Le fils du chef Yannick Alléno tué par un chauffard

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Il s'appelait Antoine, il avait 24 ans et, en ce soir du 8 mai, il raccompagnait une jeune femme de 28 ans à l'arrière de son scooter. Il était environ 23 heures et, dans les artères silencieuses du 7e arrondissement de Paris, les bars fermaient paresseusement. Il y avait presque un parfum d'été avant l'heure. On n'était pas loin de la tour Eiffel. Antoine Alléno avait la vie devant lui : il était à la tête du restaurant Burger Père et Fils, lancé l'année dernière avec son père, le chef triplement étoilé Yannick Alléno.

 

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Quelques minutes auparavant, un banlieusard de Bezons (Val-d'Oise), avec un casier long comme le bras et déjà recherché pour une peine de prison à purger, venait de remettre un faux ticket au voiturier d'un grand restaurant de la rue du Bac. Selon TF1, « le suspect est un membre de la communauté des gens du voyage. Il s’appelle Francky D. et est né en 1997. Il avait 1,30 g d’alcool dans le sang au moment de l’accident. » Il avait pris possession de l'Audi RS6 avec, sans doute, une joie mauvaise avant de partir, pied au plancher, au volant d'un véhicule trop rapide pour lui - un véhicule qu'il conduisait comme sa propre vie, probablement : n'importe comment, sans empathie, en faisant le mariole.

Au feu rouge de la place de la Résistance, devant le pont de l'Alma, Antoine attendait toujours. Le voleur, lancé, tenta de passer entre le scooter d'Antoine et un taxi. Il percuta de plein fouet le scooter et le taxi, puis s'enfuit à pied. Un commissaire de police, qui n'était pas en service, l'interpella immédiatement. Francky D. refusa de se soumettre au contrôle d'alcoolémie. Les secours furent rapidement sur les lieux : pas de blessés dans le taxi ; la jeune femme, grièvement blessée, pronostic vital engagé, fut conduite aux urgences. Antoine Alléno, lui, était déjà mort.

Des Antoine Alléno, il y en a tous les jours, fauchés par des bolides volés ou non ; pour eux, pas de comités Justice pour Antoine, pas de feux de poubelles, pas de haine. De la tristesse et de l'incompréhension : c'est tout ce qu'il reste à des familles ainsi meurtries par le destin. « Mauvais endroit, mauvais moment », vraiment, que de se trouver tranquillement à un feu rouge, un dimanche à 23 heures ? C'est un peu gros.

Antoine ne succédera jamais à son père. Il ne conduira pas d'Audi RS6, fût-elle honnêtement gagnée. Francky D., lui, qui aurait déjà dû être en prison, sortira libre dans quelques années. Et, peut-être, recommencera-t-il. Antoine et Francky sont ces deux France qui vivent face à face, l'une qui travaille et meurt, l'autre qui vole et tue. Il n'y a rien de politique, dans ce constat. Tout au plus peut-on laisser sa famille le pleurer et souhaiter, sans malheureusement y croire, que cela s'arrête.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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