[MEDIAS] Arcom contre Hanouna : C8 contre-attaque !

Pour assurer sa survie, la chaîne privée saisit le Conseil d’État et dénonce « trois injustices profondes ».
hanouna

C’était le 24 juillet dernier. À la surprise générale, l’Arcom décidait de retirer sa fréquence TNT à la chaîne C8, signant ainsi son arrêt de mort. Un véritable séisme dans le paysage audiovisuel français qui fit le bonheur de la gauche politique et médiatique, le service public et Libération en tête. La chaîne privée avait cependant prévenu qu’elle n’en resterait pas là. À la rentrée, Cyril Hanouna avait lui-même annoncé dans son émission TPMP que « de nombreux recours » étaient à l’étude.

C’est ainsi que, deux mois après l’annonce choc, le groupe Canal+, la maison mère de C8, lance officiellement sa contre-attaque. Jeudi 19 septembre, il a annoncé saisir le Conseil d’État pour contester la décision prise par l’Arcom. Son argumentation repose sur « trois injustices profondes » dont il s’estime victime.

Une sanction aux lourdes conséquences

Tout d’abord, C8 dénonce les conséquences sociales graves qu’entraîne la décision de l’ex-CSA. « Des emplois sont en jeu, un écosystème tout entier se trouve menacé », explique la chaîne, évoquant « 300 collaboratrices et collaborateurs, qui œuvrent depuis près de 20 ans à son succès, mais aussi les nombreuses sociétés de production avec lesquelles elle collabore ». Sur X, Pascal Praud a lui aussi rendu hommage à ces professionnels qui risquent de se retrouver sur le carreau d’ici quelques mois.

La deuxième injustice dénoncée par C8 concerne son émission phare, Touche pas à mon poste ! Selon la chaîne, c’est « surtout » en raison de cette émission et de ses « manquements » supposés qu’elle se voit aujourd’hui accablée par l’Arcom. Or, « l'autorité a déjà sanctionné lourdement C8 pour ce motif et rien ne l'autorisait à la réprimer à nouveau », estime C8. Rappelons en effet que le gendarme du PAF lui avait déjà infligé 7,6 millions d'euros d'amendes, ces dernières années, à la suite de séquences jugées déplacées. Il semble que ces sanctions financières record n’aient pas suffi à l’Arcom, regrette le groupe Canal+…

https://twitter.com/CerfiaFR/status/1730354709003640959

C’est d’autant plus injuste, estime Canal, qu’afin d’éviter d’autres dérapages, C8 avait proposé d'instaurer un différé de diffusion de l'émission Touche pas à mon poste ! et que « d'autres engagements auraient pu être négociés ». Cette proposition n'a hélas pas été entendue, déplore le groupe.

Une sanction très politique

La filiale de Vivendi reproche en outre à l'Arcom d'avoir redéfini « à sa guise la notion "d'intérêt du public", qui constitue le critère primordial d'attribution des fréquences ». Canal+ rappelle que C8 a été écartée alors qu'elle se classe pourtant première chaîne de la TNT avec, chaque jour, plus de 9 millions de téléspectateurs cumulés. « Tout laisse à penser qu'un climat d'hostilité envers la chaîne et le type de programmes qu'elle diffuse a régné au sein du collège de l'Arcom, écrit le groupe Canal+. C8 ne peut pas s'accommoder d'un tel manque d'objectivité et d'impartialité. » Le gendarme de l’audiovisuel a manifestement entendu les voix à gauche qui s’inquiètent de la montée en puissance de « l’empire Bolloré » et dénoncent un manque d'indépendance des rédactions vis-à-vis de l’actionnaire breton.

Mais pourquoi donc l’intégrité éditoriale n'est-elle questionnée que dans le cas de Vincent Bolloré et jamais pour les médias détenus par d'autres milliardaires, à l’engagement politique pourtant revendiqué ?

Idem pour le procès en pluralisme. En donnant la parole à tous (gilets jaunes, islamistes, racailles, militants associés à « l’extrême droite »…), C8 a largement participé à une liberté d’expression qui n’existe pas sur la plupart des autres antennes. N’est-ce pas là que réside, précisément, « l’intérêt du public », considèrent de nombreux soutiens de la chaîne, anonymes ou non.

Il revient désormais au Conseil d’État d’en juger. Mais pour le groupe Bolloré, les raisons d’espérer sont minces : l’instance est dominée par des « juges » tout sauf neutres et dont les décisions ont pu choquer par le passé. Ce sont eux qui, en février dernier, avaient intimé à l’Arcom l'ordre de mieux contrôler CNews. De là à penser que l’intérêt véritable du public et du peuple français n’est pas leur sujet…

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

64 commentaires

  1. Sachant que le conseil d’état nomme un juge de l’Arcom… Est-ce que l’objectif de C8 est désormais de conserver coûte que coûte la fréquence ou vise-t-elle plutôt de mener de bataille d’opinion contre l’Arcom, avec pour but que son public le suive sur les canaux de diffusion Canal plus ? Je pense que si le groupe canal lançait un abonnement à 1 euro par mois juste pour avoir C8 dans son bouquet..

