Julien Odoul, sur la vente du domaine de l’abbaye de Pontigny : « Dans cette décision, il y a un peu de cathophobie, il faut bien le dire »

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La majorité de gauche du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté a voté la vente du domaine de l'abbaye de Pontigny (Yonne), qui appartient à la région, à la fondation de l'homme d'affaires François Schneider. Ce dernier devrait en faire, en partie, un complexe hôtelier. La Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, qui était candidate, proposait pourtant un prix plus élevé. Elle souhaitait y installer un séminaire. Les élus Rassemblement national ont été les seuls à s'opposer à cette décision. Julien Odoul, conseiller régional, s'en explique au micro de Boulevard Voltaire.

 

Que se passe-t-il à l’Abbaye de Pontigny ? Elle devait être soit un hôtel de luxe soit un séminaire pour la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre. Le Conseil régional a tranché, ce sera un hôtel de luxe. Pour quelle raison le Rassemblement national dénonce ce choix ?

 

Je tiens à dire que le Rassemblement national a été le seul groupe politique à vouloir préserver notre patrimoine à la fois culturel, historique et religieux. L’Exécutif socialiste a évidemment initié la privatisation de ce domaine magnifique et la droite a "courageusement" refusé de prendre part au vote en laissant ce patrimoine partir à l’investisseur et au magnat de l’art contemporain, François Schneider. C’est véritablement scandaleux puisque ce patrimoine va totalement échapper au domaine public et ne sera plus accessible aux Bourguignons, aux Francs-Comtois et aux touristes. Il y a un véritable risque que l’abbatiale soit dénaturée et que le complexe touristico-hôtelier soit un véritable fiasco. Compte tenu de la situation sanitaire, Monsieur Schneider n’a toujours pas trouvé de partenaire hôtelier. C’est surtout un risque d’altération de ce patrimoine. Un recours va certainement être déposé par l’autre porteur de projet de la Fraternité Saint-Pierre. Ce dossier est loin d’être clos.

 

 

Vous avez précisé sur Twitter que ce dossier était en quelque sorte joué d’avance. Peut-on soupçonner un vice de procédure comme l’avance la Fraternité Saint-Pierre ?

 

Totalement. Tout est biaisé depuis la fin de l’année 2019. Marie Guite-Dufay s’est entretenue avec François Schneider et lui a promis la vente de ce domaine. La fondation Schneider avait déposé la marque Abbaye de Pontigny en janvier 2020. Dès la fin de l’année 2019, il avait la certitude d’acquérir ce domaine et d’acquérir aussi des subventions publiques dans le cadre d’un projet « réinventer le patrimoine ». Ce projet consiste à valoriser un certain nombre de lieux pour le tourisme.

Il n’y a eu aucune concertation avec les élus locaux et régionaux. En octobre, nous avons appris qu’il y avait deux porteurs de projet. On a eu un simulacre de groupe de travail où on sentait bien qu’il y avait une nette préférence pour la Fondation Schneider. Cela a abouti à ce vote scandaleux. Encore une fois, ce n’est pas terminé puisque des recours sont possibles et parce que ce projet fera partie des thèmes de la campagne électorale qui va bientôt s’ouvrir.

 

 

Le fait que ce bijou d’architecture devienne un hôtel est bon pour le tourisme, alors que s’il devient un séminaire, il ne sera plus accessible au plus grand nombre et deviendra totalement privé.

 

Ces arguments étaient évidemment avancés par les socialistes. Dans cette décision, il y a un peu de cathophobie. La Fraternité Saint-Pierre a proposé 2 millions cents pour acquérir le domaine, alors que la Fondation Schneider n’en proposait que 1 million huit. Je pense que l’identité religieuse du porteur de projet de la Fraternité a pesé. Au Rassemblement national, nous souhaitions que ce domaine reste public. Il appartient à la région depuis 2003 et cette dernière n’a strictement rien fait. On voit bien que la gauche n’a eu aucune ambition culturelle et patrimoniale. Elle a laissé en friche ce domaine exceptionnel, à la fois réputé d’un point de vue religieux et littéraire. Nous avons analysé que sur les deux porteurs de projets, il y en a un qui en apparence apparaît ouvert, mais en réalité il est totalement refermé puisqu’il ne concerne pas le territoire et parce qu’il vient s’imbriquer dans la stratégie de François Schneider avec son complexe de Wattwiller. Pour avoir accès au domaine, il faudra payer. Monsieur Schneider a dit que pour pouvoir accéder à tout le domaine il faudra rester plus d’une journée, c’est-à-dire payer des nuitées. On a bien compris que ce n’était pas le prix d’un hôtel Formule 1. C’est un scandale. Il n’y a aucune plus-value pour le territoire, pour la commune et pour la région. Alors, que le projet de la Fraternité, qui en apparence peut paraître refermé sur lui-même, est gratuit et accessible. Tous les Bourguignons et les Francs-comtois auraient pu encore avoir accès au domaine et à l’abbatiale. Il va faire vivre le territoire puisque la présence de 60 séminaristes et leur famille participe à faire vivre une commune et tout un territoire. Un certain nombre d’activités allaient être organisées. Paradoxalement ce projet était beaucoup plus ouvert que le projet touristique de François Schneider.

 

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Julien Odoul
Député de l’Yonne, porte-parole du Rassemblement national, président du groupe RN au Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté

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