Explosion des divorces, ou quand le confinement est un révélateur…
Ma mère (paix à son âme) eut, en onze ans, sept grossesses et six enfants vivants. À la naissance du dernier (moi), elle n’avait que 36 ans et une santé bien vacillante. Qu’importe, elle tenait la maison, surveillait les devoirs, confectionnait les vêtements et veillait au plus près sur sa progéniture éduquée dans l’observance des règles strictes de la moralité chrétienne. Amen.
C’était une « mère au foyer » comme on n’en fait (presque) plus, assumant l’ordinaire harassant de bien des femmes de sa génération. Je l’ai vue pleurer souvent, épuisée par une vie qui ne lui laissait guère de temps pour elle. Et peu pour son mari, sans doute, car les journées de notre père étaient, elles aussi, plus que remplies. C’était dans un temps qui paraît totalement irréel où la semaine de travail s’achevait le samedi soir. Et pour lui, les nuits commençaient souvent au jardin où il s’acharnait pour nourrir sa famille de fruits et légumes frais…
Lundi dernier, alors qu’à la demande du Président Macron l’école reprenait en principe pour tous et partout, une mère se plaignait à la radio du sort épouvantable que lui avait imposé le confinement : « Enseignante, femme de service et cantinière. » Une impensable horreur, en somme, que ces quelques semaines comme un pâle reflet de la vie de notre mère.
Pour beaucoup, à ce qu’il paraît, cette horreur fut double : à la charge du foyer s’est ajoutée celle de devoir supporter son conjoint. Monsieur et Madame se sont énervés, injuriés, parfois foutu sur la gueule… et, pour finir, au bout de deux mois, les demandes de divorce ont explosé. Nos voisins ont quantifié la chose : +40 % en Grande-Bretagne, +25 % en Belgique. Chez nous, on ne sait pas exactement car, dit un avocat au Point, « la justice familiale s'est totalement confinée ». À l’instar de maints autres services publics, cette administration a simplement cessé de bosser…
Donc, après deux mois de tête-à-tête, on se sépare et l’on divorce. On soulignera, ici, un premier paradoxe, à savoir que « 39 % des employés en télétravail durant le confinement veulent reproduire l'expérience plusieurs jours par semaine », selon un sondage Ipsos, l’expérience ayant été « vécue positivement par 84 % des télétravailleurs réguliers ». On n’est donc pas si mal à la maison…
S’agissant des divorces, on relève cependant une constante : ce sont toujours les femmes qui prennent la décision (à 70 %). Surtout, le confinement n’a fait que mettre en lumière des situations qui préexistaient au confinement. Ainsi cet exemple du mari qui rentre au foyer après avoir passé deux mois confiné chez sa maîtresse… Ou encore, quand on évoque le couple Blanquer, on peut imaginer que le job de Monsieur n’est pas étranger à la lassitude de Madame. Sans doute le ministre de l’Éducation et son épouse appartenaient-ils à ces couples « bonjour-au revoir », dit Me Giudicelli-Jahn au Point, « qui se croisent le matin, se croisent le soir et qui s'aperçoivent que leur couple ne vaut plus rien ».
Le deuxième type de couple divorçant, dit-elle, ce sont « les couples anciens qui explosent au moment du confinement ». Mariés depuis des décennies souvent, « des couples chez lesquels il n'y a pas eu vraiment de violence durant le mariage et un sentiment d'exaspération qui a fait que le mari a eu des gestes violents pour la première fois ». Pour ceux-là, le nombre de requêtes en urgence a explosé, « avec des assignations à jour fixe, c'est-à-dire avec une convocation immédiate des parties par le juge », explique l’avocat.
Un phénomène à rapprocher, toutefois, de cette tendance qu’on voit se confirmer depuis plusieurs années : le divorce des « vieux », septuagénaires et plus, qui décident de s’offrir une bouffée d’air frais avant la fin de l’histoire.
Bref, « pour les mariages dysfonctionnants, tout a été exacerbé ». Et pour les autres ? Cela a a été parfois, et même souvent, une bulle de bonheur familial… à condition d’avoir de la place !
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