juges sont en embuscade.

Ce week-end, j’ai décidé de faire la fête, de me foutre du couvre-feu, de passer la barre des deux grammes, puis de prendre ma voiture et de la pousser carrément à plus de cent soixante au mépris des radars. Mais je suis malin, j’expliquerai aux représentants de la loi que j’étais complètement saoul, ce qui « altérait mon discernement ». Quand j’ai voulu associer ma compagne à ce beau projet, elle m’a fait remarquer que je n’avais aucune chance : l’alcool n’était pas une drogue interdite et, de toute façon, je n’étais même pas musulman. Elle a raison. Pour ma sécurité juridique, je doublerai l’alcool avec quelques joints, avant d’aller la dénoncer pour islamophobie.

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