Emmanuel Macron est doué pour faire des constats, mais impuissant à trouver des solutions.

"Nous sommes face à un phénomène migratoire inédit […]. Il y a des conflits géopolitiques, des situations climatiques et une démographie africaine qui est là, une véritable bombe, il faut bien le dire", a-t-il déclaré dimanche soir, citant les études de Stephen Smith. Notre Président aurait pu aussi bien citer Le Camp des Saints, de Jean Raspail, mais il préfère manifestement quelqu’un qui a écrit dans Libération et dans Le Monde à un écrivain prophétique qui s’écarte de la bien-pensance.

Il a aussi parlé des retraites, du vieillissement de la population, du problème de plus en plus crucial de la dépendance, évoquant comme pistes de financement une deuxième journée de solidarité ou la création d’un cinquième risque au sein de la Sécurité sociale. Mais il s’est bien gardé de mentionner un phénomène alarmant, lié à la fois à l’immigration, la dépendance et les retraites : « l’hiver démographique » qui touche la plupart des pays européens.

La semaine dernière, la Fédération des associations familiales catholiques en Europe (FAFCE) a publié une résolution soulignant que seule une politique familiale d’envergure permettrait de lutter contre le vieillissement de l’Europe et qu’il est urgent de prendre à cet égard des initiatives internationales. En France, depuis des décennies, aucun gouvernement n’a voulu en prendre conscience : sous le mandat de François Hollande, le ciblage social et fiscal des familles a largement contribué à la chute de la courbe de natalité et son successeur semble prendre le même chemin.

La FAFCE demande notamment aux dirigeants de l'Union européenne et de ses États membres de "mettre en œuvre une politique qui reconnaisse la place unique, fondamentale et irremplaçable de la famille dans la société" et de "considérer qu'une véritable politique familiale n'est pas qu'un simple soutien social, mais représente une politique tournée vers l'avenir pour le bien commun dans une société vieillissante".

Faut-il s’étonner qu’une Union européenne, animée par le seul objectif de la croissance et des échanges commerciaux, ne se préoccupe guère de politique familiale ? La générosité d’Angela Merkel en matière d’immigration s’explique, en grande partie, par les besoins de main-d’œuvre. Macron n’a pas fait d’objection à ce corollaire de la loi du marché.

Stephen Smith, auquel Macron a fait allusion, envisage deux scénarios : une Europe accueillante, multiculturelle, qui "s'accepterait pleinement comme une terre d'immigration et embrasserait son métissage généralisé". Dans cette hypothèse, les pays européens perdraient, selon lui, leurs avantages sociaux car "l'État social ne s'accommode pas de portes ouvertes, d'où l'absence historique d'une sécurité sociale digne de ce nom aux États-Unis". Autre scénario : celui de « l’Europe forteresse » : il estime qu’à terme, au regard de l’ampleur des déplacements migratoires, "toute tentative sécuritaire est vouée à l’échec".

Dans ces conditions, pour qui n’accepte pas la fatalité de ce dilemme, il est urgent de trouver des solutions qui permettent à l’Europe et à la France de subsister avec leur identité et leur culture. Macron pourrait montrer l’exemple et prendre des initiatives en ce sens. Encore faudrait-il qu’il pensât avec d’autres critères que la seule finance.

Faute de s’en soucier, nos dirigeants participent au suicide de notre civilisation. Sans doute y sont-ils indifférents, tant qu’il y aura des hommes pour produire et pour consommer…

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17 avril 2018 à 16:12

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