Après la crise, les Grecs redécouvrent la nature, leurs îles et les vraies valeurs

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„Es muss weh tun !“ (« Ça doit faire mal ! »), avait annoncé la chancelière de fer, en 2013, en exigeant en quelque sorte « du sang et des larmes » au moment de l’attribution de l’aide européenne à la Grèce. Saignés à blanc, trahis par leurs politicards corrompus ou incompétents - souvent les deux -, les Grecs se sont révoltés et sont descendus dans la rue, manifestant parfois violemment leur désespoir. Athènes brûle, les hommes pleurent, écrivions-nous ici même en 2014…

Huit ans après, Athènes ne brûle plus, mais l'incendie n'est pas éteint... Les pyromanes de Bruxelles et du FMI n'ont pas dit leur dernier mot. Le chômage touche plus d'un tiers de la population, 62 % des jeunes entre 15 et 24 ans sont sans emploi. Leurs aînés retraités ne sont pas mieux lotis : avec moins de 400 euros de retraite, ils cherchent à survivre. Les services sociaux, à l'image de nos Restos du cœur, sont débordés. En Grèce, où la séparation de l’Église et de l’État n'existe pas, l’Église orthodoxe s'est spontanément mobilisée pour venir à la rescousse des services municipaux souvent dévalisés en quelques jours.

Mais tous les Grecs touchés par la crise ne se sont pas résignés à l'aumône. Les plus valides d'entre eux et les chômeurs de plus en plus nombreux délaissent Athènes pour retourner « chez eux », au pays, là où ils sont nés et où ils ont grandi avant de succomber aux sirènes de la capitale. Ils n’y ont pas retrouvé davantage de travail mais, au moins, leur vie reprend un sens. Ils sont revenus sur leur île ou dans leur village, où la vie se réorganise autour de la remise en culture de terres laissées en jachère. Redevenus cultivateurs, maraîchers, éleveurs, ou pêcheurs, ils ont retrouvé les gestes ancestraux de leurs aïeux, se sont réenracinés dans la communauté villageoise. Hors des circuits commerciaux, ils vivent dorénavant de ce que leurs mains produisent, en autarcie totale, loin de ce qui faisait leur vie dans la capitale.

Mon voisin sur l’île de Céphalonie, Lefteris, dont le prénom veut dire « Liberté » en grec, a replanté des vignes, retaillé ses oliviers centenaires, rénové son caïque. Son vin et son huile sont gouleyants à souhait. Plus bio que lui, tu meurs. « C'est un vin qui n'a pas la prétention d'un cru français, explique-t-il, mais c'est celui que buvaient nos aïeux qui sont tous morts centenaires. »

Le soir, les hommes retrouvent le chemin du café, jouent aux cartes et au jacquet. Les femmes tricotent ou brodent avant la veillée. Sur « mon » île, il n’y a pas de faux-semblant, chacun vient tel qu’il est, les mains sont calleuses comme du bois d'olivier, mais la poignée est ferme et sincère, le regard direct et le propos sans détours. Ces gens sont fiers, authentiques et généreux, ils ont retrouvé une saine raison de vivre et en sont presque à remercier Mme Merkel...

La crise, en quelque sorte, leur fait redécouvrir les vraies valeurs : ne pas craindre, ne pas subir, ne pas abandonner, même si la vie insulaire est loin d'être une sinécure.

« Les gens de mon île savent que l’eau est glacée au petit matin, que le poisson se vend mal sur la côte voisine, que ceux qui ont péri en mer n’auront jamais une place au cimetière. Ils savent qu’on ne ruse pas avec le vent, que le courant fait la loi et que la marée mesure le temps », écrivait Jean Mabire dans L’Île du solstice d’hiver. À lire ou à relire de toute urgence, sans modération.

José Meidinger
José Meidinger
Journaliste - Ancien grand reporter à France 3 Alsace, il passe son temps entre l’Alsace et la Grèce.

Vos commentaires

15 commentaires

  1. À quand le réveil des Français pour redécouvrir ce qu’est vraiment notre belle France. Ce ne sera pas facile car l’immigration massive dans notre pays a pris le dessus et les migrants n’en n’ont rien à faire de nos traditions et de la richesse et beauté de notre pays, c’est pourquoi beaucoup de régions en France reviennent de plus en plus à leurs traditions et langue d’origine. Ils ne se sentent plus français dans ce pays qui n’a plus d’identité, noyé dans cette grande …Europe. Vive la France et les Français de bonne volonté.

