Deux cas d’euthanasie décidée par le corps médical font l’objet de vives contestations.

Vincent Lambert, victime d’un accident de la route à 32 ans, est, depuis, dans un état de conscience diminuée. Il n’est ni mourant, ni en fin de vie, ni atteint d’une maladie incurable. Il s’endort seul, sans médicaments, le soir, et s’éveille seul, le matin. Il a néanmoins fallu recourir, pour lui, à une alimentation et une hydratation parentérales pour lui éviter des fausses routes qui auraient pu provoquer une embolie pulmonaire fatale, son réflexe de déglutition ayant sinon disparu, du moins considérablement diminué.

Mais son état s’est sensiblement amélioré depuis son accident, tant sur le plan de la conscience que par retour partiel du réflexe de déglutition, ce qui pourrait autoriser la reprise, au moins partielle, d’une hydratation et d’une alimentation par la bouche, et cela, malgré l’arrêt de tous soins de kinésithérapie depuis plusieurs années, et malgré le fait qu’un médecin de l’hôpital avait déjà tenté de le priver d’alimentation et de le déshydrater (cela pendant 31 jours, jusqu’à intervention de la Justice pour faire rétablir la fourniture normale d’aliments et d’eau) : la survie quasi miraculeuse de Vincent après cette terrible épreuve semble indiquer qu’il n’y a pas, chez lui, de volonté de mourir.

Cependant, la Justice a cru bon de conférer la tutelle de Vincent à son épouse qui, appuyée par un neveu de Vincent, ne cesse de réclamer qu'il disparaisse.

Au contraire, les parents de celui-ci, constatant ses progrès, ne cessent de demander qu’il quitte le service de soins palliatifs où tous les soins lui sont refusés pour être accueilli dans un service compétent pour un cas comme le sien, où une place lui est réservée depuis longtemps. Cette demande est appuyée par de nombreux spécialistes. Mais le médecin qui a décidé que la vie de Vincent ne valait pas d’être vécue et qu’il convenait de lui supprimer alimentation et hydratation, les terribles souffrances qu’implique cette suppression étant réduites ou masquées par une sédation profonde terminale, persiste dans sa décision de refuser toute autre solution.

Le cas d’Alfie Evans est très différent de celui de Vincent, puisque ce bébé, né avec une maladie congénitale rare et incurable, ne peut respirer sans assistance et qu’il n’a apparemment aucun moment de conscience ou semi-conscience, mais il n’est pas mourant. Le pape lui-même est intervenu pour demander que l'enfant soit transféré à l’hôpital du Vatican Bambino Gesù, où une place lui est réservée. Mais les médecins qui ont décidé que sa vie ne valait pas la peine d’être vécue et qu’il fallait lui supprimer l’assistance respiratoire indispensable à sa survie persistent dans leur décision. Les médecins spécialistes ont des opinions divergentes sur son cas, certains pensant que son état peut s’améliorer avec les soins appropriés (qui lui ont, jusqu’ici, été refusés), d’autres que ce n’est pas possible.

Ce qui est scandaleux et doit être combattu, c’est la prétention de certains médecins (en France comme en Grande-Bretagne) d’avoir le droit de décider pour des personnes qui ne sont ni mourantes ni malades que leur vie ne vaut pas la peine d’être vécue et qu’il faut donc y mettre fin par une euthanasie, et même d’être les seuls - excluant les proches -, à avoir ce droit. Cette prétention doit être combattue, même dans le cas où leur décision serait justifiée. [ref]Ce qui ne peut être le cas que si, en fait, il y a mort cérébrale définitive et seulement une apparence de vie.[/ref] Et, évidemment, si d’autres avis médicaux autorisés récusent leur diagnostic.

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21 avril 2018 à 22:09

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