Distribuer des masques de protection à ses administrés durant le déconfinement n'exclut pas de leur rappeler ô combien leur maire est formidable. De leur dire, comme dans la pub : « Et c'est moi qui l'ai fait ! »

L'aventure du deuxième tour des élections municipales se profilant, François Bayrou aurait, selon Le Canard enchaîné du 13 mai, profité de la généreuse distribution pour se rappeler au souvenir de ses électeurs, avec comme message sous-jacent glissé dans les paquets : « Voyez comme je suis bon ! »

Pour parvenir à cette carte postale électoralo-sanitaire, le très bon maire de Pau aurait réquisitionné (toujours selon Le Canard) une centaine d'employés municipaux pour remplacer les étiquettes des masques reçus de Chine par un mot doux signé de son nom, le tout accompagné de la mention « Tricoté en Béarn ».

Si l'intéressé n'a, pour l'instant, pas réagi, la ville réfute l'accusation, arguant qu'elle n'aurait fait qu'enlever les notices écrites dans un langage incompréhensible. Des hiéroglyphes inintéressants que le Palois aurait pu prendre pour une injure. Convenons que les habitants de Pau qui maîtrisent le mandarin sont assez rares.

Reste le mystère du « Tricoté en Béarn » censé avoir figuré aux alentours du produit. Humour ou réelle intention de simuler le fruit d'un atelier de fabrication installé dans les sous-sols de la mairie ? Ou bien l'électeur allait-il s'imaginer le couple Bayrou tricotant des masques, le soir, au coin du feu ? « C'est lui qui l'a fait ! » allait s'exclamer la population. « Gloire au tricoteur ! » Non. Donc humour. Ou inconscience.

Parmi les mots doux accompagnant la précieuse livraison ont été relevés du « très chaleureusement », du « engagement », une bonne dose d'« amitiés » agrémentée d'un nuage de « civisme ». L'envie d'ajouter « Votez Bayrou » fut forte, mais le fondateur du MoDem a tenu bon. Il ne mangeait pas de pain-là, il n'était qu'un humble tricoteur du Béarn filant la laine chirurgicale de ses doigts de fée au son du flûtiau des bergers… « Bon, ça va, François. Point trop n'en faut », lui souffla un collaborateur.

« Il ne faut pas être naïf. Tout politique essaie de valoriser son action », a confié Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la mairie de Paris, au Canard. François Bayrou restera donc le seul habitant de Pau entièrement démasqué.

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14 mai 2020 à 17:40

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