François Bousquet : « Au cœur du Quartier latin, nous sommes la librairie de la France périphérique ! »

François Bousquet : “Avec le départ de Kotarac, c’est la fin du populisme de gauche de Mélenchon de 2017”

François Bousquet fait le bilan d'une année riche pour La Nouvelle Librairie avec les polémiques (Zemmour, gilets jaunes, etc.), mais replace aussi l'événement dans le cadre plus large du combat culturel et annonce aussi des surprises et des « scandales » pour la deuxième année !

https://www.youtube.com/watch?v=oSuPXhvX0-Y&feature=youtu.be

Cela fait un an que la Nouvelle Librairie s’est installée dans le Quartier latin.
La librairie a été saccagée à plusieurs reprises. Quel bilan dressez-vous de cette première année ?

Cette année a été extrêmement positive. Nous avons ouvert en 2018, 50 ans après mai 68.
Il s’agissait pour nous de reprendre le Quartier latin, de redevenir visibles, d’afficher des symboles et de planter le drapeau de la droite littéraire. Il y a eu beaucoup de signatures. Je pense notamment à celle d’Eric Zemmour ou de Jean-Marie Le Pen.
Eric Zemmour nous a permis de lancer deux polémiques, celle de la création de la librairie et celle de son bouquin. 500 personnes étaient présentes lors de ces signatures.
Les Gilets jaunes sont entrés en résonance avec la librairie. Nous sommes aussi la librairie de la France périphérique, même au coeur du Quartier latin. Les auteurs que nous défendons défendent cette France périphérique. L’alignement des astres a fait que cela s’est passé au-delà de nos aspirations.

Boulevard Voltaire avait publié la vidéo de l’agression de votre librairie.
Ces évènements ne vous ont-ils pas découragé ?
Pensez-vous que vous avez encore votre place dans ce quartier ?

Il faut insister. C’est une librairie collective, amicale et communautaire. Nous sommes plusieurs derrière le projet. Nous ne pouvons donc pas vraiment nous démobiliser. Au contraire, cela va nous donner envie de batailler davantage. On a pris cette attaque des anti-fa comme l’hommage du vice à la vertu. Ces gens, les No Borders, qui défendent une conception déterritorialisée du monde sont en fait très attachés à la notion de territoire. C’est leur territoire au sens bestial du terme. Des caméras les prennent en train d’uriner très courageusement devant la librairie. Par ce geste, ils marquent leur territoire. C’est un peu le leur, mais c’est aussi le nôtre, pour peu que nous nous y réinstallions.
L’impératif est de sortir de ces stratégies d’invisibilité et d’invisibilisation sociale que nous ont imposées nos adversaires et que nous avons intériorisées. Tant que nous les intérioriserons, nous continuerons à raser des murs imaginaires. Les portes s’ouvrent toutes seules. Quand vous les enfoncez, vous reprenez pied dans un quartier que vous aviez déserté depuis 50 ans.

L’analphabétisation progresse. On lit de moins en moins et on est dans une vague où la liberté d’expression est de plus en plus combattue. Je pense notamment à la Loi Avia et à la loi anti fake news.
Est-ce un pari complètement en dehors de toute logique que d’ouvrir une librairie en 2019, alors que rien n’est là pour favoriser l’essor d’une culture alternative ?

Je ne pense pas. Nous croyons que nous sommes des animaux verbaux. Ce qui compte pour nous c’est le verbe. Nous sommes des animaux parlant et nous nous exprimons par le verbe. Je ne vois pas comment on pourra faire l’économie du livre. Une quantité de sociétés nous ont précédés. La Silicon Valley aspire à un transhumain mutant qui ne lirait plus et qui serait greffé au monde par des électrodes et des aimants. Je n’y crois pas. Nous sommes des animaux sociaux. Nous avons besoin de nous rencontrer. C’est la principale impasse de l’individualisme. Elle fait l’économie de ce que Aristote appelait l’animal politique, l’animal social. C’est ce que nous demeurons.
Nous nous sommes installés dans le Quartier latin pour dire aux jeunes gens de l’Institut catholique, de Paris I, Paris II, Assas, de l’école normale supérieure et de toutes les écoles préparatoires, Louis le Grand et Henri IV « non messieurs et mesdemoiselles, vous n’êtes pas seuls, nous sommes là ! ».
De fait, ce pari a aussi réussi. Nous avons drainé et attiré dans cet avant poste du combat culturel qu’est la Nouvelle Librairie tous ces jeunes gens de 20 à 25 ans qui sont réellement porteurs d’espoir et d’un courage que ma génération avait perdu. Ils ont un rapport désinhibé au monde. Ils ont pris le réel en pleine face. Ils savent très bien que le réel ne correspond pas du tout à la représentation biaisée que les médias en offrent. Ils aspirent à se doter d’une colonne vertébrale idéologique. Il n’y a que le livre qui puisse nous donner cette colonne vertébrale.

La deuxième année commence dès la rentrée de septembre.
Avez-vous des projets ?

On espère d’ores et déjà recevoir Jean-Marie Le Pen. Il est encore plus vieillissant pour le tome II de ses mémoires que pour le tome I. Il doit avoir plus de 90 ans. Une grosse surprise aura lieu, mais nous ne pouvons pas encore l’annoncer.
Le propre des milieux qui sont les nôtres c’est que nous entrons dans l’actualité dans le monde médiatique que par effraction. Quand je dis par effraction, cela veut dire que nous devons créer, quoi qu’il arrive, du scandale et de la provocation.
Nous allons organiser des signatures qui, nous l’espérons, feront scandale et permettront de nous faire connaître un peu plus et de faire connaître encore un peu plus nos idées.

François Bousquet
François Bousquet
Rédacteur en chef d’Éléments et directeur de la Nouvelle Librairie

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