George Soros : l’homme qu’on adore haïr est le sujet qui rend fou…

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George Soros comme J.R. Ewing, le magnat texan et machiavélique de Dallas ?

Il y a, ainsi, des hommes faits pour être haïs – en novlangue médiatique, on dira « controversés » – et qui finissent par se complaire dans les polémiques qu’ils suscitent. George Soros, multimilliardaire d’origine hongroise, fondateur d’Open Society, ONG de propagande internationale, se trouve évidemment au premier rang de ces derniers.

Il y a, effectivement, de quoi fantasmer, sachant que l’homme connu pour avoir manqué de faire sauter la banque d’Angleterre en 1992, quand spéculant sur la monnaie britannique, est devenu l’une des personnalités les plus détestées de la planète et de ses environs immédiats. Bref, Soros est à la fois Robin des bois et Fantomas, volant aux riches pour s’enrichir, mais aussi pour donner aux pauvres. Cité par L’Opinion, quotidien de la quadrature de ce « cercle de la raison » si cher à Alain Minc et Raymond Devos, il assure : "Je suis une personne qui, à un moment donné, s’engage dans des activités amorales, et le reste du temps, essaie d’être moral."

Ainsi George Soros n’est-il pas taillé d’un seul bloc. Pétri de "bonnes" intentions et animé d’autant de "mauvais" desseins, il permet aussi à nombre de nécessiteux de faire des études que leur statut social leur aurait, par naissance, interdites, grâce à ces universités Open Society, tout en se servant de ce capital humain pour, ensuite, diffuser un messianisme séculier n’ayant pas grand-chose à envier aux utopies collectivistes de naguère. En son temps, cet activisme plaisait à droite quand aidant à la chute du monde communiste, avant de la faire aujourd’hui se hérisser, quand le satrape entend désormais faire prévaloir sa propre vision d’un monde sans frontières. L’Opinion, toujours, ne s’y trompe pas lorsque titrant, le 16 octobre dernier : « George Soros est avant tout un antinationaliste. C’est le fil rouge de toutes ses activités. »

Les Inrockuptibles, son pendant hebdomadaire – à l’un le libéralisme économique et à l’autre le libéralisme sociétal –, renchérit en ces termes : « Muée en une “super-fondation”, Open Society est présente sur les cinq continents, dans plus de cent pays. C’est aujourd’hui le deuxième organisme philanthropique mondial – après celui de Bill et Melinda Gates. Mais contrairement au créateur de Microsoft, Soros s’est beaucoup impliqué dans les affaires politiques, militant en faveur des migrants, des LGBT+. » Et le même journal de rappeler : « Celui qui se définit comme un “homme d’État sans État” est l’objet de tous les fantasmes, accusé de projets secrets pour renverser la civilisation occidentale. »

Dans des réseaux sociaux au bord de la surchauffe permanente, il était donc logique que George Soros soit l’objet de toutes les attentions, toutes extrémités de l’échiquier politique confondues. Pour les plus farfelus, il est un reptilien, un de ces extra-terrestres gouvernant notre bonne vieille Terre, main dans la main avec Angela Merkel et Barack Obama. Plus sérieusement, il est devenu la bête noire de tous les populistes européens, président hongrois Viktor Orbán en tête. Éminent paradoxe, sachant que le même Orbán est un pur produit d’Open Society. Que la créature se révolte contre son créateur, voilà qui n’a pas la saveur de l’inédit : c’était déjà vrai du temps de celle du baron Frankenstein, bien avant celle des Américains, le fameux Oussama ben Ladenstein.

Le sujet George Soros a, effectivement, de quoi rendre fou. Quand Valeurs actuelles assure qu’il « complote » contre l’Europe, Edwy Plenel, ancien patron du Monde et grand gourou de Mediapart, monte au créneau en piaillant à « l’antisémitisme ». Pas de chance, l’un des principaux contempteurs de George Soros n’est autre que Benyamin Netanyahou, Premier ministre israélien dont la politique en matière migratoire ne correspond pas exactement aux critères moraux édictés par le grand homme. Les deux sont pourtant juifs, mais qui est « antisémite » ?

Le temps de répondre à cette douloureuse question, laissez-nous celui de retirer l’échelle, afin que le peintre puisse s’accrocher par son pinceau au plafond qu’il est en train de repeindre.

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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