Laurent Wauquiez s’essaie au « en même temps », mais est-ce vraiment la solution ?

Chez Les Républicains, la route s'est dégagée pour Laurent Wauquiez. M. Baroin a fait un petit tour de printemps, M. Bertrand n'a pas fait don de sa personne et Mme Pécresse préfère se ménager. Donc, ce sera M. Wauquiez. Car on voit mal le traître Solère le défier, et encore moins l'emporter dans un parti aux militants légitimistes et plus à droite que les macronistes du petit club Philippe.

Le maire du Puy a lancé sa campagne pour l'élection à la présidence du parti en donnant une interview au Monde. Certes, ses critiques de la présidence Macron sont difficilement audibles durant cette première séquence d'un quinquennat que beaucoup s'accordent, y compris à Boulevard Voltaire, à trouver réussie. Mais elles sont néanmoins intéressantes :

Emmanuel Macron n'a pas d'idéologie, pas de boussole, pas de valeurs... Pendant la campagne, il a promis d'augmenter le budget de la défense à 2 % du produit intérieur brut. Depuis son élection, il a fait de belles images en descendant dans un sous-marin nucléaire. Une semaine après, il a réalisé la coupe la plus claire dans le budget des armées.

Il y a un vide abyssal dans son discours sur le régalien, sur l'intégration, sur le creuset républicain. Il ne veut pas voir la réalité de l'islamisme radical, il est dans le déni.

L'autre problème de Macron est le divorce des deux France face à la mondialisation. Il comprend parfaitement la France qui réussit, celle des métropoles, il est à l'aise dans un hôtel de start-up à Paris ou à Las Vegas. Mais il ne s'est jamais adressé à l'autre France, celle des ouvriers et des classes moyennes.

Tout cela est bien vu, mais le problème, c'est que ces critiques-là, au mot près, nous les avons faites à la droite LR, aussi bien au pouvoir que dans l'opposition. Si le candidat LR a perdu, ce n'est pas seulement à cause de l'affaire Penelope, mais surtout pour ces raisons-là. Et les départs des traîtres, au moment du Trocadéro, puis lors de la constitution du gouvernement Philippe, n'a fait que matérialiser ce que l'électeur de droite pressent et qui l'éloigne irrémédiablement de ce parti.

Mais ce qui est le plus curieux, dans ces circonstances, c'est la stratégie que dessine M. Wauquiez pour décrocher la présidence du parti : un positionnement droitier ferme et, en même temps, une ouverture à toutes les sensibilités.

J'ai fait la preuve à travers mon itinéraire, à la tête de ma ville ou de ma région, qu'on peut avoir des convictions claires et en même temps être capable de rassembler. 

Il va y avoir une élection, qui permet à toutes les sensibilités qui souhaitent s'exprimer de le faire. Il faut qu'on retrouve une colonne vertébrale, qui n'exclut pas l'expression de sensibilités.

Il semble que, se destinant à affronter un jour M. Macron, M. Wauquiez, qui appartient à la même génération, ait décidé d'adopter ce mantra du « en même temps ».

Mais il n'est pas certain que ce mimétisme soit le salut pour cette droite LR qui se cherche. D'une part car le créneau du « en même temps » est durablement préempté par M. Macron, qui en usera et en abusera. D'autre part car le « en même temps » était précisément LE problème de la droite LR, la marque de son ambiguïté, la justification de toutes ses trahisons, ce qui repoussait ses électeurs, avides de cohérence.

Alors, si M. Wauquiez voulait inventer un « en même temps » vraiment transgressif, il faudrait qu'il renonce à cette dernière frilosité :

Il n'y a pas d'alliance avec le FN et je ne les accepterai jamais. Pour autant, je revendique de pouvoir parler aux gens qui ont voté FN.

Il va sans dire qu'à droite, y compris chez les électeurs LR, et a fortiori chez ceux qui, année après année, ont pris le maquis en votant FN, on attend bien plus que cela.

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