« Face à la guerre », un vrai-faux débat organisé par TF1

LE DEBAT 2017 ! Marine Le Pen contre Emmanuel Macron

Nom d’une pipe ! aurait dit René Magritte, ce débat n’était pas un débat. Il est un fait que ce vistemboir télévisuel, virilement intitulé « Face à la guerre » et monté de guingois par TF1, n’en était pas vraiment un, de débat, puisque chacun des candidats, le sortant comme les possibles entrants, s'est retrouvé à parler seul dans son coin. Tandis que certains entrants n’ont pu se joindre à cette fête de l’esprit, ne manquant bien sûr pas de le faire savoir.

Ainsi, la très primesautière Nathalie Artaud poste-t-elle ce tweet : « Pour être candidat, il faut passer l’obstacle des 500 parrainages. Mais pour participer au débat présidentiel sur TF1, il faut passer l’obstacle de Bouygues. C’est comme dans les entreprises, c’est le patron qui décide. »

Dans un semblable registre, quoiqu’un peu plus rural et rugueux, Jean Lassalle, lui aussi recalé au casting, estime être « un candidat de merde et inutile, […] comme s’il pouvait y avoir en France des candidats réels et des candidats de merde dont on n’a pas besoin ». Il est vrai que le député des Pyrénées-Atlantiques n’en est pas à sa première fracassante sortie médiatique, ayant, à de multiples reprises, estimé que « cette campagne est une campagne de merde. On ne dit rien, à part des insultes, des injures d’une vacuité insaisissable », disait-il, mercredi dernier, sur BFM TV.

La différence entre ces deux voix discordantes ? Si la candidate de Lutte ouvrière persiste à stigmatiser le capitalisme entrepreneurial - celui de la famille Bouygues, en l’occurrence -, le géant béarnais semble, lui, être sorti de ce modèle Hibernatus, façon trotsko-marxiste, en s’en prenant aux actuels descendants des maîtres de forges que sont aujourd’hui les GAFAM : « Le monde, uniquement laissé à la finance spéculative, est devenu aussi dangereux que celui des Soviétiques d’autrefois. […] Macron va être réélu dans l’état actuel des choses. Les puissances financières qui se sont emparées de notre pays l’ont d’ores et déjà décidé. »

Bref, sur douze candidats en lice, ils n’étaient plus que huit, façon Dix petits nègres. Mais comment expliquer qu’Anne Hidalgo fasse partie de cette surboum et pas Jean Lassalle ? Tout simplement parce qu’au-delà de ces sondages les donnant au coude-à-coude, aux environs des 2 %, l’une est malgré tout la candidate officielle du Parti socialiste et l’autre un simple manant. Et c’est là qu’il faut prendre en compte les groupes parlementaires au Parlement ou au Sénat, sans oublier le nombre global des autres élus. Une loi dure, certes, mais dura lex sed lex, comme on dit en latin ; cette loi pose d’autres questions dont on ne saurait faire l’économie.

En effet, ce type de débats n’est en rien gravé dans le marbre de la Constitution de la Cinquième République, sachant que même le débat de l’entre-deux-tours n’est qu'une récente forgerie médiatique. Le premier avait opposé François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing, en 1974. Mitterrand y fut battu dans les grandes largeurs, ce qui ne l’empêcha pas d’accéder au pouvoir, sept ans plus tard, VGE ayant ensuite loupé le sien. Comme quoi un tel rendez-vous manqué ne saurait en rien obérer l’avenir ; ce que Marine Le Pen sait mieux que personne…

Et c’est là où la logique d’Emmanuel Macron atteint ses limites : prêt à débattre avec tous les citoyens, même s'ils sont encore mieux sélectionnés qu’à la « Star Academy » (en témoigne son premier pince-fesses de Poissy), il paraît plus que rétif à affronter ses véritables compétiteurs.

En un mot comme en cent, et ce, malgré ces querelles de préséances télévisuelles, la véritable partie ne fait que commencer.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Je suis désolé de n’être pas d’accord avec la conclusion : la véritable partie n’a pas commencé, et ne commencera jamais (hélas) car Macron, maître des horloges, ne le permettra jamais, il aurait trop à y perdre… fin de la récré et le bon peuple est prié (fermement) de quitter le bac à sable et rentrer en classe, il sera ultérieurement convoqué pour élire l’empereur des français, Macron (Bokassa) 1er…

  2. Je n’ai nullement besoin de regarder cette daube médiatique pour me forger une opinion , la mienne , elle est faite depuis l’entrée en lice d’ E . Zemmour et rien ne me fera changer .

  3. TF1 ou l’art de faire prendre des vessies pour des lanternes. Pathétique organisation d’un pseudo débat, puisqu’il n’y a eu aucune confrontation d’idées entre les candidats. Et discrimination notoire au pays de  » l’Egalite » puisque tous les candidats n’étaient pas présents. Honteux et méprisant.

  4. Ces « débats », ou ceux des concurrents de cette entreprise méritoire -elles ne le sont pas toutes-, qui montrent souvent des gens (les leurs et les invités) qui font pitié, leur sont imposés par un véritable Cartel monté avec les Sondeurs! Une année d’élections est une aubaine pour leurs affaires et sus aux Pubs, que nous payons en achetant les produits!
    Mais qui se propose d’en changer pour repasser à 1958 ? Pas même V A, B V, TVLibertés! 90% des citoyens sont à renseigner!

  5. C’est comme le débat sur LCI qui appartient à TF1 a était truqué par les présentateurs Boulaux et la Ruth pour détruire Zemmour .
    Je ne regarderais plus TF1 .

  6. Oui Monsieur Gauthier, mais…vous ne relevez pas le flagrant délit d’incompétence totale des deux animateurs aux bottes du pouvoir.

  7. Nicolas, on ne dit plus “dix petits nègres » : on dit « dix racisés au phénotype africain de petite taille”… C’est pourtant simple ! ;-)

  8. On en est arrivé à nommer « débat » un exercice qui n’en a aucune caractéristique…
    Et qui en plus, se cantonne à un sujet et donc, évince tous les autres.

    • Quitte, pour suivre la mode à générer un vocabulaire incompréhensible, ils pourraient dire : « temps de parole octroyé sur un sujet très précis à des personnes sélectionnées sur des critères à notre convenance ».
      Au moins tout le monde pourrait regarder tranquillement une autre chaîne !

  9.  » Les puissances financières qui se sont emparées de notre pays l’ont d’ores et déjà décidé. »
    Très fort. On fait des sondages orientés en ensuite on décide du temps de parole en fonction de ces sondages…
    Qui ça « on »? In fine, les puissances financières… Celles qui sont au sommet de la pyramide, qui décident de l’organisation et de l’utilisation des épidémies et des guerres…

    • Extraordinaire… les sondages aux résultats éphémères par définition deviennent critères de sélection… pas pour tout le monde puisque la divine hidalgo n’est pas soumise à ce critère qui devient donc au faciès !

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