Ce sont souvent les détails ou quelques accessoires qui font la beauté des choses ou qui donnent de l’allure aux personnes. Que serait Francis Lalanne sans ses bottes ou feu la reine d’Angleterre sans ses chapeaux aux couleurs d’ara ? La femme en baskets, le matin, n’est plus la même, en soirée, lorsqu’elle chausse ses escarpins à talons hauts. Imagineriez-vous un clerc de notaire ou un commis de l’État sans des chaussures impeccablement cirées ? Et pourtant, de même que le port de la cravate se perd, il n’y a plus que les musiciens des grands orchestres philharmoniques pour porter des souliers vernis.

Le costume-cravate et des chaussures de ville cirées étaient l’uniforme des cadres d’entreprise, mais ce temps est révolu. Qui porte encore le nœud papillon, excepté les garçons de café ?

Aujourd’hui, il est de bon ton de gommer les distinctions vestimentaires. Les directeurs et les employés sont difficiles à reconnaître au premier coup d’œil. Comme souvent, les pires usages qui nous viennent d’outre-Atlantique se répandent comme la gangrène jusqu’en France. Le casual day, qui autorise à tous une tenue décontractée au travail, s’appliquait un seul jour de la semaine : le vendredi. Puis il s’est étendu et c’est, aujourd’hui, tous les jours de la semaine que l’on peut voir des cadres en tee-shirt et basket. Ça fait jeune et start-up !

J’appartiens à une génération qui a connu les derniers cireurs de chaussures de rue, en France. À Paris, il y en avait dans certaines stations de métro. Aujourd’hui, avec la mode des baskets, qui peut bien encore cirer ses chaussures ? Il paraît que les fabricants de cirage sont dans la panade. Le cirage à barbe, malgré le retour en grâce de celle-ci, suffira-t-il à compenser l’abandon du cirage à chaussure ? Je me demande si, dans les hôtels de luxe, on peut encore laisser ses chaussures à la porte de sa chambre et les retrouver cirées le lendemain ? Dans les hôtels de gamme plus modeste, il y a encore des brosses automatiques, le plus souvent reléguées dans un réduit à côté des lavabos.

Durant le service militaire, nous redoutions la revue du capitaine, qui annulait la permission de celui qui avait le malheur d’avoir des rangers terreuses, crottées et non cirées. Ce qui était une petite corvée, au temps de cette période en uniforme, est devenu, quelques années plus tard, un plaisir raffiné. Amateur de cuir, j’aime étaler le cirage sur l’empeigne de mes richelieu, sentir cette odeur d’encaustique et, après quelques heures, brosser mes souliers avec l’ardeur de celui qui veut briller au moins par les pieds ! Que l’on ne me dise pas que l’élégance est une question de moyens financiers. Le prix des baskets de marques à la mode est souvent plus élevé qu’une paire de chaussures classiques. À l’époque du jeans troué, des tatouages apparents, des tongs en ville et des baskets au bureau, les mocassins et les richelieu vont devenir très rock’n’roll !

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07 janvier 2023 à 10:45

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50 commentaires

  1. C’est la promotion de la vulgarité ! Et chacun fait « comme il lui plaît » car maintenant tout est permis, plus personne ne se retourne devant les cheveux verts, rouges ou même de plusieurs couleurs à la fois ! Jeans déchirés, piercings et tatouages, mêmes exposés en pleine face ! On expose un anneau tenus dans la cloison nasale percée comme on en met aux cochons, au bétail, et ça pendouille sous le nez ! Atroce ! Je déteste cet environnement de foules africanisées, tailladées et aux vêtements volontairement déguenillés ! Affreux !

  2. Tout cela va de pair avec la montée de la violence, l’abaissement du niveau scolaire, la dégradation générale des services publics, le jemenfoutisme généralisé, l’affaissement diplomatique de la France, la dégradation des finances, la médiocrité croissante du cinéma français, le massacre de la langue française, la vulgarité et l’arrogance érigées en vertus managériales (jusqu’au plus haut niveau de l’Etat) , etc, etc, etc
    Il n’y a que les Joffrin pour expliquer qu’il n’y a pas de déclin « culturel ».
    Les causes : L’idéologie « mai 68 » : gauchisme (pétaradant), laxisme, individualisme, « j’y ai droit », « j’ai le droit de » et « je vous emmerde » et « si je ne suis pas d’accord avec vous c’est que vous êtes d’extrême droate ». Les facteurs aggravants : L’UE et son Etat de Droit Soros associé et bien évidemment l’immigration massive, massivement islamique, .

