Une fois de plus, le débat sur l’immigration n’aura pas lieu !

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Je vous parlais ici même, hier matin, de la relaxe du rappeur dénommé Saïdou – Saïd Zouggagh pour les intimes – par la Cour de cassation, au motif que vouloir « niquer la France » et déclamer sur tous les tons qu’on se « torche avec [ses] symboles écœurants » s’inscrit « dans le contexte d’un débat d’intérêt général ». Cet artiste, a dit la Cour, « entend dénoncer le racisme prêté à la société française, qu’elle aurait hérité de son passé colonialiste ». Et ça, amis lecteurs, c’est un sujet dont on peut débattre.

Si j’insiste, c’est qu’il me semble – mais je me trompe peut-être – que les juges prennent pour un fait établi que les Français sont racistes. Je ne sens pas poindre de doute dans l’énoncé de leur décision ; le débat d’intérêt général consisterait donc à savoir comment il faut soigner les Français de leur maladie honteuse, et non point savoir s’ils sont malades…

Cette décision, ô combien charitable, de notre haute justice a été connue mercredi. C’est le jour qu’avait choisi le Premier ministre Édouard Philippe pour détailler les grands axes de la concertation qui va sortir le pays et ses gilets jaunes de l’ornière.

À l’issue du Conseil des ministres, le gouvernement annonçait donc la mise en place d’une grande concertation de trois mois sur l’ensemble du territoire. Le chef de l’État l’avait dit dans son discours : il s’agit de « construire ce nouveau modèle économique, social, territorial, en apportant des solutions, des méthodes ». Cinq thèmes essentiels ont donc été retenus : la transition écologique, les services publics, l'évolution du débat démocratique, la fiscalité, l'immigration.

Cherchez l’intrus…

Vous avez deviné ? C’est l’immigration, bien sûr. Aussitôt inscrite, aussitôt évacuée : dès jeudi, le Premier ministre passait la marche arrière et déclarait que oui, certes, on en parlerait, mais sans en faire un thème majeur. Contrairement au racisme des Français, l’immigration, on l’a compris, n’est pas un sujet de débat « d’intérêt général ».

Emmanuel Macron avait pourtant lancé la perche dans son allocution du lundi, déclarant : « Je veux aussi que nous mettions d'accord la nation avec elle-même sur ce qu'est son identité profonde, que nous abordions la question de l'immigration. Il nous faut l'affronter. » Même pas peur ! Sauf que…

Sauf que ça a coincé, paraît-il, dès le Conseil des ministres lorsque LA question a été posée : « Quelles sont les attentes et les inquiétudes des Français relatives à l'immigration, dans un contexte de mondialisation et de laïcité parfois bousculée ? »

Ooouuuuhhhhhhh, attention, sujet dangereux ! Pâmoison des syndicats et des partenaires sociaux, frissons dans les rangs de la majorité, urticaire dans l’opposition…

Arriva donc ce qui devait arriver : la question fut retirée.

Le sujet reste à l’ordre du jour, a dit Édouard Philippe, mais « sans prendre la forme d'un thème distinct ». Notez, il n’a pas tort sur le fond car l’immigration est un sujet parfaitement transversal. Je veux dire par là qu’elle imprègne en effet TOUS les sujets. Hélas, je ne suis pas sûre qu’il voie les choses sous cet angle.

Quant à l’identité nationale sur laquelle le président de la République aimerait nous rassembler, on sait ce qu’en font les Saïdou et autre Chekatt… C’est bien pourquoi, une fois de plus, le débat sur l’immigration n’aura pas lieu !

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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