Insécurité en France : la fréquentation des stands de tir explose

armes à feu

En dix ans, la Fédération française de tir a connu une augmentation de 72 % du nombre de ses adhérents. Selon la FFTir, 250.000 licenciés se répartissent dans les 1.643 clubs de tir an France en 2023. Difficile de savoir si ce regain d’intérêt pour ce sport autrefois boudé des Français est directement lié à l’atmosphère d’insécurité qui règne en France. « Ce n’est pas facile à détecter, parce que c’est [l’autodéfense] tabou », témoigne Christophe Dinet, président du club de tir de La Ferté-Bernard dans la Sarthe, auprès de 20 Minutes. « Les événements qui se sont passés incitent bien souvent les gens à s’inscrire dans un club pour apprendre à tirer, peut-être avec une arrière-pensée d’apprendre à se défendre », avoue, de son côté, Jean-Pierre Loin, vice-président d’un club de tir à Rennes, pour Le Point.

L’insécurité, une préoccupation qui gagne du terrain

Le sentiment d’insécurité en France n’est-il réellement qu’un « fantasme », comme le prétendait Éric Dupond-Moretti ? Si c’est le cas, le moins que l’on puisse dire est que ce fantasme est largement partagé. En effet, selon un sondage de l’IFOP, 75 % des Français qualifient de mauvais (30 % de « très mauvais ») le bilan d’Emmanuel Macron en matière de lutte contre l’insécurité. De même, dans une étude menée par Odoxa pour Le Figaro, le 25 octobre dernier, 73 % des Français se déclaraient peu confiants quant à la capacité du gouvernement à assurer leur sécurité en matière de délinquance, de cambriolages et d’agressions. Enfin, 61 % des Français sont inquiets pour leur sécurité, en général, selon un sondage d’Elabe réalisé le 4 octobre pour BFM TV. Face à cette inquiétude généralisée, le concept « d’autodéfense » fait timidement surface.

Après un cambriolage à domicile, un père de famille témoigne ainsi pour le JDD : « Je me suis inscrit dans un club de tir pour pouvoir me procurer un arme, si cela devait recommencer. » Le père de Mégane, la jeune fille sauvagement agressée à Cherbourg, témoignait pour BV : « Au début, j’ai même pensé à me faire justice moi-même. » Les faits divers se multiplient, noircissant chaque jours les pages de la presse quotidienne régionale, et ceux qui en sont victimes songent tôt ou tard à l’autodéfense, voir l’autodéfense armée.

La légitime défense, argument suprême des pro-armes

Selon Public Sénat, la législation sur le port d’arme en France est l’une des plus restrictives de toute l’Europe. Le port d’arme dans l’espace public est interdit pour les particuliers (sauf pour de très rares exceptions) et la détention d’arme est très surveillée. Toutes les armes devront être déclarées sur une plate-forme numérique, Système d’information des armes (SIA), à compter du 31 décembre 2023. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, 5,5 millions de personnes en France détiennent une arme. Les chasseurs, au nombre de 4 millions, représentent le gros des troupes. Cependant, une enquête de l’Institut des hautes études internationales et du développement estimait à 12,7 millions le nombre d’armes à feu possédées légalement et illégalement en France en 2017. Ce chiffre a été revu à la baisse par Jean-Luc Mélenchon, le 1er septembre 2021 alors qu’il invectivait le président de la République, dénonçant les « 11 millions d’armes [qui] circulent en France ». En réalité, il semble très compliqué de chiffrer ces armes, beaucoup passant sous le radar des déclarations officielles.

Pendant que l’ex-député LFI déplore cette supposée prolifération des armes, d’autres encouragent et défendent la légalisation du port d’armes. C’est le cas de Mitch Menet, membre de l’ARCAP, association visant à défendre le droit du port d’arme citoyen, qui confie à 20 Minutes : « Avoir une arme sur moi, c’est avoir la possibilité de me défendre. » Le port d’arme n’a donc qu’un but et une justification : la légitime défense. Le but de ces militants est de faire « changer la peur de camp », explique Mitch Menet. L’argument de la légitime défense est toutefois loin de faire l’unanimité : un sondage OpinionWay pour Le Parisien révèle que 19 % des personnes interrogées sont favorables au port d’arme, contre 61 % qui y sont tout à fait opposées.

