27 interdictions de manifester ? Les gilets jaunes ont répondu : même pas peur !

Gilets jaunes acte 20

Des chiffres, d'abord, encore et toujours : à Paris, le pouvoir annonce 5.600 manifestants, mais la préfecture de police affirme, en même temps, avoir procédé à 8.053 contrôles préventifs ! On dirait que M. Castaner s'ingénie, chaque samedi, à se ridiculiser un peu plus. Champion du "fake". Et cela, le jour où l'on apprend que l'Élysée, pour défendre Alexandre Benalla, aurait fabriqué de faux montages vidéo.

Et puis, il y avait ces 27 arrêtés d'interdiction de manifester. Les gilets jaunes les ont allègrement bravés. À Bordeaux, ils étaient encore plusieurs milliers, selon Le Monde.

Mais tous les Français savent que la bataille du nombre, Emmanuel Macron l'a perdue, d'abord par ses mensonges, ensuite par le soutien toujours impressionnant de l'opinion. Et comment en irait-il autrement quand les raisons de la colère de novembre sont toujours là, à commencer par le prix des carburants qui dépasse parfois ce qu'il était alors !

Des atmosphères, ensuite : tout le monde s'accorde à dire, comme l'a constaté Didier Maïsto lui-même sur Twitter en rentrant de la manifestation parisienne, qu'elle est restée bon enfant. À Bordeaux, des vidéos montraient l'arrivée, dans le cortège, de groupes de Black Blocs, en toute impunité.

Atmosphère, encore, inquiétante pour le pouvoir, celle-ci, celle que traduisaient ces slogans très ciblés contre Emmanuel Macron et la police. L'AFP rapportait les propos d'un certain Sébastien, 46 ans, préparateur automobile au chômage, venu d’Orléans pour manifester à Paris. « On sera là tant [qu’Emmanuel Macron] n’écoutera pas. » Plus de quatre mois après le début du mouvement, le président de la République n'a pas réussi à perdre son statut de cible. Au contraire, en refusant une solution politique (dissolution, changement de Premier ministre ou démission), en se faisant le seul grand ordonnateur de son grand débat, il n'a fait qu'accroître cette personnalisation de la crise et de la colère.

Plus grave : par son incapacité à rétablir l'ordre, par ses erreurs dans l'usage des forces de police, il dresse une partie du pays – et pas seulement les gilets jaunes « actifs » - contre ces institutions qui recueillaient pourtant la sympathie d'une très forte majorité de la population. C'est potentiellement dangereux pour l'avenir de la cohésion nationale, déjà bien atteinte.

Pour cet acte XX, tout le monde peut pousser un « ouf » de soulagement, le temps d'un samedi printanier. Mais comment ne pas voir que la France est entrée durablement dans une période instable et que rien n'est réglé ?

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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