Le coût effrayant de la crise sanitaire
Alors qu’elle sort provisoirement de la pandémie en attendant peut-être une quatrième vague liée au variant indien, la France commence à tirer le bilan du coût pour ses finances de la crise, et il est tout bonnement effrayant. Rappelons, d’abord, que les recettes de notre pays se montaient à 281 milliards, en 2019. Or, les dépenses et les moins-values fiscales atteignent, en 18 mois, le montant faramineux de 424 milliards, 1,5 fois notre budget annuel ! Pour un euro encaissé, nous en avons emprunté 0,66. La dette s’est envolée à 118 % du PIB, mais ce chiffre en lui-même n’est pas le problème principal. Il est bien plus préoccupant de constater que notre déficit budgétaire sera encore de 9,4 %, en 2021, et ne reviendra au niveau « acceptable » de 3 % qu’à la fin du prochain quinquennat, si aucune crise économique ne vient perturber le « redressement ».
Nous sommes en train de devenir « l’homme malade » de l’Europe. La dette, pour l’instant, est soutenable car les taux d’intérêt sont proches de 0. Or, l’inflation menace et les emprunts risquent fort de coûter 5 % par an dans un délai rapproché. 5 % sur une dette de 2.400 milliards représentent un versement aux créanciers de 120 milliards par an (soit près de la moitié des recettes fiscales), au lieu d’une trentaine de milliards actuellement. La faillite menace.
L’argent dépensé l’a été pour éviter les conséquences de la crise. On a dépensé ainsi 130 milliards en soutiens divers, 70 milliards d’euros d’aides sont allés aux entreprises (commerces, restaurants, fonds de solidarité). En 2020, l'exonération des cotisations sociales nous coûtera 8 milliards. Les mesures purement sanitaires (hausse des dépenses hospitalières, prix des vaccins) nous ont coûté 14 milliards, tandis que le plan de relance massif va creuser au total un trou de 100 milliards dans nos finances. D'autre part, 20 milliards seront consacrés à la baisse des impôts de production qui sont, il est vrai, les plus élevés d’Europe. En outre, en 2020 l’État a perdu 37 milliards de recettes, dont 12,2 milliards de TVA et 11,9 milliards d’impôts sur les sociétés. L’impôt sur le revenu a quasiment eu le même rendement en 2020 qu’en 2019, puisqu’on a choisi de financer intégralement le chômage partiel. Malgré le rebond prévu de 5 % de l’activité, le montant des recettes, en 2021, sera de 257 milliards au lieu de 281 en 2019, soit un repli sensible qui persistera pendant quelques années.
La France va dans le mur, elle est incapable de se réformer, elle est accro à la dépense publique (61 % du PIB, un record en Europe). Au lieu d’investir dans des secteurs d’avenir, elle a choisi de financer des administrations inefficaces ou des trains de nuit. L’illusion de l’argent gratuit (la dette Covid ne sera jamais remboursée) a fait des ravages en 2020. Le réveil sera brutal et les remèdes seront douloureux, voire insupportables. N’oublions jamais que les États peuvent faire faillite. Nous avons l’exemple terrifiant du Liban qui se débat dans une crise épouvantable et où plus de la moitié de la population est en dessous du seuil de pauvreté.
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