Le sentiment d’insécurité est bien présent en France, mais les esprits ne semblent pas encore prêts à se conformer aux mentalités d’outre-Atlantique.

Raphaelle Claisse
Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

36 commentaires

  1. Cette affaire d’Armes en France m’y fait penser , elle est aussi absurde que la persistance dans la prohibition du cannabis : L’usage du cannabis est interdit de telle sorte que nous avons davantage de « Points de Deal » que de Bureaux de Tabac et que la collectivité est « Perdante » sur tous les fronts . La possession d’armes , c’est pareil : Elle est interdite , sauf pour ceux qui se les procurent « librement » , pendant que « NOUS » , nous devrions remettre nos « antiquités de collection » , issues de nos Grands-Pères aux « Autorités » les plus proches …… ! C’est cela même , nous allons le faire ! Comme le cannabis donc !

    • Il faut avoir un minimum de cohérence. Si on légalise le cannabis, alors il faut retirer l’essentiel des taxes sur le tabac et la loi Evin.
      On ne peut pas dire « le tabac et l’alcool c’est mal » et en même temps légaliser un produit encore bien plus dangereux d’après les médecins (quoi qu’en disent les dealers à bac-3). La question de la légalisation du cannabis est celle du renoncement. Ce même renoncement et face à la même population que pour tous les sujets en ce moment.
      Donc STOP, maintenant on arrête de se comporter comme des paillassons, et on profite que le vent tourne sur le « vivre ensemble » pour revenir à la fermeté et donc, à la civilisation.

  2. Nous sommes au bord d’une guerre civile, les français ont besoin de pouvoir réagir et se protéger , mais le gouvernement nous a obligé à déposer les armes en gendarmerie , il n’y a pas deux . Ce gouvernement et son Président n’aiment pas la France et encore moins les français .

  3. I; y a quelque temps le gouvernement a lancé une campagne de récupération des armes. J’ai lu que quelque 150 000 armes ont été récupérées.
    De veilles pétoires trainant dans les greniers pour la plupart, Les jeunes n’étant plus chasseurs ont rapporté les vieux fusils de eurs grands pères grands pères qui dormaient dans les greniers.
    Darmanin s’en est félicité.
    Bizarrement, pas une kalachnikov, pas un pistolet moderne. On a désarmé les victimes potentielles, pas les assassins.

  4. Il me semble dans l’ordre normal de la vie que l’homme puisse défendre sa famille et ses biens. Au besoin à l’aide d’une arme à feu. Mais il faut raison garder. Dans le domaine public ce doit être à l’état d’assurer la sécurité, des biens et des personnes.
    Dernière remarque. Les français veulent peut être se défendre, mais seuls quelques uns, sur des milliers concernés, sont passés à l’acte lors des dernières émeutes. La peur du juge , qui sera impitoyable, est bien intégrée dans nos comportements.

  5. « Chassez la loi du talion, elle reviendra au galop ». Cette loi millénaire revient est reviendra toujours parce qu’elle est naturelle. « Défends-toi et le Ciel te défendra ! » autre loi naturelle …… et cette société qui cherche à nous transformer en moutons sans défense et bons qu’à bêler (et encore pas trop fort) !

  6. Il faut être aveugle et sourd pour ne pas voir et comprendre que l’insécurité règne en France.
    Nos politicouards savent très bien ce que le peuple français pense et ne prennent aucunement la mesure de l’effondrement de notre liberté d’aller et venir lourdement entachée par la racaille dont le support majeur sont les trafics de stupéfiants. Ne nous étonnons pas si les français veulent s’armer face au laxisme actuel des élus de la république qui eux sont proteges.

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