Il est rigolo, Jérôme Salomon, notre directeur général de la Santé. Enfin, rigolo, façon de parler… C’est lui, la face de carême qui, pendant des semaines, a célébré la messe des morts chaque soir, à l’heure de l’apéro. Lui et ses comparses qui ont instillé la frousse en continu dans les foyers et l’angoisse dans les têtes. Et voilà, tout d’un coup, qu’il s’aperçoit – ô surprise ! – que les Français sont devenus dépressifs.

« La crise sanitaire du Covid-19 a révélé la vulnérabilité psychique de nombreux Français », nous a-t-il dit, mardi soir. De fait, une enquête de Santé publique France révèle que « le nombre de personnes touchées par un état dépressif a tout simplement doublé entre la fin du mois de septembre et le 6 novembre ». Ainsi, quand près de 11 % des personnes interrogées au début de l'automne disaient avoir sombré dans la déprime, elles sont aujourd’hui près de 21 % à le déclarer.

La faute au virus, dit M. Salomon : « Nous devons tous être sensibilisés aux conséquences de l’épidémie de Covid-19 sur la santé mentale de la population. Cette épidémie est stressante, anxiogène et peut générer une souffrance psychologique pour nombre d’entre nous. » Fin limier, il l’assure : « Dans la situation difficile qui est la nôtre, nous pouvons tous nous sentir stressés, anxieux ou déprimés. » Pour sûr, sauf que certains le sont plus que d’autres : les plus concernés sont les jeunes âgés de 18 à 24 ans, les inactifs ou encore les personnes en difficulté financière. Quelle surprise !

Heureusement, l’officier croque-mort a des solutions : « À une personne que l’on sent en souffrance, on peut poser les questions suivantes : ton sommeil est-il perturbé ? Te sens-tu stressé, irritable ou anxieux ? As-tu des troubles de la concentration, une tristesse, une perte d’appétit, un manque d’énergie ? As-tu augmenté ta consommation d’alcool et/ou de tabac ? » C’est vrai, ça le changerait de : As-tu mis ton masque ? T’es-tu bien lavé les mains ? As-tu pris ta température ? Es-tu resté à distance de ta voisine ? As-tu respecté la distanciation dans le lit conjugal, fait une croix sur les visites à ta grand-mère ? Etc.

Surtout, dit le roi Salomon – et là, voyez-vous, je me pince pour y croire –, il faut éviter « de se connecter à l'actualité toute la journée ». Et pourquoi donc ? Serait-ce parce qu’on y est « covidé » 24 heures sur 24 et sept jours sur sept ?

Notez bien, on ne risque pas de l’oublier, notre Covid. Dorénavant on y a droit même en faisant les courses « essentielles« », les seules autorisées. Non seulement les rayons bâchés de nos supermarchés sont là pour nous le rappeler mais, en plus du rappel incessant des fameux gestes barrières, on nous bassine maintenant avec le nouveau Numéro Vert de Jérôme Salomon : si vous vous sentez « en souffrance » en pesant vos carottes, vous saurez vers qui vous tourner.

Les Français deviennent fous. Pètent les plombs. « Je n'avais jamais vu une telle affluence de patients », confie le chef du service psychiatrique du CHU de Clermont-Ferrand à LCI. Le délégué ministériel à la Santé mentale et à la Psychiatrie a beau minimiser – « Quelques régions sont aux prises à de fortes tensions, mais on ne peut pas parler de vague psychiatrique pour l’instant », dit-il –, la réalité prouve le contraire. Le Pr Llorca, lui, a « constaté une multiplication par sept ou huit des demandes de consultation dans son unité depuis la fin du mois d'août ».

Ce sont de nouveaux patients, 60 % de dépressifs et 40 % d’anxieux. « Ils se scindent en deux catégories », dit-il : d’un côté ceux « qui sont très inquiets de l'avenir, même s'ils ne subissent pas de conséquences économiques », de l’autre « ceux qui ont peur d'être infectés par le virus » et sombrent dans la paranoïa.

Reste la masse, vous et moi, atterrée par l’incohérence des contraintes qu’on nous impose et que seule la révolte maintient éloignée de la déprime !

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19 novembre 2020 à 15:22

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