Cet été, je visite la France !
Entre inquiétudes sur la situation sanitaire et incertitudes sur les dates « progressives » de déconfinement, mais aussi par prise de conscience écologique quant aux limites de la mondialisation dite heureuse, les spécialistes sont formels : le tourisme, cet été, sera patriotique ou ne sera pas. Cocorico ! Moins superficiel et plus authentique, privilégiant le prochain au lointain, il permettra de (re)découvrir les merveilles patrimoniales aussi riches qu’exceptionnelles qu’offre notre pays. À cette occasion, la rédaction de Boulevard Voltaire vous proposera, chaque week-end, une nouvelle destination pour se réenraciner, au moins virtuellement, en attendant de pouvoir retrouver notre liberté de circuler. Touristes ralentissez et admirez, et surtout laissez-vous charmer par cet « or vert », cette industrie qui crée de l'emploi et ne se délocalise pas. Partez à nos côtés dans ce tour de France des chefs-d'œuvre, à la rencontre de ces amoureux de vieilles pierres qui nous raconteront l'histoire d'une vie en nous transmettant leur passion. À l’image, en quelque sorte, du collectif Patrimoine 2.0 qui lance une vaste campagne de communication sur les réseaux sociaux avec son #CetEtéJeVisiteLaFrance. La start-up Patrivia est membre de ce collectif, nous avons rencontré son cofondateur, Christian Clarke de Dromantin.
Patrivia nous ouvre les portes de 400 sites patrimoniaux en France et en Belgique, en facilitant l’information et la réservation. À l’heure où nos concitoyens devront concentrer davantage leurs vacances dans l’Hexagone, n’est-ce pas une belle intuition ?
Si, absolument ! Nous sommes partis de ce simple constat : nous avons un patrimoine incroyable, des millions de personnes viennent le visiter chaque année, mais malheureusement, il n’existait aucun système de billetterie centralisée. Quand nous avons lancé Patrivia, 99 % des châteaux et des musées n’avaient pas de systèmes de paiement en ligne, alors que 30 % des achats touristiques se font par Internet.
Comment votre start-up traverse-t-elle cette crise sans précédent ?
Tous les sites sont fermés, donc nous avons un chiffre d’affaires proche de zéro. Pour autant, nous préparons l’après-confinement. Notamment dans le cadre du collectif Patrimoine 2.0, que nous avons rejoint, et qui a lancé la campagne #CetEtéJeVisiteLaFrance. On croit souvent que le patrimoine concerne les gens riches dans leur château mais, à l’inverse, ce sont des gens qui se donnent énormément et qui ont des coûts d’entretien considérables. Nous pensons qu’il est important de sensibiliser les Français et les pouvoirs publics au fait que les châteaux souffrent et vont avoir besoin de l’aide de tout le monde. N’oublions pas que le patrimoine est un secteur qui regroupe 500.000 emplois en France, c’est une industrie qui ne se délocalise pas, c’est l’or vert de demain. Le gestionnaire d’un site patrimonial fait vivre localement l’artisan, le bar, l’hôtel, le restaurant… Cela permet de décentraliser le tourisme, mais également de participer à la promotion des territoires, de revitaliser les centres-villes ou les centres-bourgs.
Comment les sites patrimoniaux, essentiellement privés, vivent-ils cette période et survivront-ils à l’après ?
C’est terrible pour eux, car les visites constituent une source de revenus importante. Et aujourd’hui, tout est fermé, donc ils ont très peur. Peur de ne pas pouvoir continuer à entretenir leur château. Aujourd’hui, il faut bien se rendre compte, les personnes qui possèdent un château sont des héros. Un château, c’est un puits sans fond. Or, pour les visites, le prix d’une entrée est, en moyenne, de 7 euros : c’est moins cher qu’une place de cinéma…
Avec la crise, va-t-on privilégier aussi, en matière de tourisme, le prochain au lointain
Effectivement, nous prévoyons un tourisme franco-français. Les vacanciers ne vont pas forcément partir à l’étranger car, d’une part, les compagnies aériennes mettront du temps à se relever et, d’autre part, il y aura la peur du coronavirus. C’est une occasion pour sensibiliser les Français à la découverte de leur pays. Qu’il soit matériel ou immatériel, nous avons la chance de posséder un patrimoine exceptionnel. Tous les 200 kilomètres, le paysage, l’architecture, les traditions changent. Il faut en profiter pour relancer un tourisme local et responsable. C’est une prise de conscience écologique qui va a contrario de la mondialisation : prendre l’avion pour aller à Phuket, cela pollue. Nous ne pouvons pas tenir un double discours en disant que l’écologie, c’est pour les autres.
Vous avez lancé le Pass Patrimoine solo ou duo, envisagez-vous un Pass famille, également ?
Comme je vous le disais, nous avons lancé le Pass Patrimoine en partenariat avec la Fondation du patrimoine et la Mission Stéphane Bern et, depuis, nous ont rejoints la Demeure historique et la Réunion des musées nationaux. Il s’agit d’une offre permettant de visiter, pour 79 euros ou 149 euros, les 400 châteaux et musées en illimité pendant un an. Une offre famille devrait sortir en 2021.
Stéphane Bern, ardent et très médiatique défenseur du patrimoine, vous aide-t-il dans cette mission ?
Nous avons lancé le Pass Patrimoine en lien avec la Fondation du patrimoine et la Mission Stéphane Bern. Il faut le noter, Stéphane Bern a donné de l’espoir à toute une génération d’entrepreneurs du patrimoine. Il se bat comme personne. Il est sur tous les fronts. Il est une source d’inspiration pour nous. Ce qu’il fait est énorme !
Admirer de jolies choses, c’est bon pour le moral ?
La beauté sauvera le monde. Au Canada, les médecins peuvent prescrire des visites de musées, car le beau fait du bien ! Patrivia, à travers le Pass Patrimoine, suit exactement cette démarche de promouvoir le beau. Les Français vont avoir un désir d’aller à la campagne pour aller se ressourcer. Non seulement cela fait du bien mais, en plus, cela aide l’économie locale. Il n’y a rien de mieux que de se balader dans un château, au calme, en profitant de sa beauté, en se cultivant. La culture est très souvent sous-estimée. Pourtant, le patrimoine a un très grand rôle à jouer pour permettre à chacun de s’enrichir culturellement, de redécouvrir son histoire et de prendre racines…
Propos recueillis par Iris Bridier
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