Affaire Lemaire : vers l’ordre islamo-libertaire ?

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Un professeur de philosophie, Didier Lemaire, a annoncé sa démission de l’Éducation nationale, après une semaine de polémique sur son compte ainsi que sur ses dires concernant ce qu’il vivrait depuis une vingtaine d’années à Trappes, et, surtout, pour le trop peu de soutiens qu'il a reçus, aussi bien de sa hiérarchie que des dirigeants politiques : un témoignage qui ressemble à tous ceux qui se font sous le manteau, pour ne surtout pas faire de vagues, et, en définitive, ne pas contrarier l’institution, recteurs, inspecteurs et autres experts en couverture administrative.

Tout est, pourtant, décrit et expliqué depuis la parution de l’ouvrage collectif Les Territoires perdus de la République, racisme et sexisme en milieu scolaire, en 2002, les constats restant les mêmes, même dans leur aspect partiel, voire partial. Car ce qu’a dénoncé cet enseignant, tant à travers ses récentes apparitions qu’à travers ses tribunes (depuis 2018), est une réalité sociologique, autrement dit une évidence métapolitique : la salafisation des esprits dans une zone qui n’est plus à défendre, puisqu’occupée par ses commerces, sa milice, ses gourous et ses généraux. Mais chut ! Oublions que « comprendre ce qui est est la tâche de la philosophie, car ce qui est est la raison » (Hegel).

Pire encore, dans la mesure où le brave Lemaire s’est laissé avoir sur deux détails médiatiques : 1) il a récemment adhéré à un parti défendant la laïcité, 2) il a osé affirmer que plus aucun salon de coiffure de la ville n’était mixte ; ce que le maire a habilement contesté, vidéo à l’appui. En effet, Ali Rabeh, un lieutenant du parti de Benoît Hamon (Génération.s), élu de cette commune depuis 2014, est évidemment rompu à l’exercice de la contradiction, essentiellement de mauvaise foi : sur x salons, le poulain de l’ex-député PS des Yvelines est parvenu à recenser quatre établissements coiffant volontiers des dames. Un jeu de dupes qui ne devrait tromper personne, mais rondement bien mené par ce personnage ô combien houellebecquien, qui plus est dans ce décor hitchcockien, où personne n’est à même de voiler son angoisse, y compris Rabeh, acheteur de paix sociale, constituant ainsi l’incarnation parfaite de ce que la gauche sociétale produit de mieux : un militant issu des minorités, assez talentueux pour dissimuler le projet de fond qu’est celui d’imposer un multiculturalisme farouche.

De fait, la réalité actuelle est bel et bien gramscienne, en plus d’être marxienne, puisqu’à présent « ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, mais leur existence culturelle – et non plus seulement sociale – qui détermine leur conscience ». Ou quand le matérialisme dialectique se transforme peu à peu en relativisme apocalyptique. Parce que c’est la terre de Saint Louis, la Jérusalem d’Europe, qui est en train de disparaître : « inclusivité » de notre langue jusqu’à la lie – du genré au racisé, de la féminisation à l’arabisation –, séparation des us et coutumes – tout un chacun se retrouvant sommé de rester dans son couloir –, blanchiment d’argent à tous les étages (selon l’enquête de Frédéric Ploquin, Les narcos français brisent l’omerta) et historiographie indigéniste, si ce n’est du révisionnisme historique. Autant d’éléments emmenant la population française vers un ordre islamo-libertaire ? 

Henri Feng
Henri Feng
Docteur en histoire de la philosophie

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