Kanye West : hier antisémite, aujourd’hui admirateur d’Hitler… L’Histoire l’oubliera.

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Si on y réfléchit bien, c'est une progression qui pourrait sembler logique. Un observateur français, de ceux qui prétendent faire revenir les djihadistes dans le droit chemin par la pratique du macramé et de l'ikebana, dirait que Kanye West s'est progressivement radicalisé (au passage, on n'utilisera la graphie traditionnelle de son nom que par commodité, car l'artiste se fait désormais appeler « Ye »). Kanye West, ou Kanye, ou Ye donc, est bien connu des amateurs de hip-hop, autant pour ses productions originales que pour ses collaborations avec de grandes marques de mode, sa relation médiatisée avec la plantureuse Kim Kardashian, sa vision bien particulière de la foi chrétienne (à mi-chemin entre déclarations mégalomanes, positions conservatrices et complaisance pour la pornographie) ou encore ses troubles bipolaires. Un cocktail relativement instable, comme on le dit d'un mélange explosif, et dont les conséquences se voient depuis plusieurs années.

Après avoir chanté pour glorifier les mêmes excès que ses collègues rappeurs, Ye a eu quatre enfants aux noms bibliques (mais deux d'entre eux sont nés par mère porteuse...) avec sa femme Kim Kardashian. Il a défendu la condition des Afro-Américains, là aussi comme beaucoup de rappeurs... mais, à rebours de l'indignation conventionnelle et de l'adhésion au mouvement Black Lives Matter, il est apparu récemment avec un sweat-shirt « White Lives Matter », qui servait à dénoncer l'imposture médiatique de ce mouvement, mais son slogan a surtout été repris par de nombreux mouvements suprémacistes blancs. Enfin, après divers épisodes compromettants et même assez gênants (discours paranoïaques, candidature à l'élection présidentielle de 2020, révélations sur sa vie intime...), Ye a franchi le Rubicon médiatique en tenant des propos antisémites.

De la part d'un homme aussi excessif, on devine qu'il ne s'agissait pas d'un débordement minime. Kanye West a en effet longuement repris, une par une, toutes les théories du complot qui s'attachent aux Juifs depuis le Moyen Âge. Si on ajoute à cela son « White Lives Matter », le rappeur possédait, paradoxalement pour un Afro-Américain chrétien spécialisé dans le hip-hop, toutes les qualités pour séduire les néo-nazis. Eh bien, ni une ni deux, Ye vient d'afficher son admiration pour Adolf Hitler. Et, encore une fois, pas qu'un peu. Invité par le controversé Alex Jones, présentateur de droite lourdement condamné pour des propos complotistes, Kanye West est apparu coiffé d'une cagoule noire qui lui couvrait tout le visage et a immédiatement commencé un discours un peu embarrassant. D'abord quelques phrases mystiques et puis, très vite, la machine s'emballe : « Je vois des choses positives aussi concernant Hitler », un « mec [qui] a inventé les autoroutes » ainsi que « le microphone que j'utilise comme musicien ». Alex Jones, craignant sans doute une nouvelle amende record, essaie de le recadrer avec un rire gêné. Rien à faire : -« Les nazis, commence Jones, étaient des voyous et ont fait de très mauvaises choses. « Oui, et ils en ont aussi fait de très bonnes [...] Nous devons arrêter d'insulter les nazis en permanence. [...] J'adore les Nazis. » Cerise sur le gâteau, l'inculture (« Hitler était un bon architecte ») jointe au révisionnisme (« Hitler n'a pas tué 6 millions de Juifs, c'est un fait »).

Kanye West, avec ce discours, montre simplement trois choses, et rien de plus : 1) sa méconnaissance de l'Histoire (notamment parce que lui-même, en tant que Noir, aurait été malmené par les nazis qu'il dit aimer) ; 2) ses problèmes psychiatriques lourds, probablement renforcés par la drogue, les excès de toutes sortes et une mauvaise gestion de la notoriété ; 3) son goût de la provocation gratuite, à moitié pour faire le buzz, à moitié par mégalomanie. Alors oui, en somme, Kanye West, ou Kanye, ou Ye, n'est pas un génie, ni un complotiste, ni un « facho » ou quoi que ce soit d'autre : c'est, tout simplement, un rappeur. Il en possède les carences majeures et les sorties ridicules. L'Histoire l'oubliera.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 04/12/2022 à 7:43.
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

20 commentaires

  1. Abjections, ignominies, apologies des crimes, imbecilites , de nos jours si vous voulez être célèbre voilà la recette.
    Mais ce sont des légions d’abrutis qui vous écouterons et feront votre succès.

  2. il,est vrai qu il semble créer plus de réactions que lorsque en france nick conrad , rappeur de son état avait appelé a « pendre les blancs »…..

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