  2. Le conseil constitutionnel, c’est beau sur le papier. Mais en réalité ce n’est qu’un conseil composé de redevables à macron. Avec ça, parler de justice serait comme parler de bonne gestion de l’argent public.

  3. Cette affaire, comme les attaques contre CNews, sont scandaleuses. L’association Reporter sans Frontières fait-elle partie de la pléthore d’associations grassement subventionnées par le contribuables français spolié ? Si oui, pour quoi faire ? Y a t’il parfois des contrôles impartiaux quant aux activités de ces associations, innombrables, entretenues par le contribuable ?

    • Pas grassement. Juste 4 millions d’€ de subventions publiques chaque année, soit moins de la moitié de son budget. Une misère, mais avec nos sous.

  4. Il suffirait de mesurer les temps de parole politiques sur la matinale de France Info, pendant 3 ou 4 semaines, pour montrer que la gauche y est deux fois plus présente que la droite ; l’extrême gauche 10 fois plus que « l’extrême droite ». Ceci permettrait de montrer que l’ARCOM NE FAIT PAS son boulot et ne fait que du commissariat politique au service d’une idéologie progressiste, mondialiste et bienpensante.

  5. Et puis, 2) à quoi sert l’ARCOM ? Les organes de presse, les partis ont la capacité de veiller à la qualité des émissions et à l’indépendance du spectre proposé et peuvent ester en justice s’ils jugent qu’il y a malhonnêteté. Le Conseil d’Etat n’a plus d’indépendance et n’a donc plus lieu d’exister ni le conseil constitutionnel da,ns sa forme actuelle avec une majorité de membres d’un bord politique affiché. enfin, 3) lutter contre la fraude – 78 million de cartes vitales pour 67 million de citoyens – des centenaires en pagaille qui vivent à l’étranger, et tant d’autres débordements sans oublier les administratifs dans tous les ministères ou la fonction territoriale car, plus les services sont informatisés, plus il y a de fonctionnaires et moins on a de services. Cherchez l’erreur ! N’oublions pas que si on ne peut renvoyer un fonctionnaire, on peut le muter et il ne peut refuser sa mutation sauf à démissionner… Et ça ouvre alors bien des pistes pour « dégraisser le mamouth ». Dans l’éducation nationale (qui devrait être l’intruction nationale et non l’éducation) combien d’administratifs pour combien d’enseignants ? Diable, que d’économies à faire et ce, sans oublier de supprimer les régimes spéciaux et que chacun paie sa juste part ! Je pense à certaines profession qui ne couvrent pas à leur valeur leur retraite mais viennent piocher dans celles du privé… Voilà quelques réformes qui apporteraient du positif. Les grèves me dira-t-on ? Certes, mais après deux mois sans salaire, ça commencerait sans doute à faire réfléchir et calmer certines ardeurs belliqueuses ! Mais pour ça, il faut un cdertain courage c’est vrai or le premier ministre s’est déjà coucher devant un président en perdition !

  6. Un XXI ème siècle qui se dit « progressiste » et qui ramène à « l’lnquisition » du XII ème !!! A se demander si avoir eu « les Lumières » ça nous a vraiment éclairé ?

  7. Il faut que ce nouveau gouvernement dissolve ces institutions comme l’Arcom, le Conseil Constitutionnel et le Conseil d’état. Ce sont des plaies qui font leurs lois et qui veulent diriger le pays. Non !

  8. Comment sont nommés ces juges?
    Le changement de gouvernement aura t il une influence sur la composition de l’’Arcom?

  9. On cherche des économies ? J’ai des proposidtions à faires 1) supprimer toutes les subventions aux médias, radios, télévisions, presse papier et privatiser tout les secteurs du même pôle. Combien coûte France Télévision ? Combien coûte Radio France ? Combien coûtes les subventions dans la presse ? Les Journaux tels L’humanité, Le Nouvel Obs, Libération, Le Monde ? et tous ces titres ? Combien coûte l’AFP avec sont orientation ? Tout cela est du domaine concurenciel et n’a rien à faire dans le budget de l’Etat sauf, la diffusion internationale comme la BBC Internationale. Mais les budget subiraient une sacré diète.

  10. Les français ont voté pour Macron et approuvé les alliances contre nature ayant élu des députés qui ont installé cette démocrature. Je ris et regarde le feuilleton se dérouler et les français se taire.Ahaha !

  11. « Le premier qui dit la vérité, Il doit être exécuté… » aucun risque donc pour les chaînes publiques ! Dormez bonnes gents en France il ne se passe… rien !

  12. Il serait peut-être temps que le tout nouveau premier ministre remette de l’ordre dans cette pétaudiere gauchiste qu’est devenu l’Arcom et impose à tous une liberté d’expression véritable.

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