Forces spéciales : ce que ces héros nous disent
Au milieu des hommages, je n’ai pas souhaité ajouter, lors des questions au gouvernement du 14 mai 2019, une de ces salves de condoléances au contenu convenu, qui se ressemblent parmi d’autres, qui s’applaudissent entre elles. Mes collègues ne m’ont pas applaudi car ils n’ont pas compris le contenu de mon propos ni le sens de celui-ci pour nos soldats.
Moi, je sais de quel bois ils sont faits, comment ils fonctionnent. Ces gens vivent au présent, pour toujours mieux faire, anticipent l’avenir. Du passé, ils ne gardent pas la tristesse et n’en restent pas prostrés malgré la douleur, mais ils en retiennent les leçons, les fameux RetEx (retour d'expérience) ; ils s’améliorent sans cesse, tel un artisan sur son métier.
Les opérateurs des forces spéciales ne cherchent pas les honneurs, ils sont heureux dans leur anonymat, en faisant leur boulot avec passion et en retournant auprès des leurs dans la même discrétion, entre deux missions. C’est cette simplicité et cette authenticité que j’ai voulu communiquer pendant les questions au gouvernement et en allant voir les copains, hier, aux Invalides, avec le même plaisir qu’à chaque fois, malgré les circonstances difficiles.
La lignée des commandos marine est impressionnante. Les premiers maîtres Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello ne sont ni plus ni moins que les héritiers du seul bataillon français débarqué en Normandie le 6 juin 1944, le commando Kieffer. Déjà, pour la liberté de leurs concitoyens, de jeunes gens acceptaient de payer au prix de leur vie. Hubert, Jaubert, Trépel, Penfentenyo, de Montfort, Kieffer, Ponchardier, le devoir de mémoire s’inscrit à Lorient et à Saint-Mandrier jusque dans le nom des unités au sein desquelles ces braves servent avec fierté.
Je retiens de ces hommes l’esprit de corps (pas comme nous autres en politique), la franche camaraderie (non plus), un talent pour faire au lieu de commenter […], des talents physiques comme intellectuels (sans commentaires), une hyper-adaptabilité, une modestie hors normes (n’en parlons pas pour les « élus »), de la grandeur d’âme, de la passion, de l’abnégation.
L’excellence des unités spécialisées d’ESNO et de CTLO des commandos marine de la FORFUSCO permet à la France de mener des missions dans la profondeur que peu d’armées dans le monde savent mener. Cette excellence force l’admiration de corps de forces spéciales plus grands que nous numériquement, tels les US Navy SEALs. Je n’oublie pas, dans mon hommage, les hommes du COS dans leur intégralité, qui sont marins, terriens et aviateurs : 1er RPIMA, ET 3/61 Poitou, 4e RHFS, 13e RDP, CPA10... Ils sont faits du même bois.
À mon sens, il y a deux messages qui sonnent comme un électrochoc dans le mode de vie de ces héros invisibles mis en lumière par les circonstances. Celles-ci nous donnent une occasion de les reconnaître autant de leur vivant, pas seulement dans la mort. Avant d’accomplir leur mission, les commandos marine donnent plus que le meilleur d’eux-mêmes jusqu’à l’obtention du béret vert à l’issue d’un stage commando d’une dureté extrême, qui fédère des hommes de tous grades. Cette souffrance et ces épreuves partagées à tous niveaux de la hiérarchie sont source de cohésion sociale. Nous devrions en prendre de la graine dans nos sociétés où, souvent, les imposteurs dirigent et commentent et les petits sont condamnés à faire sans pouvoir respecter les « puissants », ceux qui les gouvernent.
Enfin, n’oublions pas que, pendant que ces passionnés font leur travail et notamment celui de protéger leurs concitoyens sans distinction, notamment contre le terrorisme islamiste - n’ayons pas peur de nommer l’ennemi -, les Français vivent en sécurité, parfois malheureusement dans l’insouciance et la velléité. C’est un message important pour la jeunesse, et encore plus pour les moins jeunes, imposteurs, adeptes du « tout communication et zéro fond ». Cette espèce qui dit et ne fait rien, qui prétend être et n’a jamais été, est responsable de l’effondrement de nos sociétés occidentales, elle a mené au relativisme et à la grogne sociale. Elle est l’antithèse du for intérieur de nos hommes des forces spéciales. On aimerait que, demain, ce soient des gens qui font et savent qui soient la boussole des Français, leur référence. Alors, dans ce monde idéal, nous serions enfin dignes de nos héros, nous les mériterions, et les célébrations des imposteurs n’auraient plus de raison d’être car ils seraient enfin démasqués.
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