Jean-Pierre Obin, ce Cassandre qui prêchait dans le désert

Capture d'écran CNews
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Montée en puissance du phénomène religieux dans les quartiers, des mosquées qui ne sont pas seulement lieux de culte mais aussi salles de classe, contrôle moral et surveillance des hommes sur les femmes, des mères qui ne viennent plus dans les écoles chercher leurs enfants car totalement recluses à leur domicile, antisémitisme, racisme, contestations politico-religieuses… Ce constat lucide et courageux de Jean-Pierre Obin, alors inspecteur général de l'Éducation nationale, dans son rapport, a 20 ans ! 20 ans que l’on sait, 20 ans d’impuissance face à un phénomène croissant qui nous dépasse désormais.

En 2004, il prévenait cependant que « cette étude ne peut donc prêter à généralisation et à dramatisation excessive : les phénomènes observés l’ont été dans un petit nombre d’établissements ». Autrement dit, à cette époque, peut-être que des mesures fermes auraient permis d’endiguer la pénétration de l’islamisme dans toutes les sphères de la société. Malgré ses nuances, « aucun soupçon d’une quelconque "islamophobie" ne peut être opposé à ce constat », c’est bien comme tel qu’est accueilli son rapport, pourtant commandé et remis à des ministres de droite (respectivement Luc Ferry et François Fillon, sous la présidence de Jacques Chirac). Jean-Pierre Obin est diabolisé, le rapport est bien vite enterré, il ne faudrait pas « faire le jeu de » qui vous savez. « Nos constats ont heurté des convictions. Nous avons aussi été taxés d’"islamophobes" », déplore l’auteur du rapport.

Aujourd’hui, la « capitulation » a remplacé la « dramatisation » dans le discours de Jean-Pierre Obin. Puisque, désormais, « les profs ont peur », dénonce-t-il dans son dernier ouvrage. L’ombre de Samuel Paty et de Dominique Bernard flotte dans tous les esprits, un proviseur de lycée se retire de ses fonctions pour avoir été menacé de mort, d’autres se censurent (plus question de reprocher à un élève son « écriture de cochon »), n’ayant pas vocation à être « kamikaze », et éviteront sciemment certains chapitres, notamment ceux qui évoquent la Shoah. Invité chez Sonia Mabrouk dans la matinale de CNews et Europe 1, ce jeudi matin, celui qui sonnait l’alerte en 2004 sonne le glas en 2024. Il évoque la « victoire des islamistes » concernant l’affaire du lycée Ravel : « Qu’une jeune fille réussisse à faire démissionner un proviseur de son poste est pour eux une victoire et, pour la République, un épisode peu glorieux. »

Un diagnostic lucide, mais des solutions insuffisantes

En 2004, l’analyse de cet homme de gauche relevait d'une grille victimaire, il décrivait « la ségrégation [...] devant l’accès à l’habitat, à l’emploi et aux loisirs, du fait de la xénophobie et du racisme, depuis leur arrivée sur le sol national. L’intériorisation de cette injustice porte toute une jeunesse vers le ressentiment, le repli et parfois la radicalisation. » Force est de constater que les 100 milliards d’euros injectés dans les plans banlieue depuis quarante ans n’ont pas freiné cette radicalisation.

De même, Jean-Pierre Obin en appelle à plus de fermeté dans les principes républicains et plus de formation des professeurs. Mais la République et ses fameuses valeurs vont-elles élever des jeunes assoiffés de transcendance et d’identité ? Ne vaudrait-il pas mieux « refaire un peuple amoureux », comme l’appelle de ses vœux le chantre du roman national, Philippe de Villiers, qui nous confiait : « Personne ne tombe amoureux d’un Code civil ! » Et cet autre Cassandre d’alerter : « On s’apprête à halaliser le livre d’heures. Il est urgent d’inventer une mise en images allégorique pour déposer dans le sillage de chaque petit Français un peu de nos tendresses enfouies. » En somme, il y a urgence à combler le vide que notre société a laissé en reniant ses mœurs et ses valeurs.

Enfin - et c'est l'angle mort de ce débat -, les conséquences d'une immigration massive et incontrôlée, qui s'impose comme une réalité implacable que feint d'ignorer notre gouvernement. D'une main, on interdit l'abaya, de l'autre, on laisse un proviseur partir. Pire, on minimise les faits : « Il n'a pas démissionné, il est en retrait », rassure Nicole Belloubet. Le « en même temps » achoppe à ses limites, combien de temps les Français pourront-ils encore supporter cette hypocrisie ?

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Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Ras le bol d’entendre depuis longtemps poser cette question: » combien de temps les français vont-ils encore supporter cette situation’ …La réponse semble évidente, car ils supportent ! Macon va pouvoir continuer à dilapider l’argent public et distribuer des médailles pendant trois ans. Triste, mais réaliste…

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