  2. oui j’ai lu que la Grèce n’était plus sous surveillance européenne , qui elle, disait que ce pays était corrompu ! c’est l’hôpital qui se fout de la charité ! je lisais en son temps que maintenant, la Grèce avait des routes, des hôpitaux ( il y avait des hôpitaux mais des difficultés financières à les faire fonctionner ) ….et nous donc ? alors que nous sommes dans l’UE !! Je me disais alors que la Grèce était ce pays merveilleux , que vous décrivez, AVANT ! avant qu’il ne rentre dans l’UE .. après il y avait des routes, la belle affaire et le port était propriété chinoise ! moins bonne affaire ! Je crois en ces valeurs dont vous parlez, peut être faut il trouver un compromis entre le progrès et la vie ancestrale, mais en tout état de cause c’est aux Grecs de choisir ( sans ,notamment , leur imposer une immigration, chère à l’UE, sinon à quoi aura servi ce ramdam ! ) ..et que faire payer des impôts aux propriétaires de bateaux me parait logiques ..

    • « .et que faire payer des impôts aux propriétaires de bateaux me parait logiques ». Logique toute socialiste, voire marxiste: la seule justification de ces impôts, c’est l’envie (ce salaud est plus riche que moi, quelle injustice!). Bienvenue en socialie!

  3. « Le soir, les hommes retrouvent le chemin du café, jouent aux cartes et au jacquet. Les femmes tricotent ou brodent avant la veillée »
    Euh… une partie de tavli en sirotant un ouzo ou un frappé skéto, je ne dirais pas non. Mais rester à la maison pour tricoter ou broder…

  4. Une fois en guenilles nous aussi reviendrons aux choses simples, telle une feuille menée par le vent le mouton continue sa vie passible en chemin à l’abattoir.
     » Plutôt mourir debout que vivre à genoux  » lointaine expression que peu de gents comprennent aujourd’hui !
    Laisser le monde a ceux qui détruisent les constructions de nos aïeux beau projet d’avenir .

     » Redevenus cultivateurs, maraîchers, éleveurs, ou pêcheurs, ils ont retrouvé les gestes ancestraux de leurs aïeux, se sont réenracinés dans la communauté villageoise. Hors des circuits commerciaux, ils vivent dorénavant de ce que leurs mains produisent, en autarcie totale, loin de ce qui faisait leur vie dans la capitale.  »
    Mais toujours désarmés, avec quoi défendront leurs biens le jour ou le seigneur réclamera  » le cens, la gabelle ou la taille royale voir le tout en semble ?

  5. …ils ne tarderont pas à découvrir les dégâts générés sur leur magnifique nature par un tourisme hétéroclite, du grec hétéro et ça tombe bien, de masse en quête de lieux festifs ensoleillés pas chers et peu policés pour joindre l’utile à l’agréable…

  6. Sans doute pour cela que certains gouvernants cherchent t travaillent sur l’interdiction de jardins potagers…
    En espérant qu’ils ne trouvent pas comment les interdire ou es taxer afin que le potager coûte plus cher qu ce qu’on achète à grands prix (d’Ukraine : non je plaisante!)
    Déjà Jospin y pensait (travail au noir donc non taxé disait il!)

  7. Attention à trop de lyrisme. La Grèce est blessée par les oligarques européens. D’ailleurs cette caste qu’il faudra détruire poursuit son œuvre malfaisante depuis 2020 et dernièrement dans la gestion des relations avec la Russie et les Us.

  8. Qu’attendent les français pour se reprendre en main ,bien sûr la tâche est gigantesque parce depuis 40 ans tout est fait pour les endoctriner en partisans du moindre effort ,civilisation de loisirs ,35 heures et pourquoi pas moins ,pire depuis 2012 puis 2017 ,progressistes mondialistes ne pourront pas réussir leur sabotage ,pourtant bien avancé mais avant , de sombres heures se profilent en raison d’une idéologie « foirée » qui n’a rien à voir avec l’Homme ,mais qui est poussée entretenue par la plus grande partie des médias , portes valises , magnétophones inusables qui ont presque réussit à convaincre une grande partie de la population que seuls les pastèques ,européistes et woks sont dans le vrai alors que les valeurs qu’ils évoquent sont inexistantes ,sans base ,de la poudre aux yeux .

  9. l’Europe et ses technocrates tuent. La libéralisation du marché de l’énergie est un scandale. Sortons de cette Europe qui assassine les peuples et leurs cultures. Débarrassons-nous de notre classe dirigeante corrompue et totalement incompétente.

    • Comment voulez vous qu’elle soit compétente? Elle n’a jamais « travaillée » autrement qu’avec langue, les ampoules aux mains, les bleus de travail et les courbatures ils ne connaissent pas. Par contre manger aux frais de la princesse, ça ils savent faire parfaitement. Et si on commençait simplement à leur faire produire ce qu’ils mangent.

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