  3. Notre société change, les gens changent, la population change. Les coutumes changent également … et donc les costumes qui vont de pair avec. L’aurait-on oublié ou ferions-nous semblant de l’oublier ? Les baskets, certes, peuvent expliquer certains changements, mais pas que. Je vois souvent des commerciaux dans ma profession, en tenue très décontractée, jeans, baskets, chemise ouverte, parfois ça tient plus de la panoplie du touriste que celle du VRP censé représenter une société auprès d’un client. D’autres plus soignés (cela existe encore !) arborent des souliers de qualité … dans un état déplorable. Par ailleurs comment ne pas voir les tenues plus « exotiques » ? Aujourd’hui dans les quartiers beaucoup de gens trainent leurs savates, souvent pieds nus, même en décembre. La claquette piscine a détrôné le derby et le Richelieu en France dans de nombreux endroits … alors, pour le cirage, autant ne plus y penser.

  4. 80 ans, retraitée depuis 15 ans, je m’habille, me chausse correctement, me maquille et fait mon brushing tous les jours……………

  5. Bien se vêtir est une marque de respect envers les autres. Qu’attendre d’une société ou l’individualisme est roi. Pour ma part, je reste fidèle à l’éducation reçue dans ma jeunesse où ne pouvions sortir qu’en étant correctement habillés et où le cirage des chaussures faisait parti d’un rituel.

  6. Tout à fait, à l’image de notre société, plus aucune classe, la décadence est la nouvelle mode, les soixante-huitards nous ont laissé une descendance à leur image.

  7. D’où la mention « police » sur l’uniforme (?) du policier, sinon on de discerne pas ce que représente le gars (ou la gamine). Idem pour « médecin », sapeur-pompier », et autres. J’ai connu le conducteur d’autobus en chemise cravatte et képi, c’est ce qui me déroute dans doute….

  8. Symbole d’une société décadente le goût du beau disparaît avec le reste !
    J’ai souris en voyant Julien Dray à peu près correctement habillé arborer une paire de baskets émaillées de vert et de rouge : désopilant.
    Mais outre les chaussures, les chaussettes c’est pas mal non plus… roses, rouges, vertes, etc…
    Si l’habit ne fait pas le moine il participe à faire respecter l’homme…

  9. Cela fait partie du système actuel qui est de tout détruire. Je porte, et je n’en suis pas désolée, des chaussures cirées.

  10. la France pays de la  » Haute couture » !! regarder comment les gens sont fagotés dans la rue et partout…. affligeant, jeunes ou vieux, tout le monde arbore des tenues  » relaxe », type sweat, parka, jean ( de préférence troué),chaussures type basket ( made in China), mais  » de marque » , filles ou garçons partout la même silhouette débraillée, inélégante, le plus souvent dans des coloris sombres ( comme l’époque), des coiffures imporbables, des coupes de cheveux
    limite tribale, quand aux tatouages…. alors là c’est un festival permanent qui comme le reste va vieillir… MAL !
    Vous ajoutez à çà les trottinettes de bobos, l’Iphone extension de la main, et vous avez un défilé de dissonances visuelles qui jamais ne retiennent le regard, tellement c’est ininteressant !
    D’ailleurs si vous allez à la sorties des écoles, même les écoles maternelles, à part la frimousse des petits, on voit bien que le coté  » débraillé » , pas coiffé, fait déjà recette à 75%, ce qui est en quelque sorte les prémisses de l’absence éducative.

  11. Je ne suis pas aussi pessimiste que vous. L’abandon de la cravate a permis d’échapper ,enfin à, l’affichage d’un mauvais goût certain.
    Quant aux chaussures, la disparition de Kiwi est certes la conséquence de la généralisation des baskets, mais certainement pas la fin des beaux souliers.
    Les bottiers de luxe se multiplient et prospères. Et les fabricants de cirages de haut de gamme destinés à ces souliers de qualité vont bien.

    Bref, le bon goût ne se banalise pas plus aujourd’hui qu’hier.

  12. Que les gens sont moches dans les rues c’est d’une tristesse affligeante …
    Dieu merci dans ma famille jolies chaussures élégantes et cirées sont encore de mise …

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