Le chaos vaccinatoire

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« La patience adoucit tout mal sans remède » (Horace).

Alors que l’on s’attend incessamment à une troisième vague encore plus dévastatrice que la première, c’est le chaos vaccinatoire dans bien des départements français. Heureusement, le mien a la chance de compter non seulement la pétulante et omniprésente députée LREM Aurore Bergé, mais même le président du Sénat himself !

Et à ces éminences s’ajoutent - après les vœux des maires et la galette des maires - les vaccinodromes des maires ; si bien qu’on en trouve même au cœur de cantons ruraux à faible densité de population. Aucun n’a raté, début janvier, le coup de pistolet du starter pour injecter de grands vieillards à espérance de vie réduite. Par contre, dans la clinique où j’ai longtemps exercé, « depuis plusieurs jours, des vaccins, on n’en a plus ! »

C’est ballot, parce que s’astreignent à y travailler, tous les jours, auprès des patients Covid, un confrère récemment greffé du rein, une infirmière atteinte d’un cancer du sein et un brancardier atteint d’un lymphome, lesquels en auraient sans doute plus besoin, de protection…

Merci et bravo à ceux qui, non sans l’aide précieuse de McKinsey, gèrent la répartition avec tant de pertinence.

Bien sûr avant de répartir, il faut avoir. Et à entendre la petite musique gouvernementale tendant à étirer l’élastique de la deuxième injection à six semaines au lieu de trois, on se dit qu’on est sans doute en train nous refaire le coup des masques, pas si nécessaires que ça puisque… on n’en avait pas.

Aussi l'Académie de médecine a-t-elle cru bon de rappeler qu’en matière de date de péremption, il y avait une petite différence entre un vaccin et un yaourt à la fraise, tout en concédant tout de même une semaine de rabiot : « À notre sens, l'annonce faite par le Premier ministre qui a indiqué qu'il faudrait faire la vaccination de rappel à 28 jours nous apparaît celle qui garantit le mieux la situation. »

Signe qui ne trompe pas, le président du Conseil national de l'Ordre des médecins, généralement peu contestataire du pouvoir quel qu’il soit, ose un regard critique sur la campagne de vaccination : « Nous nous interrogeons sur la disponibilité des doses, la logistique de mise en œuvre de la distribution, la façon dont les centres de vaccination augmentent alors que la disponibilité en doses n'a pas évolué… Effectivement, il y a dans cette campagne des interrogations organisationnelles à un moment où l'engagement des professionnels de santé, et notamment des médecins, a permis une inversion de l'attente de la population en matière vaccinale. »

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Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

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