La rentrée littéraire de septembre approche à grands pas et, déjà, différents journaux esquissent les succès à venir. C’est donc le bon moment pour analyser une tendance grandissante en France - et en Occident, plus largement : le sensuel et l’obscène dans l’art. Car nous savons bien que la rentrée littéraire de septembre ne créera pas la surprise et se contentera d’approfondir les tendances commerciales.

Nous voyons, ainsi, de plus en plus, notre culture envahie par l’obscène et le sensuel, qui deviennent en réalité de véritables poncifs. Que ce soit par l’intermédiaire de la langue crue de Michel Houellebecq - qui vend ses livres par dizaines de milliers -, par celui du théâtre contemporain, qu’incarnent en partie les « performances » obscènes d’Emma Dante, ou encore par les multiplication des scènes sexuelles dans tout genre de film qui sortent d’Hollywood. Qu’en est-il sérieusement ? Est-ce là de l’« art », à l’instar du Tree de Paul McCarthy, qui trôna sur la place Vendôme ? Ou, justement, un affadissement de l’art ? Nous penchons plutôt pour la seconde proposition.

Mais avant de développer un peu plus notre réponse, nous devons vous dire que nous ne sommes pas opposés à la sensualité dans l’art. Pierre de Ronsard ne dépeignit-il point en vers, et avec adresse, ses désirs envers une belle femme ? Charles Baudelaire ne s’est-il pas illustré dans ce domaine, et avec majesté ? Et puis, n’est-il pas courant de tomber sur des nus dans les beaux-arts ? Si.

Seulement - et c’est là que tout se joue - ce fut fait avec style et avec une certaine grâce. Nous sommes à des lieues de la vulgarité et de l’obscène. Giambologna, dans son Enlèvement des Sabines, ne s’est-il que contenté de placer un plug gigantesque sur une place luxueuse ? L’art n’est pas écrit dans le cadre de la provocation. Pour cela, il y a les tribunes dans les journaux et la télévision. Rendons à César ce qui lui appartient, et à l’art l’éternité. Faire fi de l’éternel artistique au profit de l’ici et du maintenant, c’est l’assassiner. Alors, oui, cette montée du sensuel vulgaire dans notre culture est inquiétant. D’autant plus lorsque l’on sait que l’art transcrit l’esprit de son temps (le fameux « sismographe » d’André Breton).

De plus, n’y a-t-il pas plus de charme dans ce que les Britanniques appellent l’understatement ? Dire moins, exprimer plus. N’est-ce pas ce que fit Gustave Flaubert lorsqu’il évoqua la rencontre charnelle d’Emma et Léon ainsi : « Une main nue passa sous les petits rideaux de toile jaune, et jeta des déchirures de papier qui se dispersèrent au vent. » Ce qui est bien loin, par exemple, des nombreuses approches explicites d’un des succès de la rentrée littéraire de septembre 2018 : Ça rencontre Sarah, de Pauline Delabroy-Allard.

Enfin, et comme toujours, il revient au lecteur de choisir ses auteurs ; espérons, même si cela est vain, que cette rentrée de septembre ne viendra pas confirmer une nouvelle fois les mauvais auteurs.

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18 août 2019 à 19:07

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